[Dans le mufle des Vosges] 2.La folie du cordelier

LA FOLIE DU CORDELIER

Chose promise, chose due, je continue mon roman Millevaux. Les deux Soeurs exorcistes partent à la rencontre de l’idiot du village coupable de sacrilège.

Joué / écrit le 21/10/2019

Jeu principal utilisé : Les Exorcistes, de Batronoban et Trickytophe (auquel j’ai aussi pas mal contribué avec le texte de l’Apocalypse de Millevaux et tout le chapitre sur la résolution diceless)

Le projet : Dans le mufle des Vosges, un roman-feuilleton Millevaux

N.B. : Les personnages et les faits sont fictifs.

Avertissement : contenu sensible (voir détail après l’image)

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James C Farmer, cc-by-nc-nd, sur flickr

Contenu sensible : mort d’enfant (graphique), cruauté envers les animaux

Passage précédent :
1. Le centre du monde

 

L’histoire :

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Antlia, par Drome, un drone expérimental qui dresse tout un paysage de fermes hantées pour l’éternité.

Le banquet battit ensuite son plein. On jeta un ou deux tocs dans la grande cheminée et la grande salle s’emplit d’une odeur de résine et de suie qui fit du bien aux nerfs et aux corps, si bien que les plus inaptes à la fête finirent manifester l’enthousiasme que la bière de lichen n’avait pas encore réussi à réveiller. Seule la Soeur Marie-des-Eaux gardait cet air renfrogné que seules les personnes comme elles, atteintes de douleurs chroniques, pouvaient affiché, ce renfermement indéridable des traits, cette torture de la chair imprimée dans la face, parce que quand les gens des Voivres trinquaient en l’honneur de l’automne, rejoints par la Soeur Jacqueline qui ne se faisait jamais prier pour partager les instants de convivialité, et bien la Soeur Marie-des-Eaux restait prisonnière de ses os qui lui rentraient dans les organes, elle continuait donc à grincer des dents et ne daignait même pas faire semblant d’être heureuse d’être là.

Elles étaient en bout de table avec Fréchin et l’abbé Houillon, la place d’honneur dos à la cheminée, avec les craquements du bois qui se joignait aux conversations. A l’autre bout, accompagné de sa cour avide de ragots, un homme édenté d’âge canonique, avec des lunettes noires qui lui occupaient tout le visage. On le leur désigna comme l’Oncle Mougeot, une sorte de contre-pouvoir dans le village.

La Bernadette, tout sourire, leur servit le cochon qu’elle venait d’apprêter, il était tout en sauce, et les parts étaient généreuses et Fréchin et l’Abbé Houillon eurent même un bout de la tête et de la cervelle, que le curé s’empressa de vanter comme étant la partie la plus noble du plat, les viandes blanches étant le lot des enfants et des sots. La Soeur Marie-des-Eaux refusa son assiette, et obligea la cuisinière à ne lui servir que des oignons. La Soeur Jacqueline porta la viande à sa bouche avec délice, mais elle n’eut le bonheur que d’une bouchée car la Soeur Marie-des-Eaux planta son Opinel sur la table avec un « N’y touchez pas ! » qui n’aurait supporté aucune réplique.

La Soeur Jacqueline devait se confesser une chose : son novice lui faisait peur. Pour se consoler de ne pouvoir manger plus de cochon, elle en parla :
« D’où vous vient un si beau cochon ?
– C’est un cochon des Soubise, expliqua l’abbé Houillon. Ils l’ont offert en l’honneur de Saint-Constant.
– Et ils sont là les Soubise ?
– Non. Vous savez, ils ne sortent pas beaucoup de leur ferme. C’est la prochaine après l’Auberge.
– Comment ils font pour avoir un tel morceau ?, demanda la Soeur Marie-des-Eaux.
– Alors là, vous m’interrogez sur les mystères de l’élevage. »

Il y eut même du dessert avec de la tarte aux brimbelles qui fit le bonheur de la Soeur Jacqueline et dont Soeur Marie-des-Eaux ne mangea qu’une fourchettée. Et un gars sortit un accordéon tout râpé, on se mit à chanter et à danser. Il y avait des guirlandes de feuilles mortes et de la goutte en l’honneur de l’automne. La Soeur Marie-des-Eaux jetta son verre de goutte dans le feu, mais la Soeur Jacqueline ne se fit pas prier. La mirabelle titrait fort, elle s’empourpra aussitôt, elle se sentait environnée de chaleur à l’intérieur comme à l’extérieur, la gorge lui piquait et la tête lui brûlait. C’était agréable. Il n’y avait pas que des choses terribles dans ce monde.

La Bernadette leur demanda, avec sa voix caractéristique, calme, presque endormie, empreinte de bienveillance :
« Alors comme ça vous venez pour un exorcisme ? »
Ce fut la Soeur Jacqueline qui répondit, car la Soeur Marie-des-Eaux était définitivement dans la bouderie.
« Au départ, oui, nous sommes assermentées pour ça. Mais ça ne sera pas nécessaire. Donc nous profitons de votre hospitalité puis nous repartirons à Saint-Dié. »
A voix basse, la Bernadette conclut : « De toute façon, je crois que vous voyez les choses avec un biais. Il faudra que je vous explique tout ça. »

Un instant d’après, elle dansait avec la Bernadette. La cuisinière avait des yeux plissés derrière ces lunettes, elle avait un sourire qui était taillé pour accueillir les étrangers. Et elle invitait la Soeur Jacqueline dans son rythme.

La Soeur Marie-des-Eaux était économe sur toutes les ressources du groupe, mais faisait une exception avec les bougies. Ce soir encore, dans la petite chambre dans les combles que la Bernadette leur avait douillettement installée, elle maintint l’éclairage jusque fort tard pour tenir à jour son carnet.

Tout en tâchant de trouver le sommeil, la Soeur Jacqueline la regardait noircir les pages de ses pattes de mouches, une écriture serrée, les mots soudés les uns aux autres et recroquevillées dans une forme d’écriture cryptique, presque larvaire, conçue pour faire durer les carnets le plus longtemps possible et rester hermétique à la lecture des curieux.
« Quelle importance ?, songea la Soeur Jacqueline. Si le petit venait à disparaître, personne ne pourra rien comprendre au charabia de son journal et savoir ce qui lui est arrivé. Lui-même, est-il seulement capable de se relire ? »

Au petit matin, la Soeur Jacqueline mangeait en douce du saucisson offert par la cuisinière, quand elle vit le novice descendre l’escalier, tout équipé. Elle repoussa son assiette vite fait.

« On va quand même aller faire un tour voir Basile. Juste pour avoir sa version des faits. C’est bien au lieu-dit Le Chaudron qu’il habite ?
– Oui, fit la Bernadette.
– Et pourquoi ça s’appelle Le Chaudron ?
– ça, c’est juste des légendes locales. », conclut-elle avec un regard appuyé vers la Soeur Jacqueline.

L’abbé Houillon trouva inutile de les accompagner. A vol d’oiseau, le Chaudron était tout proche et par ailleurs les soeurs choisirent de couper au plus droit en évitant les sentiers communaux, mais la forêt était si épaisse que la traversée prit un temps conséquent. C’était de la pente et des talus, le sol glissant bourré de lombrics et l’ombre des épicéas, et l’âne Maurice renâclait à progresser, démontrant à nouveau sa haine proverbiale du hors-piste. Il ne pleuvait presque plus mais les aiguilles charriaient la flotte de la veille, si bien qu’elles étaient tout autant puisées. Il y avait peu de marques de coupe sur les arbres, apparemment l’activité forestière était moins développée que dans les Hautes-Vosges, à croire que les gens des Voivres se terraient dans la grand-rue et n’en sortaient point. Et à se demander si les animaux étaient à l’avenant, car on n’entendait que le coucou.

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Death will someday set you free, par Ghostly Graves, du folk occulte pour western fantôme.

Elles arrivèrent dans un verger de mirabelliers qui menaçait de se faire engloutir. Une dizaine d’arbres noircis, tordus et souffreteux qui correspondaient à ce que la Bernadette leur avait indiqué comme point de repère (bien qu’elle les eut aussi déconseillé d’éviter les chemins communaux). Il y avait des fruits pourris et des chiures d’animaux aux pieds.
« Il faut descendre comme ça à peu près de biais et ce sera la deuxième ferme. », annonça la Soeur Jacqueline. Puis elle déglutit avec peine. Les grognements qui venaient dans son dos lui avaient coupé le sifflet. La Soeur Marie-des-Eaux fourbit son Opinel.

Trois loups, dégueulasses, tous à moitié brûlés, la chair à vif et suppurente (les séquelles d’une attaque de camp ?), les avaient encerclées sans bruit et maintenant s’approchaient. ça se voyait à leur peut museau qu’ils crevaient de faim. Le novice lança son bras armé vers l’une des bêtes mais elle lui attrappa le bras entre ses crocs et s’y accrocha comme une tique à un mollet. La Soeur-Marie-des-Eaux fit abstraction de la douleur, mais elle se retrouvait bloquée comme un con et déjà un deuxième loup arriva dans son dos tandis que le dernier se mit à gueuler d’un air si sinistre que le novice se rendit enfin compte qu’il était temps d’avoir peur. La Soeur Jacqueline tenta de grimper dans un mirabellier, mais les branches pétaient sous son poids et déjà le loup gueulard courait vers sa couenne, et là-dessus la chanoinesse ne savait plus s’il fallait prier le Vieux ou le Diable pour s’en sortir. Le secours lui arriva d’un endroit inattendu : Maurice décocha une ruade au loup gueulard et le bruit de ses côtes cassées rappela en plus gros celui d’une coquille d’oeuf qu’on écrase entre ses doigts. Le loup mutilé pédalait dans la gadoue, tournant sur lui-même et jappant, au supplice. Les deux autres s’enfuirent sans demander leur reste.

La Soeur Marie-des-Eaux se précipita vers leur bête de somme, lui carressant le flanc. « Je crois que tu es l’élément le plus efficace de notre équipe, mon vieux. »

La Soeur Jacqueline était pour qu’on décampe en laissant le loup à son sort. Mais La Soeur Marie-des-Eaux protesta : « Il faut qu’on abrège ses souffrances. » Et le novice se comporta d’une façon que la Soeur Jacqueline détestait, parce que ça la déstabilisait totalement : dans les moments d’action urgente comme celui qui avait précédé, la Soeur Marie-des-Eaux était d’une implacable rapidité, comme il se mouvait dans sa propre unité temporelle. Donc sa déclaration ne souffrait pas la discussion, parce que déjà elle était sur l’animal et son bras avait décrit un arc-de-cercle au-dessus de sa gorge et l’Opinel crachait un flot de sang noir.

D’abord il y eut la douleur du choc mental, comme un réseau de neurones qui explose, mais la douleur était une compagne familière, et après il y eut le flachebacque du loup, et ça, nul ne peut s’y habituer.

Le voilà maintenant dans la peau du loup. L’étrangeté de courir à quatre pattes, les affres spécifiques des grands brûlés, l’exotisme de sa propre odeur, fauve. Là avec sa minuscule meute à épier l’enclos aux cochons. Une immense truie qui lui inspire une sainte terreur, seule une faim tenace l’a incité à venir. La puanteur du lisier.

Et cette femme au visage couvert de croûtes, les cheveux sales collés sur sa peau, couverte d’un manteau de pluie qui cache le reste de son corps. Elle porte un paquet qu’elle s’apprête à jeter aux cochons, et elle voit les loups et finalement c’est à eux qu’elle le jette, comme par – compassion -.
Et dans la peau du loup, il dévore le contenu du paquet sans réfléchir, c’est tendre et chaud. Et puis un bout en tombe alors qu’il se dispute le festin avec les deux autres loups : une tête.

Une tête de bébé.

La Soeur Marie-des-Hauts perd pied et roule dans la pente. Elle s’éclate contre une souche, plante ses mains dans l’humus et vomit tout ce qu’elle peut sortir son estomac, essentiellement le peu d’oignons et de brimbelles qu’elle avait mangé la veille, puis de la bile qui vient lui cramer la gorge.

« Saleté… de flachebacques. »

La Soeur Jacqueline ne lui donne pas vraiment le temps de reprendre ses esprits, elle l’attrappe par le bras et la force à se relever : il faut pas rester là.

Elles arrivent au pied d’un premier corps de ferme, d’un seul bloc, austère, aux murs lépreux et le longent pour atteindre, entre les arbres et le sol marécageux, un étang rempli de prêles – signe qu’elles sont arrivées à la ferme des Thiébaud.

Elles longent la digue étroite. A leur droite, une fontaine couverte, remplie de lentilles d’eaux et d’animalcules blancs qui pourraient bien être des daphnies et qui pourraient bien être autre chose. A la gauche, la maison des Thiébaud, le crépi dégoulinant, avec deux entrées de cave sur les côtés. Devant, l’étable, on entend une ou deux vaches. Derrière, un sentier de gravier conduit aux autres maisons du Chaudron.

Un paysan en pantalon vert est occupé à jeter des choses contre le mur de l’étable. Il se tourne vers elles, il a l’air débonnaire, un teint encore plus couperosé que celui de la Soeur Jacqueline. Il est comme fondant dans ses habits débraillés, il leur adresse un petit sourire et agite la main en guise d’accueil, sans lâcher ce qu’il tient : un chaton éclaté.

« Fallait pas vous déplacer, j’ai rien pour vous recevoir », leur fit la mère Thiébaud une fois qu’elles furent à l’intérieur. La petite vieille, ridée comme pas permis, le menton en galoche, avait mis une casserolle tordue de chicorée à réchauffer sur le poêle dont les émanations noircissaient le mur. Le père Thiébaud était retourné dans son fauteuil et parlait dans le vide.
« Notre Basile a toujours été simple, faut lui pardonner. (Elle rajusta son châle.) Et puis c’est bon, le problème est réglé, y sortira plus, c’est promis. » Elle leur servit leurs tasses de chicorée avec une main tordue par l’arthrose. La Soeur Marie-des-Eaux la regarda avec la sympathie instantanée qui lie les personnes originaires de l’empire des rhumatismes. Il y avait un rameau desséché au-dessus de la bruyante horloge : on était chez des croyants, la foi du charbonnier sans remise en question et sans ostentation.
« Bobi, si Félix est rentré ?, demanda le père.
– Non, pas encore. », fit la mère, l’air un peu inquiet.
Le novice laissa sa consoeur prendre le temps de se réchauffer près du poêle puis demanda :
« Est-ce qu’on peut le voir ? »

L’abbé Houillon avait dit vrai : pour couper court aux craintes du villageois, les Thiébaud avaient enfermé leur fils dans le poulailler et comptaient l’y laisser pour toujours.

C’était une petite dépendance au-dessus de l’entrée de cave, on y voyait guère parce que la fenêtre était couverte d’une vitre de plastique translucide. L’odeur d’ammoniaque était forte et faisait du lieu une sorte de dimension parallèle, qui n’était pas tout à fait notre monde. Il y avait des poules partout dans ce qui avait jadis été une maison d’habitation, dont aujourd’hui les surfaces étaient recouvertes de paille et de déjections. On les invita à monter l’échelle de rondins. Les parents ne pouvaient pas les suivre, de crainte de se casser le cou, et ils verrouillèrent derrière elles.

Il y avait peu de poules sous les combles, mais le coassement incessant venu du palier rappelait l’indignité de la situation. Elles mirent du temps à trouver Basile, vu que le seul oeil-de-boeuf dégageait peu de lumière. Il était recroquevillé, il y avait peu de place pour se tenir debout. Il était en train de tresser une corde avec les mêmes grosses mains qu’ont ici tous les gens du village, et les gens des Vosges en général à cause du labeur. Il leur adressa un sourire plus timide que méfiant. Des cheveux gris et un visage pas méchant. La Soeur Jacqueline pensa qu’il avait peut-être le même âge que lui, et ça lui fit drôle.

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Lashing the Rye, par Harvestman, americana dépressive, sur la superstition paysanne et la grandeur des espaces confinés.

« Y’avait une chatte qui s’était cachée un jour dans ce grenier, fit Basile. Elle était pleine et elle savait qu’on tuerait ses chatons. Alors elle s’est cachée ici. Mais ses chatons ils sont devenus trop grands et elle pouvait plus les nourrir. Un beau jour, la mère elle voit quelque chose tomber de l’oeil de boeuf. C’est la chatte, elle faisait descendre ses chatons. Qu’est-ce qu’ils étaient beaux ! Mais bon ils étaient pleins de puces alors le père y les a claqués contre le mur de l’étable. Mais la chatte elle en avait pas descendu un. Elle l’a descendu plus tard et celui-là on l’a gardé, maintenant il est grand, c’est le chat roux, Félix.
– Vous savez pourquoi on est là ? », demanda la Soeur Jacqueline. La Soeur Marie-des-Eaux la laissait mener les interrogatoires car elle était plus douée avec les gens.
« Parce que j’ai cassé le lustre et le Jésus-cuit, répondit Basile avec un tremblement dans la voix.
– Oui. Pourquoi t’as fait ça ?
– Parce que…
– Parce que t’étais soûl ?
– Parce que c’est des voix dans ma tête… Elles m’ont dit de le faire. »

En fait il leur inspirait de la pitié. Elles lui firent dire un Pater Noster et un Ave Maria et il leur offrit une corde.

« On est vraiment désolés, fit la mère quand ils furent de retour à la cuisine. Il était un peu ficelle, c’est pour ça qu’il est resté avec nous, il aurait pas pu tenir sa propre ferme. Y s’intéressait qu’aux cordes, et pis à tresser des baugeottes. » Elle leur montra quelques uns de ses ouvrages, c’était finement exécuté, et puis il y avait aussi une bombonne à jus de pomme, entourée d’un tressage d’osier de sa main.
« L’ennui, c’est surtout qu’il a cassé le Jésus-Cuit. Du coup ils attendent que le diocèse en rapporte un nouveau, y va sûrement vous demander de faire la commission. Du coup, le Jésus-Cuit cassé, il est dans notre grenier maintenant.
– On peut le voir ?, fit la Soeur Marie-des-Eaux.
– Ah oui, montez, c’est là-haut à droite après l’escalier. Je vous suis pas, j’peux plus monter les marches. »

En haut de l’escalier elles tombèrent sur un palier qui communiquait avec les chambres des Thiébaud et de leurs fils. Il y avait une lampe à huile sur une commode, dont la Soeur Jacqueline s’empara.
Elles poussèrent une porte toute simple que tenait un cale-porte formé d’un boudin de tissu avec une tête de chien. Le pont était saturé par l’odeur des oignons qu’on avait mis à sécher, il y avait des carcasses rouillées d’engins agricoles et des bombonnes de jus de pomme couvertes de poussière. Elles montèrent un escalier de bois des plus instables pour accéder au deuxième étage du grenier. Il y avait des cartons remplis de livres laissés à la crasse et aux moisissures. C’était tentant de s’arrêter pour les consulter, tout ce qui contient de la mémoire nous attire comme le miel pour les mouches, mais ça aurait été inconvenant de s’attarder. La Soeur Marie-des-Eaux s’aventura au fond des greniers. Il n’y avait plus de bois de porte pour accéder à la chambre mansardée du fond. Elle regarda le plancher en premier lieu, car les planches hors d’âge menaçaient de tomber sous son poids, et elle interdit même l’accès à la Soeur Jacqueline, qui pesait deux fois plus lourd qu’elle. Elle sentit un présence, et quand elle se tourna vers la fenêtre, elle sursauta. Car il y avait vraiment quelqu’un !

 

Lexique :

Goutte : liqueur forte, habituellement à la poire où à la mirabelle.
Peut : laid, méchant
Bobi : Interjection
Pont : premier étage d’un grenier, qui communique avec l’extérieur pour faire passer les engins agricoles.

 

Bilan :

On avance à pas de loup dans l’action, mais je suis content de cette mise en place pépère. J’ai beaucoup exploité les idées que j’avais imaginées lors de mon premier brainstorming, mais j’ai un peu plus utilisé le système : j’ai rajouté deux croix sur le chemin de croix (une quand Soeur Marie-des-Eaux a interdit à Soeur Jacqueline de manger de la viande, une quand l’âne les a sortis d’un mauvais), ce qui va leur causer des ennuis dès qu’on rajoutera une troisième croix. J’ai aussi allumé une bougie à cause de la blessure de Soeur Marie des Eaux et j’en allumé deux autres parce que les règles disent de le faire à chaque fois que l’histoire avance. une bougie par session d’écriture me semble donc un minimum.
J’ai aussi été surpris par le résultat. Je n’avais pas imaginé que la Soeur Marie-des-Eaux tuerait le loup mais c’était dans l’enchaînement logique. Et du coup, j’ai amené une règle héritée d’Ecorce : quand on tue quelqu’un, on prend un choc mental (que j’ai décrit comme peu impactant tout simplement parce que la Soeur Marie des Eaux est coriace, mais aussi parce que dans ma tête, c’est l’équivalent de la Tueuse dans Ecorce ; le choc mental ne l’impacte pas.) et on a un flachebacque de la personne qu’on a tué. J’ai tiré sur l’Almanach et ça a amené cette histoire de bébé que j’ai reliée aux Soubise : très pratique parce que ça me surprend et en même temps je fais avancer ma deuxième intrigue.
J’ai prévu une prochaine journée assez pépère mais après il va y avoir de l’action et vu comment les jauges auront monté, ça va faire mal 🙂

 

Jauges communes :

Sainteté : 6
Bougies : 3
Chemin de Croix : 2

 

Feuilles de personnage

Deux Soeurs du Très-Saint-Sauveur (ordre chanoine, couvent à Saint-Dié)

Soeur Jacqueline

Vice :
+ La luxure

Vertu :
+ La prudence

Description physique et personnalité :
Cinquantaine, visage rond et couperosé par la bière de lichen, yeux un peu fixes. Bonne vivante. Assez affectée par l’oubli, n’a pas de souvenir d’avoir jamais quitté le couvent de Saint-Dié

Bref historique :
Il est possible qu’elle ait eu récemment une vie en dehors du couvent. Il est aussi possible qu’elle ait été cloîtrée pour contrer son penchant à la luxure, et qu’on l’ait incité à oublier son passé (onction à l’eau bénite d’oubli ?)

Mots-clefs :
– Soeur Exorciste
– Inspire la confiance
– Cuisinière
– Contemplative
– Intuitions

Lien avec autre PJ :
A sauvé la vie de Soeur Marie des Eaux mais ne s’en souvient pas. Aurait été sa formatrice ou sa compagne d’apprentissage en exorcisme ?

PNJ Favori :
Bernadette, la tenancière du Pont des Fées
Soeur Marie-des-Eaux

Vice :
La colère

Vertu :
La force

Description physique et personnalité :
Jeune, borgne (cache-oeil), cheveux courts, visage androgyne (tout le monde la genre au masculin). Un air de froide détermination. Paranoïaque et violente. A reçu une formation de mémographe et tient un registre de tous ses souvenirs (pattes de mouche)

Bref historique :
A connu une jeunesse très traumatique (elle a notamment aimé un horla, mais celui-ci est mort quand ils se sont embrassés, étonnement c’est la chose qui l’a marqué le plus alors qu’elle a été victime de choses plus violentes), au terme duquel elle a d’abord reçu une formation de mémographe puis de soeur exorciste. En guerre contre les figures du mal. Assez attachée au voeu de chasteté. Fascinée par le texte de l’Apocalypse.

Mots-Clefs :
– Soeur Exorciste
– Opinel
– Mémographe
– Combattante
– Âne

Lien avec autre PJ :
A sauvé la vie de Soeur Jacqueline, s’en rappelle mais ne veut pas lui remettre ça dans les dents. La naïveté de Soeur Jacqueline a failli leur coûter la vie en enfer.

PNJ favori :
Basile, le cordelier (ses cordes sont vecteurs d’égrégore, elles lui ont révélé la statue de Jésus)

 

La suite :

3. Un exorcisme dans le poulailler

Où l’on en apprend plus sur les lunaires habitants du village, et sur les turpitudes morales de nos deux nonnes exorcistes.

3 commentaires sur “[Dans le mufle des Vosges] 2.La folie du cordelier

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