La forêt était pleine de son absence. Comme un vent qui glaçait la peau des séquoïas géants, une main qui cherche et se heurte à un vide plus grand encore de l’espace, un silence qui se dessine en creux dans le bruissement des branches et les cris d’animaux invisibles, un silence qui fait écho à la rumeur des véhicules au loin, traversant la forêt ainsi qu’on traverse un territoire inconnu, en filant.
Cette absence trace un labyrinthe de possibilités à travers les sentes de la forêt et le bitume de la route. Perdue au milieu de la fumée, Chumani Shelter l’interroge.
Son imagination se perd dans les méandres des rivières, des chemins de gibier, des impasses crasseuses derrière les aires de repos, et toutes les veinules qui partent de l’autoroute. Cet air de perdition mêlé de la fumée rituelle, elle le hume, le passe sur le gril. Alors que le geste est devenu routinier, elle tremble encore quand elle cloue l’affiche sur le pylône électrique.
L’Autoroute des Larmes sur Itch.io
La page de L’Autoroute des Larmes
(temps de lecture : 11 min)

L’Autoroute des Larmes commence à être un peu ancien dans ma ludographie mais il a connu deux postérités récentes :
+ une relecture par Ana Ashelik Bak, une canadienne autochtone de la nation Innue
+ une série d’actual plays par Claude Féry dont voici le premier opus : https://subjoncticiel.blogspot.com/2021/10/le-pere-de-mon-reve.html
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