5 minutes pour survivre

CINQ MINUTES POUR SURVIVRE

Quatre mini-aventures solo de 5 mn chacune jouées avec Nervure pour un micro-shoot de Millevaux qui fait du bien !

(temps de lecture : 6 minutes)

Joué le 18/03/2021

Le jeu principal utilisé : Nervure, un jeu de cartes et de rôle pour explorer la forêt de Millevaux, par Thomas Munier

51048699198_68bc235b09_o.jpg
philatz, cc-by-nc, sur flickr

Le concept :

Je m’inspire ici du jeu solo 5-min-e d’Emily O’heir, qui propose de rédiger en 5 minutes le journal d’un personnage à partir de quelques tirages aléatoires préalable, le journal s’arrêtant parce que le personnage est interrompu.

Je me suis dit que la formule des 5 minutes était extrapolable pour tout jeu solo dont les règles seraient assez légères. Bois-Saule n’était donc pas un bon candidat, mais Nervure tout à fait.

J’ai donc enchaîné quatre parties de 5 minutes, en changeant chaque fois de personnage.

L’idée, c’est que je vais sur les tables aléatoires de Nervure, je tire au préalable une musique, un portrait, un nom, et 5 éléments tirés sur des tables au hasard (grâce à cette table). Ensuite, je lance un chrono de 5 minutes pour écrire mon solo. Je me garde la possibilité au cours de ces 5 minutes de trancher une indécision par un tirage de résolution.

L’expérience a été assez concluante, c’est très sympa pour avoir son petit shoot de Millevaux, et je me dis aussi que ces personnages pourraient être d’excellents figurants pour des parties à venir !

Partie I : Amnesia

50910893153_846e3191a3_o.jpg
Below, par Monachus, un post-hardcore bien lourd et psychédélique, pour des cultes aux dieux-lianes et à leurs potions révélatrices des forêts inférieures.

Mon personnage :
50396932666_ec62f52e8c_o.jpg

Nom : Amnesia

Tirages :
1 Vagues de pourrissement.
50396932826_af1daa6518_o.jpg
3 Le Cypher est une formule magique suprême, une sorte de synthèse même du concept d’égrégore, qui accorderait une grande compréhension et un grand pouvoir. Il y aurait un
Cypher Blanc (bénéfique) et un Cypher Noir (maléfique).
4 Quel est le type de foi le plus étrange que vous ayez rencontré ?
5 Vague de silence.

Voilà des mois que je combats les vagues de pourrissement. J’étouffe dans ma combinaison de cuir à bec de corbin. Je n’arrive pas à m’y habituer.
Et voilà que je rencontre ce type au milieu des branches qui s’effritent et des nuages de spores. Il a un costard impeccable, un sourire Colgate garni d’un appareil dentaire qui fait tâche. Les cheveux bien gominés et tout.

Il me fait : « Bonjour, je voudrais vous parler de Jésus-Cuit.
– Vous êtes taré de rester dans cette zone sans combinaison. Vous allez vous décomposer sur place et aucun Jésus ne vous viendra en aide.
– Mais Jésus peut tout. Il me parle. La décomposition nous appelle tous. Et c’est dans ce grand délitement que nous allons rencontrer notre sauveur. J’accueille sa manne putride comme une bénédiction.
– Vous approchez pas de moi. »

C’est bizarre, d’ordinaire c’est moi qui fait flipper les gens, mais là ce type m’a vraiment mis les glandes. Il s’approchait de moi, comme s’il voulait me serrer la main, ou tout autre geste pas du tout barrière.

Franchement là, j’avais mon lance-flamme et j’ai hésité à lui en mettre un petit coup.

Bon, en vrai, j’ai essayé.

Son corps s’est retrouvé environné d’un brasier et ce crétin a continuer à avancer vers moi :
« Les flammes de l’enfer ne peuvent rien pour les justes. »

J’ai pris mes jambes à mon cou. Je crois que j’ai jamais couru assez vite.

Après, ça a été le silence.

Partie II : Ragondingue

50396245613_4d677a7c3d_o.jpg
Ragondingue

30024949556_b017d35fd1_q.jpg
Flykt, par Forndom, du dark folk éthéré et paganiste au cœur des forêts glaciales du Grand Nord.

1 C’est un échec : vous ratez ce que vous visiez, ni plus ni moins.
2 Malmarais
3 Écouter le concert des bêtes nocturnes.
4 Visibilité réduite.
5 Que peut-on entendre quand on écoute les réseaux de racines des arbres ?

Je suis Ragondingue, le sauvageon. J’avance dans la purée de pois. Entre les mains des fougères et les fils de brume, on n’y voit presque rien. Le soleil s’est fait presser comme une agrume, il n’y a presque plus de jus dans l’air. J’avance dans les limons de Malmarais. J’écoute le concert des bêtes nocturnes qui s’éveillent : hiboux, renards, et autres créatures. Je frissonne à la fois de peur et de fascination.

Je m’allonge sur le sol. Je suis couvert d’humus et de saletés diverses. Je m’y sens en sécurité. Je suis aussi couvert de sang, je ne ne me rappelle pas de qui. Je crois que je vais trouver ici ce que je cherche. Une révélation, quelque chose qui me conduira encore plus loin sur la voie du sauvage, qui me fera éclore tel que je suis vraiment.

Je fouaille le sol grenu de mes ongles, je le hume et je le goutte. Des vermines glissent sur mes doigts. Je les accueille comme frères et sœurs. Enfin, j’en trouve une. Une racine. Je l’extrais doucement de la litière de matière morte qui l’arbitre, je la caresse, je la nettoie.

Et je la mets dans mon oreille pour entendre la voix des arbres.

C’était une très mauvaise idée.

Partie 3 : Huldegarde

50911714507_9a68c6b46c_o.jpg
Dommedagsnatt, par Thorr’s Hammer, l’apocalypse doom metal avec le chant féminin le plus guttural de tous les temps.

50396242718_66e713efb4_o.jpg
Huldegarde

1 Feuilles mortes, branches mortes, arbres morts
2 On raconte que Jésus arpente Millevaux, marchant sur les marais et multipliant les pains de moisissure.
3 Comment ça elles sont moches mes fringues ?
4 Gui
5 Un homme avec une peau de hérisson, il sait comment rompre l’enchantement (toutes les nuits il pose sa peau de hérisson au sol, et il faut la brûler dans le feu) mais ne le révélera qu’aux justes. Les fourbes, il les meurtrira de ses piquants.

Je m’appelle Huldegarde. Dans le village, tout le monde me trouve grosse et moche, et comme j’ai pas peur de me salir, on m’envoie dans la forêt ramasser les déchets.

Je suis donc là à patauger dans les ordures. La forêt est en train de crever à cause de la pollution. Feuilles mortes, branches mortes, arbres morts.

Voilà-t-y pas que je rencontre un homme-hérisson qui sort des buissons sous les sacs plastiques pourris. Il me dit : « Je suis un prince, je suis victime d’un mauvais enchantement, si tu m’aides à redevenir humain, tu pourras m’épouser ! »
« Dis donc, mon canard, tu penses que je te juge sur ton physique ? »
Je lui ai sauté dessus et on a fait l’amour dans les buissons. Cela me dérange pas qu’il pique un peu.

Après j’ai rencontré un drôle de type qui marchait pied nus sur la surface du marais. Comme j’en avais assez d’être dérangée, je l’ai chassé à coups de balai.

[résolution : vous agissez de façon vraiment bestiale]

Partie 4 : La Malbossue

(Traumavertissement : possible mort d’enfant, ou meurtre d’enfant)

25224221236_1757420647_o.jpg
Migration, par Buried At Sea, un mare de goudron drone sludgecore qui se traîne lourdement à l’infini vers la mort.

50397090627_8541d95afb_o.jpg
La Malbossue

1 Un lieu sacré.
2 Contre quelle invasion faut-il lutter ?
3 Un souvenir où plane une présence.
4 Qu’est-ce qui vous met les larmes aux yeux ?
5 Chimère

Je suis la Malbossue, je suis vieille et plus personne ne se préoccupe de moi. Mais moi, j’ai encore quelqu’un à qui je tiens. Enfin j’avais.

Chimère, ma petite fille…

Je te cherche partout. Je suis là, agenouillée, le front au sol, dans ce lieu sacré envahi par la végétation, et je prie pour te retrouver.

J’explore sans cesse et à cent sous de l’heure le dernier souvenir qu’il me reste de la petite. Je la vois sourire et j’observe ses grands yeux.

Et autour nous, je sens comme une présence.

J’arrive pas à bien m’en rappeler, de la petite, et ça me met les larmes aux yeux.

Je pleure comme la vieille bique que je suis, mes mains fripées dans mes yeux.

Et autour de moi les racines progressent et envahissent le sanctuaire, comme elles ont envahi le reste du monde.

Chimère, je pense à toi, ma petite.

Comme tu riais.

Et comme tu les attirées.

Je comprends que tant que quelqu’un se souviendra de toi, le mal sera dans cette forêt.

Alors je me dis qu’il me faut crever ce souvenir comme on le fait d’un chaton qui aurait la rage.

Mes mains tremblent… C’est dur avec toute mon arthrite d’étrangler un souvenir.

C’est comme si je la tuais à nouveau.

Et je reste seule, effondrée.

[résolution : la personne la moins douée l’emporte]

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s