Préférez l’imprévu à l’improvisation

Un petit billet d’humeur pour offrir un autre angle de vue sur le jeu sans scénario.

(temps de lecture : 2 mn)

steve p2008, cc-by

Un constat m’a frappé suite à notre dernière session des Sentes, un GN impro sans orga. Les scènes qui m’ont le plus marqué n’étaient pas le fruit du script, ni d’impro des joueuses, mais la conséquence d’avoir joué la logique de nos personnages et les interactions imprévues entre eux.

C’est le rebond à l’infini de petites prémisses de départ qui entraîne de grandes conséquences.

En jeu de rôle ou en GN en mode impro, à plus forte raison sans MJ ou orga, j’ai le sentiment qu’on se focalise beaucoup sur la narration ou à la théâtralité

Cela peut entraîner du gonzo, ou toutes sortes de luttes d’ego autour du world building.

On se concentre trop sur l’histoire plutôt que de se concentrer sur l’histoire en train de se faire, pour reprendre les termes de Ron Edwards.

L’autre souci est que cela soumet l’exercice aux habituelles peurs créatives, laissant certaines joueuses sur la touche et mettant tout le monde en posture d’auteur, ce qui ne fait pas l’unanimité.

J’ai le sentiment que dans l’approche impro, on voit son personnage comme une page blanche au service de l’histoire.

Pourtant, au sein des dispositifs orientés impro, on peut en fait vivre les choses très différemment. Certes, les personnages sont souvent minimalistes, mais ils sont rarement, passée l’étape de création de personnage, une vraie page blanche. Vous avez toujours un concept minimal de personnage, même s’il tient en une ligne.

Jouer l’imprévu plutôt qu’improviser se base sur ces concepts :

– efforcez-vous de jouer le concept de votre personnage, quitte à l’interpréter et extrapoler pour remplir les blancs ;

– ne vous calibrez pas trop avec les autres joueuses car la transparence conduit à la posture d’auteur et la posture d’auteur conduit au côté obscur ;

– réagissez aux situations qui se présentent à vous à l’aulne de votre concept de personnage et de la logique des événements.

Il me semble que cette approche fournit une narration plus fluide, plus cohérente, plus immersive. Et surtout elle vous permet de rester en posture d’acteur.

Une fois les concepts de personnages réduits à l’os, il n’y a plus que le train des conséquences. Et je parie que vous aurez envie de monter à bord.

Pour aller plus loin :

[Article] Ron Edwards, Narrativism: Story Now, sur The Forge

[Article] Thomas Munier, Improviser sans filet 1 & 2, sur Contes des ères abyssales

[Vidéo] Thomas Munier, Comment improviser en jeu de rôle

[Article] Jérémy Ouassana, Avez-vous ces 5 peurs qui paralysent votre créativité?, sur Out the box !