LA GRAVITÉ
Sexe, drogue et doom metal : la recette d’un Paris sub-urbain où l’on connaît l’extase à l’approche de la mort. Retour sur une incartade d’Inflorenza hors de Millevaux dans le contexte d’un roman qui ne verra jamais le jour.
(temps de lecture : 7 minutes)
Le jeu : Inflorenza, héros, salauds et martyrs dans l’enfer forestier de Millevaux
Joué le 18/06/17 lors de la Tournée Paris est Millevaux 5
Avertissement sur le contenu : voir après l’image
UT Connewitz Photo Crew
Contenu sensible : viol, toxicomanie, nécrophilie
Le théâtre :
Au départ, La Gravité était un projet de roman sur la scène doom metal. J’ai renoncé à écrire ce roman mais j’ai voulu exorciser ça en en faisant un scénario de jeu de rôle. Le voici :
Dans un Paris contemporain qui carbure à l’acide noir et à d’autres drogues, incarnez des personnalités du sub-monde, entre squats où martèle la lourde musique drone et catacombes où le sexe et les ténèbres s’enfantent mutuellement. Un trip fait de bruit et de mort, sans fantastique mais avec de l’occultisme, de la colère, et de la massive passivité.
1 Sexe
2 Drogue
3 Passivité
4 Bruit
5 Drone
6 Ténèbres
7 Gravité
8 Occultisme
9 Sub-Monde
10 Mort
11 Colère
12 Trip
L’histoire :
10 H du soir.
Fosgoth se réveille. Il se dit qu’il doit arrêter de prendre de la merde.
Il met son blouson à franges. Il part avec l’intention de retrouver sa sœur disparue.
Ange est un clodo torturé par les voix dans sa tête. Il arrache ses tatouages
Jean-Gonzague a 14 ans et vit chez ses parents dans le deuxième arrondissement. Il se met du gel dans les cheveux, des lunettes noires, un sweat à capuche noir et fait le mur pour aller à un concert. Il se laboure le mollet sur la gouttière.
Dans son quartier, il rencontre Ange, contre toute logique. Ce dernier se fait une piqûre de fuel mélangé avec le produit nettoyant pour lunettes de Jean-Gonzague. Il lui en propose mais le petit refuse. Il le regarde se shooter puis le suit à un concert.
Cela se passe dans un lycée professionnel désaffecté converti en ateliers d’artistes. Il y a une salle de concert clandé en sous-sol.
3 filles en capuche, dos au public, jouent du drone face à une chèvre crucifiée. Le public headbangue lourdement.
Jezabel, une gothique rousse, la muse mystérieuse des concerts underground, lui demande son nom. Il dit qu’il s’appelle « Ghost ». Elle l’entraîne dans la fosse jusqu’au bout de la nuit et il obtient son numéro de téléphone. Sauf que ce qu’il ignore, c’est que le portable de Jezabel, est resté chez son frère, Fosgoth.
6h du mat.
Fosgoth dans sa loge. Ampoules, néon. Dans un coin, une groupie. Tout le monde lui est passé dessus. Un blackeux devant un miroir.
Fosgoth monte sur scène, complètement défoncé (il a pris un cocktail de speed et de produits planants). Il a une guitare black dont il tire des sons suraigus. Le batteur, qui jusqu’à présent en était à trois coups par minutes, se réveille.
Fosgoth gueule; c’est ici ce qu’on appelle du chant.
A cause de la dope, il voit très mal mais il repère une image rouge : sa sœur.
Plein de gens montent sur scène, dont Ange, guidé par les voix qui lui demandent de se faire saigner la bouche. Il hurle dans le micro. Slame dans la foule. Une femme punk lui donne un coup de poing américain. Trois gars lui sautent dessus, l’écrasent. On le frappe. On lui tend une demi-douzaine de micros pour qu’il hurle dedans.
La baston éclate. Les videurs Hell’s Angels évacuent tout le monde. Jezabel fume une clope. Elle donne au petit un flyer pour le prochain concert. Jean-Gonzague rentre à la maison, se fait incendier par ses parents, les insulte et va se planquer dans sa chambre.
Flashback.
Jezabel et Fosgoth à l’époque où ils sont en coloc avec un autre gars qui est trop défoncé pour se rendre compte de ce qui se passe autour de lui. Frère et sœur jouent au jeu de rôle Kult, c’est Jezabel qui maîtrise.
Le personnage de Fosgoth est inspiré de The Crow. Romance vénéneuse avec une figurante que Jezabel décrit comme elle se décrirait elle-même.
Ils sont en mission dans le Sub-Monde, le monde souterrain, pour ouvrir un portail et font un rituel de magie sexuelle.
Ensuite, elle décrit la figurante comme une démone, il doit la tuer avec son couteau sacrificiel. Jezabel est penchée sur son écran.
Fosgoth Se réveille le lendemain, Jezabel a abandonné son portable. Un brouillon de SMS : « Je suis désolée pour hier soir. »
Ange sort du concert. Ambulance. Les Hell’s Angels parlent d’un gamin.
Jean-Gonzague appelle le numéro Jezabel. C’est Fosgoth qui répond. Le petit raccroche. Fosgoth va sur le profil facebook de Jezabel et voit Ghost en demande d’amis. Il échange avec lui par Messenger. Fosgoth joue cartes sur table. Puis il va chez Ange, et s’étale sur un matelas dégueulasse.
Deuxième concert. Cette fois, c’est dans les catacombes. Un groupe joue du psyché-drone. Pipes à eau, tentures vertes. Symbole de dragon. Fumée, projos verts et rouges.
Jezabel entraîne Ghost au loin dans les tunnels sans lumière. Fosgoth et Ange les suivent et s’engueulent.
Jezabel apprend à Ghost à jouer de la guitare drone, elle se tient contre son dos.
Fosgoth et Ange les rejoignent. « Tu m’en veux d’avoir suriné Julien ? Je regrette pas d’avoir suriné ton petit copain : c’était un connard et un violeur. » On comprend que Fosgoth a fait de la taule à cause de ça et que ça explique son comportement autodestructeur actuel.
Son briquet s’éteint. Quand il se rallume, Jezabel a disparu.
Fosgoth et Ange vont au Père Lachaise pisser sur la tombe de Julien. Ange se masturbe dessus. Fosgoth se barre. Ange descend dans un caveau. Il ouvre un cercueil et baise Jezabel morte.
Il se réveille à ses côtés dans l’appartement de Jezabel. Ils baisent mais elle fait la planche.
Concert de doom.
Headbangs lents et violents. Croix et draps noirs.
Le chanteur est un gros barbu avec des larmes noires peintes sur le visage, il chante la mort. La claviériste invite Ghost à monter sur scène. Le chanteur se met dos contre lui, crâne contre crâne et chante en direction d’un crâne dans une alcôve.
Ghost joue tout ce qu’il a. Il a des visions. Des baleines, des pieuvres, des seiches et des poissons des abysses.
Fosgoth se pique le bras.
Il est au concert de doom, il voit Jezabel, il va vers elle mais un danseur le bloque. Jezabel s’enfonce dans le sol.
Ange se réveille à l’HP. Jezabel entre et le baise. Puis il devient son esclave, elle lui pompe du sang pour faire du fuel.
Playlist :
A Bureaucratic Desire For Extra Capsular Extraction, par Earth, les touts premiers élans du drone, massif, répétitif, lysergique, chtonien.
S/T, par Compost Golem, 15 minutes de la meilleure lourdeur que puisse offrir le black, le doom, la drone et le noise pour une rencontre avec une entité métaphysique terminale.
Weighing souls with sand, par The Angelic Process, du black metal / shoegaze à chant clair, violent, beau et triste à la fois.
Almost Invisible, par Subarachnoid Space, le pinacle du psyché-drone pour l’exploration infinie d’un temple sonique voué au dieu du mescal.
Rising Of Yog-Sothoth : Tribute To Thergothon, une cohorte funeral doom en procession lente, baveuse et caverneuses vers les cryptes de la mort décérébrée et chtonienne.
The Black Flux, par Virus, entre black metal à chant clair sous zéro absolu, post-punk solidifié et jazz martial, une longue incantation nihiliste et raffinée qui traverse la moelle.
Feuilles de personnage :
Ange
+ Je cherche la rédemption, SDF camé au fuel, écorché.
+ Je ne sais pas si je suis vivant ou mort.
+ (barré) Laissez-moi sortir : colère !
+ Attirance malsaine pour Jezabel.
+ La vérité entraînera ma perte.
+ Frustration sexuelle.
+ Vous ne pouvez pas m’arrêter.
+ Amoureux d’une vivante.
+ Devient le jouet de Jezabel.
Fosgoth
+ Je veux retrouver ma sœur perdue dans le noir.
+ (barré) Ma condition me fout la haine.
+ J’ai fait une partie de jeu de rôle dans le sub-monde étrangement réelle qui m’a mis mal à l’aise.
+ J’ai loupé ma sœur cette nuit.
+ (barré) Je me sens comme une grosse larve.
+ Le drone m’a envoûté cette soirée.
+ Je crains d’avoir laissé Jezabelle s’échapper définitivement.
Jean-Gonzague, aka Ghost
+ Je voudrais trouver ma véritable place.
+ La musique, c’est mon futur univers.
+ Je plane avec la musique.
+ J’ai vraiment pas de chance.
+ La musique des abysses est la clef de l’être.
Jezabel :
+ (barré) Je veux que Ghost devienne ma poupée.
+ Le temps nous écrase tous.
+ Le bruit a échoué à me cacher.
+ Les ténèbres triomphent toujours et je suis leur voix.
+ Je suis désolée, Fosgoth.
+ La dernière messe noire pourrait être fatale.
+ Nous jouons une dernière partition dans les ténèbres.
+ J’ai joué la morte.
Retour de l’équipe :
Joueuse de Ghost :
+ Le jeu en personnages séparés m’a posé problème. On aurait dû jouer un groupe.
Joueur d’Ange :
+ J’ai eu du mal à capter les différents scores des dés.
Joueur de Fosgoth :
+ On voit que le système entraîne vers la déliquescence. C’est très sympa.
+ Au début, j’étais un peu paumé dans mes possibilités. Je voulais pas être trop intrusif et j’ai vu ensuite que c’était possible (quand Jezabel va voir Ange à l’HP)
+ C’était bien que tu aies interprété ma sœur perdue. Cela a créé une incompréhension fertile.
+ On sent que le système pousse à ce que ça aille de mal en pis. La toile de jeu s’y prêtait bien, le sous-monde mélasseux.
Joueur d’Ange :
+ Le flash-back j’ai trouvé ça excellent, avec la mise en abîme.
+ Le côté MJ tournant, ça marchait plutôt bien.
+ Quand on s’oppose aux autres, on récupère des phrases, je le vois comme une récompense.
+ Le système de phrases est sympa.
+ J’aime bien l’ambiance malsaine.
+ On s’est un peu courus après les uns les autres. Mais avec un jeu à MJ tournant c’est pas gênant parce que tu restes investi dans ce qui se passe.
Joueur de Fosgoth :
+ J’ai eu une appréhension quand tu as entraîné le gosse dans un milieu obscur.
Joueuse de Ghost :
+ C’était limite trop compliqué pour faire une dynamique de groupe. J’avais imaginé mon perso au départ mais j’aurais dû le changer en connaissant le reste du groupe.
Retour personnel :
+ Au départ, le jeu s’est cherché pour se réunir et ça a mis un peu de temps mais ça restait convenable. Le personnage de Ghost cassait le côté trop dark, apportait un peu de fraîcheur, tu peux jouer des persos très opposés.
+ La vision des seiches et autres baleines quand Ghost joue est inspirée de l’excellente BD Doom Boy
Ça déménage pour le coup !
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Ah ben c’est du doom metal c’est pas pour les flocons de neige 🙂 (bien que j’aurais beaucoup à dire sur l’aspect réconfortant que le doom / drone a sur moi, et que bref en fait c’est une musique qui me fait du bien)
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