Nous avons un attachement particulier à cet épisode, et même si vous n’avez pas suivi toute la série, nous vous en recommandons l’écoute. Nous faisons quelques crochets par le monde extérieur où diverses personnes nous livrent leur rapport avec leurs personnages, puis nous abordons la notion de jeu intérieur et concluons avec la façon dont notre rapport au personnage s’inscrit dans le jeu collectif.
Avec Sélène Tonon. Un grand merci à elle pour sa participation !
Formats
Mraz Center for the Performing Arts, cc-by-nc, sur flickr.com
Crédits samples :
+ Donjon et Dragon, émission TV de la série Strip-Tease
+ Lucie Choupaut, podcast Les joueureuses de GN sont des artistes ou comment j’ai retrouvé ma puissance
Liste des podcasts de la série
#1 (le personnage existe-t-il ? ; face à l’immersion ; face à l’adversité)
#2 (face à notre propre intimité)
#3 (suis-je le personnage ou non 1)
#4 (suis-je le personnage ou non 2 ; face au partage des autorités narratives)
#5 (se jouer soi-même… ou pas ; jouer avec la tête ou avec les tripes)
#6 (Différence et proximité par rapport à son personnage ; Face aux mécaniques 1)
#7 (Face aux mécaniques 2 ; jeu à secrets et jeu en transparence)
#8 (le jeu intérieur ; le rapport au collectif)
Plan / Biblio
Pendant ce temps sur le net
+ << Qui est Cindy Sherman ? L’artiste Cindy Sherman est ce qu’elle n’est pas, et ce qu’elle n’est pas change avec chacune de ses nouvelles photographies. Dans ses mises en scène, elle endosse une multitude de rôles féminins [et masculins, note de Thomas]. Grâce à un art consommé du déguisement et de l’éclairage, elle devient tour à tour une étudiante exubérante, une vedette de cinéma, une femme d’intérieur ou un clown. En exagérant des images de la femme souvent stéréotypées et leur apparente interchangeabilité, elle suggère que toute identité est une construction. Sherman réalise les séries Bus Riders et Murder Mystery People en 1976 juste après avoir obtenu son diplôme. Son don de l’observation et ses talents d’actrice lui ont permis de représenter un large éventail de personnages, dont elle incarne parfaitement les expressions et attitudes, même si le cordon de déclenchement indique à chaque fois le caractère artificiel de la situation et révèle que ces photographies sont des autoportraits. Dans ses célèbres Untitled Film Stills, réalisées entre 1977 et 1979, le sentiment d’insécurité qui affleure interroge sur le caractère réel ou non de ce qui semble être des photos de plateau. L’exposition Dancing with Myself fait dialoguer ces oeuvres avec un grand ensemble de pièces très récentes (2016) où Cindy Sherman joue le rôle de femmes vieillissantes inspirées de stars du cinéma muet. Aux dimensions réduites, au noir et blanc, au caractère bricolé des images des années 1970 répondent ici la grandeur des formats, la somptuosité des tirages, la sophistication des décors… dans une même démarche de critique des stéréotypes du genre et de la notion d’individu.
“J’ai l’impression d’être toujours anonyme. Ce n’est jamais moi que je vois dans les images. Je disparais complètement.” >>
Extrait du texte de présentation pour l’exposition Dancing with Myself, à la Punta Della Dogana, Venise, 2018
extraits de la série Bus Riders, (C) Cindy Sherman
[mon interprétation : si l’on n’y prend garde, la personne n’existe pas, seul existe le personnage]
+ Témoignage de Lachesis (suite à une dépression post-partum et un épisode de psychose post-partum) :
“La seule chose qui me fait du bien, c’est le jeu de rôle. Durant les parties, je ne suis pas moi. Je ne suis pas maman, je vais bien, je suis jeune et détendue. J’arrive à croire que j’ai des amis. En dehors, c’est l’enfer.”
Retrouvez le reste de son témoignage sur Twitter :
+ << Au-delà des postures, si une joueuse fait de son personnage un doudou ou une Mary Sue, il est prévisible qu’elle refuse de le voir subir le moindre dommage. C’est une façon de jouer qui est bien sûr légitime, mais elle implique que toute la table revoit sa gestion de l’adversité dans le jeu de rôle, et par exemple envisage d’aller vers des jeux héroïques où les personnages ne subissent aucun revers (ou récupèrent très vite de leurs blessures, ou soient immunisés à la mort), ou des jeux contemplatifs où les personnages ne rencontrent aucune adversité qui puisse leur nuire en profondeur. >>
Thomas Munier, Blessures et Souffrances
+ Question en debriefing : « qu’est-ce que vous avez mis de vous dans votre personnage ? », dans Youtube, OpenJidérie : La vie de l’absent, retour d’XP
Face à l’intériorité du personnage
+ On n’a pas toujours une bonne perception de son personnage, par ex le joueur qui ne comprend pas pourquoi telle PNJ lui tourne autour, et qui relisant sa fiche, se rappelle qu’il a un gros score en charisme
OPENJidérie, RPG a Day 1
+ Le jeu intérieur (cf certains jeux comme Inflorenza, Innommable ou Le Témoignage, ou le confessionnal à Inspectres amènent à le montrer)
- verbaliser le jeu intérieur pour provoquer l’empathie (cf communication non-violente)
- Grant Howitt : « ton personnage n’existe pas si tu ne parles pas »
Grant Howitt, 11 manières d’être un meilleur joueur de jeu de rôle, sur PTGPTB
- On peut aussi trouver précieux de taire les émotions de son personnage, de les garder pour soi.
- Gérer la dissonance ludonarrative dans Bioshock Infinite par le jeu intérieur (le personnage luttant mentalement contre sa destinée de tueur)
- Vivre intensément le jeu, travailler son immersion comme dans le jdr épistolaire De Profundis ou le GN solo La lettre de Lille Clairence ou les jeux à expérience de pensée, le placard à immersion
Je m’immerge beaucoup dans le personnage avant la partie, ce qui me rend plus facile le mode auteur
Podcast Les Voix d’Altaride : L’immersion
Gherhartd Sildoenfein : « les immersions sont des compétences »
Doc Dandy : Octohangover, retour sur la grande-messe du jeu lyonnais, sur Les Bons Remèdes (retour d’expérience sur le jeu La Lettre)
- La morte amoureuse, nouvelle de Théophile Gautier : “Alors jeune moine d’une cure de campagne, il vit une expérience troublante : le jour il est homme d’église, la nuit il est un jeune seigneur de Venise.” > Le personnage se prend à expérimenter de façon plus intense sa vie rêvée de prince débauché à Venise, tant et si bien s’il se demande si ce n’est pas sa vie de curé de campagne qui est un rêve. La présence, dans les deux réalités, de la même personne (Clarimonde) ne rend que plus sensoriel / personnel la confusion consentie entre les deux mondes. Peut-on préférer la vie de son personnage à la sienne ? A-t-on droit à un bovarisme rôliste ?
Thomas Munier, les droits de la joueuse, sur Courants Alternatifs
Face au collectif des joueuses
Chaque joueuse se vit comme étant le personnage principal de l’histoire, sorte de truc impossible avant le petit dej’ appliqué aux joueuses plutôt qu’au MJ
MJ Young : Le truc impossible avant le petit dej’, sur PTGPTB
Osmose de groupe : le besoin que les joueuses aient toutes un rapport proche avec le personnage ou au contraire toutes un rapport distancié
Thomas Munier, Podcast Outsider : Les Osmoses de groupe
Est-ce qu’on est souverain sur son attitude ou est-ce que c’est à remettre au groupe ?
Conclusion
Quels sont les cas où certaines attitudes ne sont pas pertinentes (peuvent nuire à la table ou à la joueuse elle-même) ?
La posture comme habileté, être capable de basculer d’une posture à l’autre, voir être capable d’adopter plusieurs postures en simultané (ce qu’il me semble avoir personnellement ressenti lors du GN Millevaux / Ho’oponopono
Le personnage, une (id)entité narrative
Dernières références pour la route :
+ Julien Pouard, L’appropriation d’un personnage par un joueur de jeu de rôle, conférence au Colloque universitaire “jeu de rôle, engagements et résistances”, Villetaneuse, 2017
+ “Le personnage est un substrat, une entité syntaxique minimale qui fait sens des éléments qu’on lui apporte et produit elle-même des significations nouvelles, de la même façon que la grammaire est le squelette selon lequel une phrase parvient à exprimer du sens à partir d’éléments aussi disparates que les mots. Si l’on admet cette analogie comme heuristique, « laisser faire » son personnage revient à cesser de chercher ses mots ou d’hésiter sur la façon de construire une phrase, comme il arrive quand on tente de s’exprimer dans une langue qu’on maîtrise peu, mais à simplement parler. L’implication la plus intense dans le jeu advient lorsque le joueur, pour ainsi dire, abdique sa réflexion et cède à l’impératif de l’action.”
Axelle Cazeneuve, mémoire Identité alternée, réalité partagée
+ Frédéric Sintes, Mode auteur et plaider pour son personnage, #1, sur Limbic Systems
+ Vivien Féasson, Personnages : quand le « jeu » est un autre, sur Contes et histoires à vivre.
+ Le GN comme expérimentation de soi, podcast par le collectif La Scénaristerie du Petit Peuple
8 commentaires sur “Podcast Outsider N°40 : Game Design Jeu de Rôle : Mon personnage et moi #8”