Un petit retour vers ce road-movie triste et chamanique dans les forêts immenses du Grand Nord, avec une playlist aléatoire et réactualisée d’une centaine d’albums, avec au menu de l’americana, du drone, du psyché-drone, de la musique urbaine des nations autochtones, de la doom pop, du black metal…
Bref, de quoi bader et arpenter en pick-up des routes immenses et défoncées, en tenaille entre les forêts chargées d’esprits, à la recherche de sa propre perdition.
Et pour vous donner un aperçu, un petit best-of :
Warrior, par Anilah, du chant féminin rituel et tribal inspiré des cultures natives d’Amérique du Nord. Apaisant et hypnotique.
Ardor, par Big Brave, un post-hardcore aux drones aussi profonds que mélodiques, avec un chant féminin rituel et poignant, pour se traîner jusqu’au bout de la nuit.
Abomination, par Divide and Dissolve. Du drone pour donner une voix aux natifs dont la culture est effacée, dénaturée.
Daymare, par Doron. Un road-trip crépusculaire dans le brouillard pour ce dark ambient tout en nappes, digne des polars contemporains les plus glauques, où la totalité de l’environnement vous menace.
The Sachem’s Tale par Dzö-nga, du folk black metal inspiré du folklore autochtone nord-américain (tribu des algonquins) alternant chant féminin éthéré et hurlé : la fragilité et la sauvagerie de la nature en plein conflit.
Lashing the Rye, par Harvestman, americana dépressive, sur la superstition paysanne et la grandeur des espaces confinés.
Lost Chants / Last Chance, par Kandodo McBrain, un morceau de bravoure total en matière de rock psychédélique / acid western instrumental, la plus lysergique des soupes primitives.
X Marks the Swirl, par Kim Mortal, une mélopée trip-hop revendicative et virtuose, à la fois poignante et chill, en provenance de Vancouver, inspirée des mouvements queer et des mouvements pour les droits des indigènes.
Arriving Angels, par Helen Money, du violoncelle amplifié, sombre, beau et doom à la fois, l’orée de la forêt entre légèreté et désespoir.
S/T, par Neurosis & Jarboe, post-hardcore avec l’inimitable chant féminin de Jarboe, tribal, sorcier, fantômatique, électronique, hanté, culpabilisé, onirique, poétique, violent, un détour par tous les états de la vie et de la mort.
Thul Ogka, par Nox, entre musique traditionnelle et black metal, une longue séance de magie noire iroquoise jusqu’aux frontières de la réalité.
Courses, par Ô Paon, de la post-pop désincarnée avec un chant féminin en français, juvénile, gracile, confinant à l’abstrait, histoires tristes, belles et sans fil de notre monde qui part à vau-l’eau.
Trapline, par Snotty Nose Rez Kids, du hip-hop rageur, narquois et animiste par deux natifs en direct de Vancouver, Colombie Brittanique.
Auk / Blood par Tanya Tagaq, entre chant inuit chamanique revisité et violons à fleur de peau, entre l’émerveillement et la terreur.
Silent Shout, par The Knife, de la musique électro-dance vénéneuse et noire sur le parcours urbain des filles perdues.
Abyss, par Chelsea Wolfe, du dark folk gothique embaumé d’electro, avec un chant féminin sorcier qui nous emmène loin dans les ténèbres, la souffrance et la beauté.
ça fait hélas bien longtemps que je n’ai pas joué à L’Autoroute des Larmes, mais à chaque fois que je trouvais une musique qui y collait bien, ça me faisait voyager dans cette Colombie-Brittanique hantée et inquiétante…
Je me dois aussi d’avoir une pensée pour les victimes des meurtres et kidnappings perpétrés sur l’Autoroute des Larmes, essentiellement des jeunes femmes autochtones. Les années 2000 ont connu l’équivalent d’un gynocide et d’un génocide, ça donne froid dans le dos. Nous devons nous en rappeler. Une partie de l’Autoroute des Larmes n’est donc pas un simple moment à jouer à se faire peur, c’est un hommage aux disparues et un appel à plus d’empathie envers nos frères et sœurs des peuples racines.
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