La dernière ascension

LA DERNIÈRE ASCENSION

Une hirondelle à épargner, une cordée sauvage et des araignées vengeresses. Un récit par Claude Féry.

(temps de lecture : 7 min)

Joué le 03/05/2020

Le jeu :Verticales, une folle ascension par Melville

Univers : La forêt de Millevaux

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James C Farmer, cc-by-nc-nd

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).

L’histoire :

Suite de la partie intitulée L’Essai

Le Chroniqueur Liberté est venue étudier parmi nous le train de rouille. Elle a quitté sa cellule, désormais vouée à la destruction par les bergers du givre, les arianoï.
Elle doit porter sa voix au-delà du Lamantaou,
Elle doit être le satellite Liberté qui informera Cathédrale des mouvements arianoï.

A presque-aube, Kif ooh l’ancien, propose aux premiers de cordée de sacrifier rituellement une hirondelle devant l’assemblée des fuyards. Chacun doit l’égorger de ses dents. Si son compatriote, Pognefer, s’exécute sans hésiter, rejoint par leur guide, Cartage, très solennel, le chroniqueur libère l’hirondelle, qui s’éloigne d’abord vers la vallée ou les arianoï dressent le bûcher sacrificiel, puis remonte droit vers les hauteurs du Lamantaou pour se perdre dans les nuages.
Une bonne augure…
Alors, désignant le chroniqueur de sa sagaie, le torse bombé et les muscles saillants, le Kif ooh l’accuse de mener la communauté à sa perte en servant ses obscures intérêts.
Le Chroniqueur déclare atone que c’est un rituel inutile.
Puis gêné par la pointe accusatrice de la lance, le chroniqueur projette un éclair qui la noircie  et roussi le poil du guerrier.
-« Couché ! A la niche  le chien ! »
Celui-ci s’empresse de porter un genou en terre en signe de déférence et déclare se soumettre au « maître Chroniqueur ».
Alors Il tend la main pour sceller cette nouvelle alliance par un très naturel « tout est lié » et lui glisse à l’oreille, fielleux :
-« Tu ne perds rien pour attendre, on se retrouvera, gamine ! ».
Liberté est ébranlée.

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Ce regard, qui darde derrière le masque blanc du fléau ne lui est pas inconnu. Les circonstances lui échappent cependant.  Les effets délétères des pollens de Pandora, le syndrome de l’oubli ? Non.
Cela remonte en elle, la bouscule, la chavire. Ce regard appartient au Fléau qui la vendit enfant aux maîtres de Cathédrale, celui qui incendia son village, tua ses parents, violenta les femmes et réduisit en esclavage les survivants. Son sort fut probablement plus heureux que celui de la plupart d’entre eux. Ne rien laisser paraître de son trouble, demeurer impassible derrière son masque, conserver son calme et son détachement, apanage de sa puissance…
Cartage après soutenu le rituel s’efface et la cohorte s’ébranle craintive sous la pinède. A la mi journée, Cartage tire les cartes au Chroniqueur pour resserrer leurs liens. La vérité est au bout de leur sente. Le Chroniqueur demeure dubitatif, mais ne s’épanche pas. Profitant de la réunion, le vieux Kif ooh se glisse jusqu’à elle discrètement et lui sussure : -« N’aies craintes je te suivrais et soutiendrait tes choix ! » Pognefer harangue les fuyards et décrète qu’il conviendrait de former deux groupes, la troupe très nombreuse est trop lente. Kif ooh tombe d’accord mais le défi pour déterminer qui mènera la cordée d’éclaireur. Si le jeune a la fougue, lui a l’expérience. Le combat qui s’ensuit est bref et sans appel. Kif ooh bascule cul par dessus tête pour manger la terre. Très vite il se redresse et organise les préparatifs. D’un ton sans appel il répartit les calcinateurs entre les hommes valides les plus costauds et répartit  leur charge de vivres entre les enfants. Si bien que Pognefer peine à trouver un sherpa pour la cordée.  Ce sera Dimitri, un pâtre assez grand et plutôt robuste. Pendant qu’ils négocient sous le regard impénétrable du Chroniqueur, Kif ooh revient vers ce dernier et lui glisse dans un souffle : « faudra qu’on ait une conversation d’homme à femme… » Liberté est rassurée de savoir le Kif ooh en charge de l’arrière garde…  Puis l’ascension reprend en deux groupes distincts.  Rapidement les éclaireurs distancent la troupe hétéroclite et inquiète

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L’après-midi est une longue et pénible ascension.
La masse de l’émetteur récepteur pèse cruellement sur les épaules de Liberté. Les sangles entament ses chairs, le poids la déséquilibre. Elle sollicite Dimitri qui est encombré des cordes et piton. Il regimbe et Cartage s’en mêle et porte son sac en plus du sien.
Parvenu au temps du bivouac il se refuse à lui restituer son sac.
Pognefer s’écroule comme une souche après un repas frugal.
Cartage s’éloigne pour s’abriter sous un vieux pin isolé aux racines tourmentées, non sans avoir craché dédaigneusement sur le chroniqueur interloqué mais mutique.
Le matin à son réveil il découvre un amas de toiles blanches. Non loin une araignée de la taille de ses deux poings réunis le contemple de ses yeux multiples.
Alors qu’il se redresse elle se jette sur lui. De sa cape il la repousse pour la saisir à pleines mains et l’écraser pour répandre sur le tapis d’aiguilles de pins son pus de corps.
Dimitri arrive alors et l’enjoint très inquiet et un poil suspicieux à s’assurer de ne pas avoir été mordu, la voie, le chemin de la sepsie, vers l’aberration de la brûlure et la disparition de toute humanité.

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Gabrielle joue Cartage

Liberté s’était éloignée afin de manger à l’abri des regards. Mais Dimitri se glisse auprès d’elle et la surprend, tête nue, sans son masque ni sa capuche.
-« Je ne savais pas que vous étiez une dame. Si j’avais su j’aurais pas refuser de porter votre fardeau.. C’est entendu je m’en charge dorénavant. Je vous protégerai aussi » et il lui montre sous sa vareuse un pistolet bien huilé.
Vous n’êtes pas obligée de demeurer seule… « C’est quoi votre p’tit nom ? Moi c’est Dimitri, je suis un ancien voïvode…  »
Avisant la nuque pale de Liberté et son code barre tatoué,« c’est votre nom ? »
-« Euh non, enfin oui, mais ne m’appelez plus madame. »
-« C’ est quoi votre nom Madame ? »
-« Liberté, mais… »
-« Vous inquiétez pas votre secret sera préservé, mais vous ne serez plus seule »
Puis il s’est emparé de son sac détenu par Cartage lui a restitué.
Avant de dormir Liberté s’est connectée et a capté une porteuse, un message étrange en provenance du sud, sud est, qu’elle a enregistré.
Le lendemain au réveil, elle découvre une fleur de montagne épargnée par le froid, au creux de son gant, fraîchement coupé.
Mais très vite, ce sont les cris de panique de Pognefer qui captent son attention.
Une araignées augure, une araignée du givre le menace.
Sans hésiter elle la grille de sa canne électrique.
Dimitri les rejoint.
Il a perdu les noisettes qu’il avait récoltées pour elle dans la précipitation.

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La nature de la montagne change. Une neige duveteuse couvre le sommet. Non ce ne sont pas les flocons mais les amas de pollens de la forêt fractale. Un mur réputé infranchissable.
Ce jour, c’est du géant de granit dont ils entreprennent l’ascension.
Une journée de crainte, d’efforts, de privations et de tensions.
Dimitri déséquilibré par le poids du sac de Liberté manque de dévisser.
Pognefer le repêche de sa sagaie.
Puis des pierres, un éboulement manque de peu de les emporter.
Pognefer est épuisé.
Enfin, la main hasardeuse de Cartage déniche un essaim de passereaux perce-peaux tente les déloger.
Et tout le jour, sous un soleil blanc et aveuglant la soif les taraude, et la faim griffe leurs viscères.
A presque nuit ils trouvent un étroit surplomb où bivouaquer, sans feu, dans la froide nuit d’Oural
Ils entendent de l’eau couler.
Cela provient d’une crevasse.
Pognefer s’y coule armé de son pistolet et de sa matraque.
Il glisse et tombe sans véritable heurt dans un gouffre où coule une rivière.
Il étanche sa soif, remplit sa gourde et tente de remonter.
Il ne trouve pas de prises, et tintent les pattes d’une araignée.
Pris de panique à l’ idée de devenir moins qu’un homme, il tire sa seule balle dans sa tempe.
Ses amis s’inquiètent et Liberté se risque dans l’obscurité avec son filtre magnificateur de lumière.
Elle découvre cinq araignées autour du cadavre du Kif ooh qu’elle abat de sa canne électrique.
Elle revient vers les autres et relate ses découvertes.
Dimitri veut aller chercher l’outre.
Liberté le retient. l’ eau doit être souillée.
Cartage tire les cartes.
Seule la mort, des bombes gisent au dessous.
Ils renoncent.
Commence une nuit interminable.

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Gabrielle joue Cartage

Bilan :

Gabrielle moins enthousiaste tandis que Xavier et Alex étaient ravis.
Nous avons joué l’histoire et moins joué poétique.
Globalement nous sommes heureux de notre expérience et jouerons la suite prochainement, Xavier jouera les échos du passé.

A jouer également une session de réminiscences des enfants de la Lumière Noire avec 3:16 carnages dans les étoiles

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Xavier joue Pognefer

Commentaires de Thomas :

Encore un grand merci pour ce retour de partie !

B. Où la situerais-tu géographiquement ?

C. « A presque-aube, Kif ooh l’ancien, propose aux premiers de cordée de sacrifier rituellement une hirondelle devant l’assemblée des fuyards. Chacun doit l’égorger de ses dents. Si son compatriote, Pognefer, s’exécute sans hésiter, rejoint par leur guide, Cartage, très solennel, le chroniqueur libère l’hirondelle » : Cool 🙂

D. Si j’ai bien compris, le chroniqueur et Liberté sont la même personne. Pourquoi Liberté cachait son identité et son genre ?

E. Elle est vraiment trop belle cette araignée du givre. Dommage qu’elle ait été éclatée sans autre forme de procès.

F. « Enfin, la main hasardeuse de Cartage déniche un essaim de passereaux perce peaux tente les déloger. » Je ne comprends pas cette phrase.

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Alex joue Liberté

Réponse de Claude :

B. Au pieds des Mont Oural, portion méridionale, près du lac Tourgoïak puis en direction du Mont Lamantaou
C. L’un des rituels de départ proposé par Melville.
D. Un Chroniqueur est un Chroniqueur. Il assure son pouvoir, sa sa substance aussi par la crainte qu’il inspire au sein des masses superstitieuses. Il détient le savoir des artefact d’avant l’Eschaton, l’Apocalypse.
Les femmes dans les clans soumis aux raids des fléaux ont tôt fait d’êtres réduites en esclavage.
E. La partie n’est pas finie… Elles reviendront…
F. En cherchant à assurer une prise à tâtons, Cartage dérange une nichée de passereaux perce-peaux. Et ces derniers très mécontents de leurs becs acérés ont tenté de les faire dévisser.

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Xavier joue Pognefer

Thomas :

A. Donc c’est le même nom que la partie précédente jouée avec The Quiet Year ?

Claude :

Oui, de fait la partie jouée avec Une année de répit  correspond au premier choix collectif de world building que propose Verticales. Le tableau propose un cadre géographique et une atmosphère. Cela a permis d’établir les souvenirs communs de la cordée et de partager les éléments qui donneront la couleur de la session de Verticales


Un commentaire sur “La dernière ascension

  1. Très étonnamment, je ne crois pas en avoir jamais fait la remarque, mais je suis impressionné à quel point Claude arrive à aborder des thèmes matures tout en jouant dans son cercle familial.

    C’est assez fascinant.

    Je joue moi-même avec des jeunes, mon fils, et aussi d’autres, et je ne me sens pas pour le moment d’aller là-dessus. Mais c’est encourageant et ça donne envie, bien qu’aborder aussi une ambiance plus divertissante m’intéresse tout autant.

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