GN Toutes les formes de l’espoir, 23-24 septembre, Ambon, Morbihan : entretien avec des joueureuses
Quelques lucioles et des étoffes
pour seules monnaies
des embrassades et des sourires
pour seuls boucliers
la chaleur du burning man
pour seul brasier
et la nuit des pulsions
comme redoutable horizon
Ce GN queer-solarpunk inspiré des Sentes se rapproche doucement. Et il reste des places !
Histoire de se mettre dans le bain, voici 3 nouveaux entretiens de joueureuses. Et vous, comment vous projetez-vous dans ce festival de Burning Man mâtiné de surnaturel, de post-apo et d’utopie ?
(temps de lecture : 8 min)

crédits : nicolas raymond, cc-by & Duncan Rawlinson, Memento Mori, Eric Parker, cc-by-nc & jon collier, Wendy ., StarwallOfRadical.town,cc-by-sa
Entretien N°1 : Johanna
1 Bonjour, peux-tu te présenter ?
Hello, je m’appelle Johanna. Je suis GNiste depuis 10 ans, mais à un rythme plutôt tranquille.
2. Quelles sont tes attentes, remarques, commentaires ou questions en tant que PJ sur Toutes les formes de l’espoir ?
Ça fait un moment que je suis intriguée par l’univers et le mode de jeu des Sentes, et l’ouverture sur l’espoir de cet opus m’a permis de me jeter à l’eau ! J’ai aussi eu un avant goût du système de jeu avec la 2e session du Pardon des Anaon que j’ai adoré. J’aime le jeu à émotions, la collaboration et le play-to-lift.
Niveau question, j’ai encore du mal à me représenter comment articuler des personnages à orientation positive avec la certitude que tout dégénère après minuit, j’avoue ?
Thomas : L’utopie de Renouveau part du principe que les drames peuvent toujours être envisagés, mais qu’un collectif uni permettra d’en prévenir certains et d’en surmonter d’autres.
Cela veut dire que tu peux t’associer à d’autres pour te mettre à l’abri et soigner les personnes qui en ont besoin lors du chaos de la nuit. Ou que tu peux participer à l’épreuve de résilience et de pardon qui aura lieu le lendemain.
3. Toutes les formes de l’espoir s’inscrit dans un entre-trois particulier, à mi-chemin entre l’expérience ludique, artistique et politique. Dans lequel de ces trois niveaux te projettes-tu le plus, et de quelle façon ?
Je vais faire écho à mon ami Philémon, les trois sont liés. D’un point de vue ludique j’aime aborder un GN en choisissant un rôle qui me permet d’explorer des nouvelles choses. Partant de là et par coup de cœur artistique, j’ai très vite été attirée par un archétype qui m’inspire énormément en terme de création de costume. Je vais jouer une humaine qui se fait l’intermédiaire entre la communauté et la Forêt et qui se végétalise. Et on rejoint très vite le politique: démonter la notion de distinction qui voudrait que l’humain soit séparé de la Nature et le replacer comme un maillon interdépendant de la chaîne du Vivant, ça me paraît particulièrement d’actualité.
4/ Comment te projettes-tu dans le grand schéma collectif, le festival, le burning man, l’économie du don, la nuit des pulsions, la tentative de réconciliation du lendemain, le tiraillement entre quitter l’utopie pour l’essaimer ou désobéir pour rester…
Je suis très enthousiaste au vu de toutes les possibilités de jeu que ça ouvre ! Le festival et le Burning man sont l’occasion de jouer des moments joyeux, pour moi. Mon personnage offrira des graines, et quand à son départ potentiel de l’utopie, je pense surtout qu’il s’agira pour elle de prendre la forme la plus utile à la communauté, même si ce n’est pas une forme humaine…
Entretien N°2 : Félix
1. Bonjour, peux-tu te présenter ?
Salut c’est Félix, trentenaire rôliste « sur table » de toujours mais qui n’a jamais trop eu l’occasion de faire du GN au-delà de la murder-party d’une dizaine de PJs.
2. Quelles sont tes attentes, remarques, commentaires ou questions en tant que PJ sur Toutes les formes de l’espoir ?
Je ne m’attends pas à grand-chose de précis, et c’est justement ça qui m’attire. Normalement il n’y a personne que je connais donc je n’ai pas la pression que je peux parfois me mettre quand c’est le cas: c’est l’occasion d’incarner pleinement mon personnage ! En jeu, je m’attends à ce qu’on me « malmène » un peu: qu’il y ait des conflits, des trahisons peut-être, mais de pouvoir quand même en sortir avec une conclusion positive.
3. Toutes les formes de l’espoir s’inscrit dans un entre-trois particulier, à mi-chemin entre l’expérience ludique, artistique et politique. Dans lequel de ces trois niveaux te projettes-tu le plus, et de quelle façon ?
Artistique, peut-être. C’est peut-être manquer d’humilité que d’appeler mes performances rôlistiques de l’art, mais pourquoi pas ? La démarche est effectivement similaire.
Politique, pas vraiment, en tous cas pas dans le sens où je l’entends habituellement. Pour moi « faire de la politique » requiert une certaine forme de violence qui ne me semble pas compatible avec la manière dont ce GN se décrit et je ne me sentirais pas à l’aise à aborder des thèmes sérieux face à des gens qui ne sont pas là pour ça.
4. Peux-tu nous parler un peu plus de ton projet de personnage ? Comment aurais-tu envie de le jouer ? As-tu des idées de costume, de stand associé à ton personnage ?
Je veux jouer MÉMOIRE à la mémoire de mes grand-parents maternels, que j’ai perdus lors de la dernière décennie. Le thème de la mémoire fait écho à la maladie de mon grand-père, et le Morbihan a toujours été le pays de cœur de ma grand-mère. Pour moi, tirer ce trait d’union entre les deux c’est un peu leur rendre hommage à ma façon.
MÉMOIRE tient du paradoxe de vivre dans le passé tout en n’en ayant pas vraiment. C’est un personnage qui est né d’un songe, et ses récits sont ré-arrangés pour faire rêver ou apporter des leçons de vie plutôt que la vérité historique factuelle.
Mon costume se veut relativement simple tout en soulevant des contradictions. J’ai décidé d’essayer un ensemble bi-genre associé à des éléments plutôt « campagnard » (un vieux chapeau de paille, une veste de pêche que je compte raccommoder pour l’occasion). Tous les détails ne sont pas encore fixés mais je pense déjà avoir une base.
Je ne connais pas le mot « stand » dans ce contexte, parles-tu de l’attitude ? Si c’est ça je dirais que MÉMOIRE est une personne qui a du mal à se mettre en avant mais se force car il en dépend de sa survie (à sa connaissance).
Thomas : Par stand, j’entendais le mot dans son sens le plus commun : les personnages/ joueuses organisent un festival et donc peuvent être amenés à tenir un stand
Félix : Ah, oui ! Eh bien je n’avais pas pensé à cela, mais ça pourrait être une sorte de stand d’échanges d’histoires: une passante vient avec un récit, le raconte, et en retour repart avec un autre… Je pourrais peut-être ramener un tarot pour une vibe Château des destins croisés.
Entretien N°3 : Tristan
1- Bonjour, peux-tu te présenter ?
Face à la découverte du monde immense du GN et de ses vétéran·e, j’aime à me dire « bébé-gniste ». Je suis aussi rôliste avec quelques années de théâtres dans les patounes.
J’ai vécu 3 GN merveilleux dont 2 dans l’univers de Millevaux (Vestige + Hiver Nucléaire).
J’ai particulièrement été touché par la place de la relation dans les interactions sous forme d’alliances, de confrontations ou simplement de rencontre.
Je retrouve dans ces grands ensembles un espace d’expression et expérimentations collectif et individuel selon les prismes de nos choix en toute sécurité physique et affective.
Personnellement, j’aime beaucoup incarner pleinement la mission de vie des de mon personnage au sein d’une communauté pour finir par me fondre dans le tableau chaotique qui finit par se former au gré des évènements.
2- Quelles sont tes attentes, remarques, commentaires ou questions en tant que PJ sur Toutes les formes de l’espoir ?
Pour cette édition « Toutes les formes de l’espoir », je souhaite vraiment creuser la caractère très mystique de mon personnage qui permettra de rebattre les cartes qui se seront installées dans les communautés et chez les individus.
Je souhaite vraiment être un support de jeu pour les autres joueureuses.
J’ai l’impression (peut être erronée) que les communautés de cette édition sont particulièrement en lien avec les questions politiques de genre, de sexualité notamment dans les question d’inclusion/exclusion/médiation.
Thomas : Oui les questions de genre et de sexualité sont bien présentes dans ce GN puisqu’on étiquette le jeu comme « queer-solarpunk ». Et de base, tous les archétypes de personnages sont non-genrés dans les Sentes. Mais de fait la queerness n’est qu’un aspect, qui peut être exploré à travers la communauté des Bizarres et celle des Horlas, mais de fait les autres communautés portent sur d’autres enjeux (par exemple les Autres portent sur la neurodivergence). Même si les choses ne seront pas aussi cloisonnées que ça, on pourra envisager d’être un personnage queer qui n’est ni chez les Bizarres ni chez les Horlas, ou encore d’être un personnage non-queer mais qui est dans une de ces deux communautés parce qu’il s’y sent bien. La LGBT-phobie et la psychophobie font partie des choses qu’on a interdites dans la fiction du jeu. On est d’accord pour qu’il y ait des frictions entre personnages ou entre communautés, mais ça ne doit pas porter sur ces aspects-là. Après tu as raison de pointer qu’il y a parfois des aspects très ancrées de ces phobies (et même au sein des personnes marginalisées) et que ça méritera une vigilance de notre part et de la part du collectif.
Tristan : Merci pour cette précision rassurante !
3. Il me semble que tu vas jouer Passage. Est-ce que tu peux nous parler un peu plus de ton concept de ton personnage, de ce que tu projettes dedans, éventuellement de la communauté que tu penses rejoindre ?
Effectivement, je compte jouer Passage dont la mission de vie raisonne en moi comme celle d’un personnage qui facilite la transition d’une personne dans des étapes identitaires.
Son destin étant axé sur le bonheur à tout prix, j’ai envie de creuser la subjectivité de la notion de bonheur et les conséquences du fait de l’imposer comme dans la phrase « L’enfer est pavé de bonnes intentions ». Je réfléchis encore au fait d’expérimenter une évolution de mon personnage qui passera par :
la posture d’accompagnateur/écoute bienveillante (= médiateur / sage / conseiller)
pour sombrer vers le fanatisme/dogmatisme voire le complexe de Dieu (= Moïse qui ouvre les eaux pour le peuple élu / Chiron qui donne accès aux enfers)
puis retrouver une humilité en découvrant les dégâts causés aux personnes par cette mégalomanie et se diriger vers la réparation
Bien entendu, je ne reste pas figé sur cette évolution. Surtout qu’attirer l’attention de façon égotique est un véritable défi / inconfort pour moi…
J’ai envie de me laisser porter par les propositions/envies/besoins des joueureuses et communautés.
Sur la question de la communauté, je pensais initialement aller vers celle des Harmonistes qui correspondent à mon personnage.
Cependant, j’hésite aussi avec les Low Tech (relation à la résilience par l’agir et la question des technologies) et les Réensauvagés (lien avec la nature / les émotions / l’instinct) qui ne sont pas des communautés étrangères et permettent ainsi une relation assez différente avec les autres communautés. Aussi, je me laisse la possibilité de me confronter au fait d’être sans communauté avec les conséquences que cela peut avoir sur les relations…
4. Toutes les formes de l’espoir s’inscrit dans un entre-trois particulier, à mi-chemin entre l’expérience ludique, artistique et politique. Dans lequel de ces trois niveaux te projettes-tu le plus, et de quelle façon ?
Je crois que je pourrais résumer que je me projette surtout dans la dimension socio-politique mais avec une très grande présence de la part artistique et thérapeutique.
Je trouve que ce type de GN est l’occasion d’expérimenter dans nos corps et nos émotions des questionnements personnels et collectifs dans un cadre sécurisé. Je tends personnellement à me rapprocher de plus en plus d’un lâcher prise pour me tourner vers la prise de risque relationnel, l’enlacement de l’inconnu et l’acceptation de l’incontrôlable. Ayant à la base une méfiance envers les groupes et une gestion très intellectuelle dans mon rapport à ces derniers, je continue mon chemin vers la co-construction et l’action collective en considérant les besoins individuels et leurs expressions. Finalement, je ne cherche pas dans ce GN la concurrence, la domination et tout paramètres égotique qui viennent entraver la rencontre de soi et des autres.
Pour cette édition spécifique, je suis aussi très intrigué par la question de la reconstruction sociétale et des différents rapports communautaires à la chute et au renouveau. Je me projette particulièrement dans une posture d’exploration collective, d’accompagnement et de dérive (dans le sens : se laisser porter malgré l’incertitude). Le fait d’être dans une communauté spécifique est une opportunité très riche à mes yeux même si le collectif est en proie constante aux individualismes et à l’effondrement.
J’ai vraiment hâte qu’on teste cette version positive des Sentes / Millevaux !
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