LA MAISON OÙ PERSONNE N’HABITE
Un solo court, et inhabituellement mystérieux et contemplatif, par Damien Lagauzère
(temps de lecture : 2 min)
Joué le 26/12/2019
Le jeu : Home, par Shrinebuilder, un court jeu solo sur la mémoire, la nostalgie et les difficultés familiales.
Univers : la forêt de Millevaux

road less trvled, cc-by-nc
L’histoire :
Ces derniers temps, je suis La Brindille. Je ne sais pas pourquoi on m’appelle comme ça. Je n’ai rien d’une brindille. La vie est rude dans ces bois mais je m’en contente. En fait, je passe le plus clair de mon temps à rêver. Et mes rêves, ces derniers temps, me disent de rentrer chez moi, là où je suis né, là où j’ai grandi. Alors, j’ai pris la route mais… je ne sais pas vraiment pour où.
Pourtant, j’ai des images qui me reviennent… de très très loin. Je vois une maison. D’un côté, cela me remplit de joie mais d’un autre j’ai peur. Que vais-je trouver ? Et pourquoi suis-je parti ?
J’ai marché longtemps et traversé bien des villes, des villages, parfois en ruines. Mais là, je sais que c’est le bon endroit. Ce ne sont pas tant des souvenirs qui remontent que des émotions. Ce ne sont pas des images, ni des sons. Ce sont des sentiments qui ne trompent pas. C’est ici que j’ai grandi, dans ces montagnes. Mon regard se porte sur une grosse araignée filant entre mes jambes et je me demande si j’ai bien fait de venir là.
Plus tard, je marche dans les bois près de la maison où j’ai grandi, méditant sur ce qui m’a attiré à cet endroit. Je me souviens vaguement avoir fait un rêve il y a quelques mois à propos de ces bois, d’une figure et de la maison de mon enfance.
Un rêve m’a dit de venir mais l’éveil me dit de partir. Pourtant, je reste. Je ne parviens pas à me décider à quitter ces lieux désolés, abandonnés. J’ai peur. Cet endroit est-il vraiment aussi à l’abandon qu’il en a l’air ? J’ai l’impression de ne pas être seul. J’ai l’impression qu’on m’observe depuis… un rêve. J’ai peur que quelqu’un en train de rêver ne m’espionne.
Comme je me dirige vers ce qui me semble être ce qui reste de la maison de mon enfance, j’aperçois quelqu’un. Sa tête me dit quelque chose. Il me sourit. Il dit s’appeler Sieben. Ça ne me dit rien. Il me propose une partie d’osselets. Ça me rappelle quelque chose.
Nous nous quittons après quelques parties. Je retourne vers cette maison, « ma » maison ? C’est le crépuscule, et je m’approche, plein d’hésitation. Cette maison est mal en point et a besoin de travaux.
Je gravis quelques marches. Quelqu’un que je ne connais pas me parle à travers la porte entrouverte. Il y a une chaînette. Je n’ai pas le temps de prononcer un mot que l’autre crie : « Il n’y a personne ici ! Personne ne vit plus ici ! » Pourtant, il vit là, lui…
Je fais demi-tour. Je tourne et je vire dans ce village abandonné. Mes pas me ramènent toujours non loin de cette maison. « Ma » maison ? Ce ne sont pas de souvenirs, plutôt des intuitions. J’ai vécu ici et il s’est passé quelque chose. Quoi ? Où est passé ma… famille ? Parfois, j’ai l’impression de voir de la lumière à travers les fenêtres de certaines maisons. Mais, je crois que ce n’est qu’une impression ou seulement des reflets. Je crois que je suis seul ici. Seul avec le joueur d’osselets et l’autre habitant. Je ne suis pas seul mais qui sont-ils ? Qui sont-ils, pour moi ? L’air se charge alors d’une mélodie. Ça me dit quelque chose…
Et soudain, je me réveille. Je suis toujours dans ce village abandonné mais ailleurs. Je suis là, debout et ma tête est envahie par toutes ces choses qui ont déchiré ma famille. Alors, je cours ! Je cherche ma maison. Les ronces et les branches déchirent mes vêtements et égratignent mes bras. Mais alors, mais c’est un rêve, je trouve un de mes parents, et tombe dans ses bras. Et il me réconforte.
Mais c’est un rêve… Et dans mon rêve, je traverse les bois, jusqu’à un champ. Au loin, je vois de la lumière aux fenêtres d’une maison. Je me remets à courir…
La nuit dernière, j’ai fait un rêve étrange … J’étais un enfant, perdu dans les pins, et j’essayais de rentrer à la maison avant que l’obscurité ne tombe. Je savais où j’allais. Je courrais en direction de cette maison, ma maison. « Ma » maison ?
C’est plaisant que Damien ait fait quelques solos Millevaux courts. Je pense que vous êtes nombreux à être passé.e.s à côté de sa patte du fait de solos très longs à lire 🙂 En espérant que ça vous donne envie de découvrir des plus longs !
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