[GN Valerrance] Interviews de participantes, 7

[GN VALERRANCE] INTERVIEWS DE PARTICIPANT.E.S, 7

Quand l’âme et le cœur

Se déracinent

La paix est-elle encore possible ?

On continue la valse des entretiens avec une personne habituée de l’univers de Millevaux et de la prestation théâtrale qui fait ici son retour dans l’activité GN après de nombreuses années d’interruption !

Le GN Valerrance est toujours complet, mais des désistements sont toujours possibles. Pour être sur la liste d’attente des inscriptions, merci de me contacter en privé.

(temps de lecture : 5 min)

Dilan Damith Prasanga’s, insane_capture, Kotomi Creations, kurafire, Mark Grealish, modowd, SophieCharlotte, cc-by-nc

1. Thomas : Bonjour, peux-tu te présenter ?

Anonyme : Je joue occasionnellement aux jeux de rôles de toutes sortes et fait du Grandeur Nature encore plus rarement : Valerrance sera ma troisième expérience en la matière en vingt ans.

J’ai découvert le monde de Millevaux à sa source, la corruption n’en a été que plus vive et addictive.

J’ai fait quatre ans de formation en art dramatique, surtout du théâtre, un peu d’improvisation et de masque, pourtant, le jeu de rôle m’intrigue toujours autant qu’il m’enthousiasme, et ce encore plus intensément dans le cas du grandeur nature, car je trouve que c’est un exercice « total » : on y est autrice (au moins de son personnage), metteuse en scène (à l’échelle de ses interventions), actrice et public. J’aime et je crains cet exercice : il m’est difficile d’imaginer être à la hauteur des enjeux, mais y participer me met tout de même en joie.

2. Thomas : Qu’est-ce que tu attends comme expérience du GN Valerrance ?

Anonyme : J’attends de moi-même et d’autrui un équilibre entre, d’un côté, le lâcher-prise qui contribue à l’élaboration d’histoires palpitantes et immersives, et de l’autre, la retenue qui permet que quiconque sache que les limites qui sont posées seront respectées.

Je souhaite être emporté par l’inventivité, l’audace et la folie des personnages et des costumes, fasciné par les mystères, les merveilles et les horreurs, ému ou révulsé par les histoires, grandes et petites.

J’espère découvrir le potentiel des Sentes et des fouines qui les parcourent, je sais déjà que cet univers est un terreau fertile, et je suis curieux de savoir si je mangerais des truffes ou si elles bourgeonneront dans les bronches de mon cadavre sous l’humus.

3. Thomas : Sur Valerrance et comme dans beaucoup de GN dès qu’il y a un peu de monde, il y a un phénomène de brouillard de guerre qui fait que tu n’appréhenderas qu’une toute partie des intrigues (les grandes comme les petites) et que la plupart de ce qui va se passer tu n’en auras qu’un aperçu. Comment appréhendes-tu ce phénomène ?

Anonyme : C’est un fait que j’accepte avec plaisir, toutes les histoires n’ont pas à m’avoir comme témoin ou agente, et en avoir simplement le récit – par exemple lors d’un débriefing, conversations après l’évènement, notes de blogs, vidéos ou photos – est bien assez intéressant. C’est selon moi ce qui fait tout l’intérêt du jeu de rôle grandeur nature : l’action n’est pas centrée sur la protagoniste (soi-même), et c’est une chose que je trouve plutôt rare dans le paysage ludique au sens large, qui me semble de loin dominée par une approche qui est à son paroxysme dans les jeux vidéos/jeux de plateau, où seul ce qui est a prévu dans le scénario et/ou à portée de simulation est possible – a l’exception notable des MMORPG ; même dans le jeu de rôle autour d’une table, j’ai rarement trouvé des MJ qui soient suffisamment talentueuses pour faire percevoir à ses joueuses que ce n’est pas forcément leur progression qui déclenche les évènements, et que, qu’il y ait implication ou pas des personnages qui vivent leur intrigue, l’histoire de leur monde avance. J’ai donc très hâte d’apprendre tout ce qui se sera passé, car plus j’en ignore sur le moment, plus j’aurai à posteriori la sensation d’avoir vécu dans un monde qui, si petit et bref fut-il, regorgeait de possibilités alléchantes. J’ai déjà envie de jouer tellement de rôles différents ! mais ce serait presque trop triste (et impossible à gérer émotionnellement et intellectuellement) de tout vivre moi-même. Ce qu’en découvrent les autres et ce qu’ils en rapportent, c’est aussi une expérience que j’apprécie.

4. Thomas : Qu’est-ce que tu as envie d’apporter en tant que personne ayant déjà pas mal pratiqué l’univers de Millevaux en jeu de rôle sur table ?

Anonyme : Je ne décèle pas d’envie pratique en moi : je ne me sens pas capable d’apporter plus que ce que je pourrai projeter sur mon personnage, ou alors très peu en plus, simplement en aidant à l’ambiance générale en étant le plus souvent possible « en jeu », cohérent avec l’univers – saugrenu aussi -, et parfois contribuer à rendre vivante la forêt en y étant une silhouette qui rôde, traque ou épie, ainsi qu’une source de bruits inquiétants.

En revanche, l’envie théorique est très vive, a défaut d’être foisonnante… je n’ai pas une bonne mémoire de chacune des parties que j’ai pu y jouer, mais j’ai un sentiment Millevaux qui me submerge quand j’y pense. Un sentiment qui est primordialement de l’humilité, et aussi la perception d’une énergie monstrueuse, grouillante, inextirpable,implacable et patiente.

Ce sentiment d’humilité, couplé à l’aspect mosaïque que prend Millevaux (par le fait qu’il en existe de multiples versions, formats et thématiques portées par toi et d’autres co-auteurs si je ne m’abuse) me fait penser que l’expérience que j’en ai, bien qu’elle puisse être qualifiée de « vétérane », ne vaut pas plus que celle qu’en aura une néophyte dont Valerrance serait le premier contact avec cet univers. Je pense que d’autres, qui on découvert moins longtemps et après moi les joies bourrues des multiples facettes de Millevaux en ont certainement tiré bien plus d’inspiration, d’images, d’idées, de mots et d’expériences ludiques que moi.

Pour résumer, j’aimerai en effet apporter beaucoup, mais je doute que ce que je pourrai apporter soit plus intéressant que ce que chacune y trouvera, que je contribue ou pas. Je vais chercher à exprimer la tension intérieure humain-horla, être matière corruptible et affluent d’égrégore, ce sera déjà ça. Si j’arrive à faire que mon personnage témoigne de tout ce que je sais qu’il aurait pu voir ou vivre dans la forêt, j’aurai apporté ce que je peux de mieux.

5. Thomas : Cela me fait penser que quand il s’agit de faire ressentir un univers surnaturel et horrifique, cela ne passe pas tout à fait parce que le personnage fait, mais par des à-côtés : ce que le personnage raconte (qu’il s’agisse de rumeurs sur le monde forestier, de commentaires au sujet des endroits visités ou de spéculations sur la nature des horlas), comment jouer l’impact de ce qui se passe en jouant l’épouvante ou la surprise, de même qu’il y a aussi un travail de mise en scène en allant hors de vue pour faire des bruits étranges ou disposer des objets flippants. Parmi ce florilège, dans quel type de répertoire te situerais-tu ? Et y vois-tu une tension avec le fait de juste interpréter ton personnage ?

Anonyme : J’ai envie d’user de tous les répertoires que tu cites. Et je vois bien une tension, mais je ne la place pas directement dans le fait d’interpréter, mais plutôt dans le temps limité.

Je peux jouer mon personnage, mais l’interprétation consomme un temps que je ne pourrait pas forcément déployer dans la décoration ou la figuration, il sera plus « optimal » d’être dans le récit et la réaction quand je suis dans la peau de mon personnage. je pourrait faire beaucoup de choses, mais si ces choses ne sont pas cohérentes avec mon personnage, je jugerai bon de m’abstenir de les faire. Inversement, si je quitte mon personnage souvent, je peux consacrer plus de temps à produire avec de moindres contraintes des objets, installer du décor dynamique, faire des effets et des figurations variées, volatiles, et à grande capacité d’interventions, bref de faire un paquet de mise en scène non-centrée sur mon personnage.

A vrai dire j’ai très très très envie de faire cela, au point même que je serait presque content que mon personnage meure prématurément, pour me donner l’opportunité de me consacrer à fond à l’élaboration d’un contenu qui n’aura plus à réclamer que je l’interprète en (quasi) continu.

Je suis partagé entre ces deux envies. Je vais commencer par être un unique personnage, lui donner corps, lui consacrer du temps, lui donner sa chance, et faire au mieux pour que cette incarnation soit une source cohérente de matériel de récit pour le plus grand nombre. Mais je n’aurait aucun regret si les circonstances mettent fin à son histoire, car je trouverais dans la mise en scène un terrain de jeu sans doute encore plus large et libre.

3 commentaires sur “[GN Valerrance] Interviews de participantes, 7

  1. C’est toujours passionnant de constater la diversité des profils de joueurs et de joueuses !

    On m’a par ailleurs plusieurs fois demandé si je cherchais des PNJ. Dans l’absolu, Valerrance peut se passer de PNJ, mais en revanche avoir sur place des PJ qui se consacreraient au moins en partie au collectif (rappeler les horaires des temps forts, les coordonnées, distribuer le jeu, faire des performances artistiques ou spirituelles) constituerait une belle plus-value !

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