L’ENFANT-VALISE
Un remake de La Traversée de Paris version Millevaux avec une règle unique : dire oui à tout. Avec un atelier complètement sous acide !
Le jeu : sans règles
Joué le 18/06/17 lors de la Tournée Paris est Millevaux 5
(temps de lecture : 5 minutes)
Paul, cc-by-nc-nd, sur flickr
Personnages : Marco, Janvier, Tas de Bois, Sale Gueule, Mémé Carabine, L’Enfant-Valise
L’histoire :
« Janvier ! » Ce cri résonne dans la forêt, poussé par Marco, un homme buriné et bouffi en même temps. Il porte une valise, il y a un enfant dedans qu’il va vendre avec ses comparses, Janvier et Tas de Bois.
Ils se font arrêter par Sale Gueule, un mutant aux genoux bizarres et Mémé Carabine ; ils semblent convoiter l’enfant.
Tas de Bois se fait tirer dans le bras mais il repousse.
Le bruit fait venir une moissonneuse de la douane.
Janvier veut amadouer le douanier avec un registre mentionnant leurs noms mais ça ne suffit pas.
Sale Gueule donne un coup de coutelas au douanier et Marco lui savate la gueule.
Mémé s’empare de l’enfant et saute dans la moissonneuse. Tas de Bois veut les rattraper mais se fait moissonner le bras.
Dans la ville souterraine de Métro, le marché noir. Foule interlope. Cochons et topinambours.
La réserve d’enfants : il y a des pupitres où des écoliers enchaînés suivent les cours d’une maîtresse à lunettes.
Surgit Sale Gueule qui fait peur à tout le monde. Il appelle son contact Zourk qui dit que Mémé est sûrement à la guilde des voleurs.
Marco propose une collaboration à Sale Gueule.
Mémé Carabine entre dans la guilde des voleurs : la cour des miracles.
Elle va voir un homme à la fine moustache, et demande à voir le Rat : on la conduit jusqu’à un rat géant affalé sur des coussins, qui fume du Haschisch Jaune dans une chicha. Derrière lui, des foetus dans des bocaux de formol.
Elle lui vent l’enfant qui est l’élu de la Pièce.
Le Rat tire une grande bouffée de chicha. Il a une Vision du Roi en Jaune qui monte jusqu’à la pièce.
Enfant est prostré en chien de fusil. Il dégage de l’égrégore.
Marco et les autres arrivent devant la porte cour des miracles, bloquées par des gardes bodybuildés.
Sale gueule prétend qu’il détient l’enfant d’un des gardes. Ce dernier lui montre que ce n’est pas possible : il est castré.
Tas de Bois offre aux gardes du tabac de mémoire.
Sale Gueule ricane car il est vraiment l’enfant du garde.
Marco se dit : « Si j’étais lui, je me rappelerais du jour où j’avais encore des couilles. »
Mouvement de foule dans la cour des miracles. Des tentacules jaunes apparaissent puis se résorbent. L’enfant a disparu.
Mémé Carabine se carapate malgré la demande de Marco de les rejoindre. Il regrette de malmener l’enfant car c’est son fils mais il rêve de quitter Millevaux avec l’argent de la prime. Sale Gueule exerce un chantage avec la flûte des rats taillée dans la dent du rat. Ils évoquent l’idée de faire un enfant mutant (Sale Gueule ne demande qu’à avoir un môme, ce que Marco pourrait lui fournir.)
Le Rat offre un coffre de matériel. Marco prend du saucisson et une hache. Janvier voit plein d’enfants autour de lui – les enfants du registre -, les seuls souvenirs qui lui restent, qu’il espère transformer en autres souvenirs, sans pour autant s’y résoudre car il y est attaché et en même temps, il regrette ses actes. Il pense à la maîtresse qui le regardera enfin quand il ramènera l’enfant-valise.
Tas de Bois montre une bille où on voit une salle de théâtre des Hypogées. Marco partage son saucisson comme un dernier repas.
Le théâtre envahit tout.
Poussiéreux, froid polaire. Lustre couvert de toiles d’araignées. Spectateurs squelettes avec jumelles et programmes. « J’aime pas les théâtreux, tous ces gens qui font des phrases. ». L’enfant est sur scène, terrorisé. Ils se retrouvent sur la scène, leurs corps attachés à des fils de marionnettes.
Entrée de la mère de l’enfant-valise.
« T’as de beaux yeux, tu sais. », lui dit Marco en récitant son texte.
Elle chante un opéra dans une langue inconnue. Les acteurs répètent la scène du début. Le souffleur les engueule. Filaments jaunes.
« Janvier ! »
Commentaires :
Durée : 1h1/4 + 1/2 h debrief
Atelier [on fait une première partie en « oui-non », dans le but de tester les limites] :
Durée 1/2h + 1/4 h debrief
Un homme à tête d’ours, un arbre, une griffe. Des voix qui lui parlent. Il attaque l’Arbre, qui s’avère rempli de sperme. Tremblement de terre, attaque d’abeilles noires à tête d’ours. Une créature lui propose de faire un pacte mais ça lui coûtera son bras.
Flash-back : l’homme rencontre un ours qui lui donne sa tête, il l’embrasse chastement. À la recherche de sa femme, elle est loin.
Retour au temps présent : L’homme s’enfouit sous terre. Sa femme explose sous forme de papillons. Il recherche des photos et des souvenirs de sa femme, trouve une photo et un papillon, il les mange.
Dans le combat contre les abeilles à tête d’ours, un golem de bois invoque une pluie acide qui fait fondre les insectes.
Son oeil fond. Un homme arrive. Des fraises lui poussent sur le crâne. Il en mange et c’est délicieux. Il offre un oeil au golem de bois qui devient un parasite mental.
Le golem de bois se fait blesser, il rampe jusqu’à sa maison.
Il y a son enfant dans un berceau et sa femme morte dans le lit.
L’enfant a des fraises qui lui poussent sur le pied, il les mange, c’est aussi délicieux que douloureux. Le plafond lui tombe dessus et lui écrase le crâne tandis que son père s’accouple avec sa mère morte.
Retours de l’équipe après la partie principale :
A. : On a plus construit cette fois-ci. Moins de descriptions, de magie, de sauvagerie, de mutations. Mais au final ça fait avancer l’histoire et on a abouti à quelque chose qui visuellement avait de la gueule.
R. : Très bonne partie. Les « non » sont pas bloquants ou ressentis comme un mur. Quand j’avance que le fils du vigile a pas de couilles, ce n’est pas interprété comme un refus de jeu, on rebondit dessus.
Ce type de jeu provoque des sensations différentes. J’avais un perso mutant chat, j’attendais rien et quand Eugénie m’a fait arriver en faisant peur, du coup on l’a fait jouer différemment. [réponse d’Eugénie : je l’ai fait parce que c’était intéressant de twister le perso. J’aurais eu peur de faire à l’inverse. Ric : Mais non, car j’aime pas les persos badass.]
E. : J’ai adoré. L’atelier va vraiment avec : on a fait toutes les conneries possibles. On a dit « non » à Thomas plein de fois et du coup la « vraie » partie était cohérente.
Le rat, tout le monde l’a joué et l’a décoré. Les gens se sont emparé des PNJ.
On a eu de l’émotion, des moments drôles.
S. : J’ai vraiment adoré. C’était très cool. Y’avait l’histoire, le décor, l’ambiance, on faisait poper les PNJ, c’était fluide tout en étant un joyeux bordel.
Y’a eu des instants dans la partie ou il y a eu plusieurs conversations. ça me semble crucial de se borner à une seule conversation.
C’était agréable d’agir et de décrire.
C. : C’était très cool. C’était extrêmement focusé, y’a très peu de choses qui ont pas servi. [A. : on a vu le bénéfice de l’atelier. S. : le côté échauffement était bénéfique. E. : par exemple, dans l’atelier, on balance le mot « sperme », comme ça c’est dit, c’est évacué.]
L’esthétique était cool.
C’est difficile de créer un perso à la volée : Tas de Bois était un peu pâle.
R. / E. : C’était plus « non merci » que « non »
Thomas : J’ai « remeublé » Marco avec la vision de l’enfant.
S. : J’ai vraiment apprécié. Avec la question « Janvier », ça m’a invité à un monologue intérieur sur qui j’étais et pourquoi j’accompagnais Marco.
Thomas : En tant que spectateur, j’étais immergé dans l’histoire, c’était rythmé et fluide. Le background forestier a pas trop servi, mais j’étais en plein dans l’ambiance.
S. : difficile dans la partie, c’était d’identifier qule est le personnage qui prononce quelle phrase. Mais les deux phrases suivantes permettaient de se raccrocher.
[On se félicite mutuelllement sur les fils de marionnettes inventés par Clément à la fin, et le « oui » collectif à cette proposition]
E. : dès la première scène, on savait ce que vous vouliez faire.
A. : Je cherchais dans la mythologie de Millevaux les persos que je pouvais refiler.
C. : le mot-clé « non » peut quand même être cassant si tu sais pas comment réagir par dessus
Thomas : Pour mon personnage de Marco et sa tirade « Janvier ! », je me suis inspiré de Jean Gabin dans le film « La traversée de Paris ».
A voir aussi :
Le retour personnel d’Eugénie sur cette partie dans son article Les Ateliers 1 sur le blog JenesuispasMJmais
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