Hurler dans les forêts zéro

Il y a quelques années, en publiant Sombre Zéro, Johan Scipion fait partie des initiateurs d’une petite révolution dans le monde du jeu de rôle : le format ultra-court.

Il devient alors possible de faire une partie de jeu de rôle qui dure entre 10 mn et 1/2 h. Aujourd’hui, cela va un peu de soi et beaucoup de jeux le proposent ou le permettent, on trouve aussi des conseils génériques dont l’excellent Mener en 30 mn par Kalwrynn. Mais à l’époque, le jeu de rôle c’était a minima des one-shots de 3-4 h, ce qui reléguait notre loisir à la niche des hardcore gamers.

(C) par Thibault Boube

Sombre Zéro est une petite pépite de game design en cela qu’il arrive à condenser et à rendre intuitif le gameplay de Sombre tout en sauvegardant ses caractéristiques essentielles, dont la létalité des combats. Lors du premier article consacré à Sombre Zéro, on eût pu craindre de perdre en roleplay et en possibilités ludiques, mais les articles suivants ont prouvé le contraire.

Ce qui m’a séduit le plus, ce furent les scénarios ultra-denses aussi riches en possibilités tactiques que le temps de jeu limité le permettait (le scénario Toy Scary est ébouriffant de profondeur en la matière), et la réduction de la feuille de personnage à une simple tuile de 4 cm sur 4, au désign malin qui trahit le goût de Johan Scipion pour les jeux de cartes à collectionner : le symbole du dé au milieu pour rappeler le niveau du personnage, la tagline qui condense tout, et surtout l’emploi des coins de la tuile à la fois pour garder trace du niveau de santé du personnage et pour gérer les capacités spéciales des PJ et des PNJ. Le format tuile était conservé pour représenter le plan de l’action, souvent unique.

(C) par Thibault Boube

Tout ça donnait envie de s’amuser, et ce fut assez naturellement que j’élaborai mes propres scénarios pour Sombre Zéro appliqués à l’univers forestier de Millevaux, qui s’avérèrent parfaits pour faire des démos sur un bout de stand lors des conventions.

Comme je suis un assez piètre dessinateur de plan (ou plutôt un flemmard), j’ai repris à mon compte le principe des tuiles-plans en le mixant avec le concept des marelles présenté dans Millevaux Sombre : les tuiles représentant alors des zones de combat abstraites, qui à mon sens sont suffisantes pour se repérer dans l’espace.

Je reviens sur le principal mérite de Sombre Zéro : te faire comprendre qu’il faut aller à l’essentiel.

Parmi les six scénarios que je propose dans ce recueil Hurler dans les forêts zéro, deux sont initialement des scénarios que j’avais joué avec les règles de L’Appel de Cthulhu : il s’agit de Cromlech et de Sheitan & Haschichins.

Et bien, croyez-le ou non, on ne perd rien de l’intérêt en passant sous Sombre Zéro. Preuve en est qu’une feuille avec une cinquantaine de caractéristiques et de compétences et une liste d’une quinzaine d’équipements n’a guère plus d’intérêt ludique qu’une tuile qui se contente d’un nom, d’une tagline et d’un Trait : les possibilités de roleplay et de jeu tactique se sont avérées tout aussi riches, le superflu en moins. Idem pour les PNJ évidemment, un niveau et une capacité spéciale se substituant efficacement aux stats blocs gourmands de L’Appel de Cthulhu.

(C) par Thibault Boube

Vous avez un peu de tous les formats et de toutes les expérimentations à l’intérieur d’Hurler dans les forêts zéro. Un Tramway nommé Martyre, Le Trésor du Vorgne et Un Pastaga pour l’éternité sont des formats courts de quinze à trente minutes, nerveux et tactiques. Barbaque !, Cromlech et Sheitan & Haschichins sont des scénarios à ambiance (avec des défis épineux) qui vous occuperont une à deux heures chacun.

Le recueil est aussi l’occasion d’un voyage dans les contrées les plus exotiques et dangereuses de Millevaux : Cromlech vous amènera dans l’Archipel d’Écosse, Barbaque ! sur les routes défoncées de la Voie Déchue, Sheitan & Haschischins à travers tout le Sahara… et Un Pastaga pour l’Éternité dans les rues désertes du vieux port de Marseille 🙂

Il y a de l’aventure à la limite de l’héroïsme sacrificiel, des tranches de vie, et bien sûr de l’horreur avec des créatures dégueulasses et stupidement agressives, des machinations lovecraftiennes et de la misère humaine.

(C) par Thibault Boube

Et pour finir, il y a les lithographies troublantes de Thibault Boube, qui marquèrent notre première collaboration, car oui, figurez-vous, ce recueil est un texte fort ancien. L’entrée virevoltante dans la vie d’auteur à temps plein et ma manie d’empiler les nouveaux projets m’empêchèrent d’y mettre la dernière main après sa rédaction initiale qui date d’il y a quatre ans. Il me semble pourtant que le recueil n’a pas pris une ride et vous promet quelques heures d’effroi et de prise de tête dans la forêt déglinguos de Millevaux.

Cet ouvrage, deuxième livre de la sous-gamme Millevaux Sombre, complète la cohorte de scénarios déjà publiés (deux dans le livre source et cinq autres sous forme de PDF) mais c’est aussi un avant-goût. J’ai encore trois scénarios Millevaux Sombre sous le bras (Transilvanian Hunger, Les Maîtres du Vieux Château et Rottendam !) et un jour ils seront vôtres, promis.

Alors, qu’attendez vous pour hurler dans les forêts zéro ?

Formats

Extraits

Version livre

Version PDF illustrée

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