Ivre, après avoir dit des trucs approximatifs sur Donjons & Dragons, il récidive avec l’autre grand ancien du jeu de rôle…
(temps de visionnage : 36 min) / (temps de lecture : 6 min)
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Mes actus :
[L’Ordre et le Sauvage] Les écorcheurs
La table de Milloupe a été à la fois marquée par les images fortes de ce scénario mais également choquée par sa létalité et son aspect jusqu’au-boutiste. Un récit qui débouche sur d’importantes questions sur les ajustements à faire en matière de sécurité émotionnelle.
(temps de lecture : 4 min)
LIENS UTILES :
[Notions]
gritty
système
boîtes de compétences
santé mentale
rétroclone
convergence
fateplay
play to lose
[Personnalités]
H.P. Lovecraft
S.T. Joshi
[Vidéos]
5 UNIQUE techniques to LEVEL UP your writing with Alan Moore | Meet your Maestro | BBC Maestro
Joue-t-on vraiment l’horreur lovecraftienne ? par Christophe Dang Ngoc Chan
50 ans de jeux de rôle – 16 – Évolution du game design des jeux de rôles d’horreur lovecraftienne, par Bastien Wauthoz aka Acritarche
Sandy Petersen, Was Lovecraft racist?
[Multimédia / série sur la critique de jeux et de scènes]
Pourquoi Donjons et Dragons n’est pas un jeu de rôle (comme les autres)
Le jeu de rôle maison FAIT DU MAL à notre beau média
Le Free Kriegsspiel Revolution
A court de sujet, je te parle des points d’expérience
[Multimédia / autres]
Le problème des peuples de fantasy : les rôlistes seraient-ils racistes ?
Comment adapter un roman en jeu de rôle
[Articles]
World Fantasy Award / Controversies / H.P. Lovecraft Bust, sur Wikipedia.en
What Lovecraft Country Gets Wrong About Racial Horror, par Hannah Giorgis, sur The Atlantic
[Jeux]
L’Appel de Cthulhu
La Souche Putride
Cthulhu Confidential
Le jeu 100 nom
Cthulhu Dark
Le Témoignage
Horrifique
Innommable
Runequest
Deities and Demigods
Patient 13
[Campagnes]
Les 5 Supplices
Cthulhu, Donjons & Dominos
[Scénario]
Premier noclip, un scénario dans l’univers des Backrooms
[Actual play]
Le cauchemar des Backrooms est là – Actual Play JDR FR – Ep01, sur Sombres machinations
[Livres]
Michel Houellebecq, H.P. Lovecraft : Contre le monde, contre la vie
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre
[Univers]
Millevaux
Crédits :
Le petit bonhomme en plâtre est une photo de Thomas Hawk, cc-by-nc
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Le script de la vidéo :
Suite de la série sur les critiques de jeux et de scènes.
J’ai fait une vidéo sur D&D, il me fallait en faire une sur son éternel challenger L’Appel de Cthulhu, qui se voulait un anti D&D à son époque.
Dans ma jeunesse, j’étais fasciné par le gros recueil de nouvelles lovecraftiennes « Dagon » et je rêvais de créer un jeu de rôle Lovecraft. Puis j’ai découvert l’Appel de Cthulhu, alors j’y ai joué en intensif pendant dix ans, en même temps que j’ai lu tout le corpus lovecraftien et une partie de ses continuateurs.
Le problème du racisme de Lovecraft : lire notamment le livre de Houellebecq H.P. Lovecraft : Contre le monde, contre la vie.
Oui, HPL était raciste (même s’il s’est amendé sur le tard) et ses fictions étaient racistes, des grands anciens qui sont une métaphore du récit d’invasion à sa nouvelle non-fantastique « La Rue » qui parle carrément du déclin de la civilisation occidentale et du grand remplacement, sans parler de son abject poème « On the creation of Niggers »
J’ignore pourquoi c’est passé sous mon radar si longtemps alors que je me suis toujours senti antiraciste, je crois qu’on s’est beaucoup laissé embrouiller par sa belle plume.
L’Appel de Cthulhu a-t-il su déconstruire cela ? Mystère. On notera au moins le scénario Le Jazz du Macchabée, qui met des protagonistes afrodescendants en avant et ne dissimule pas le racisme. Ou encore la campagne Les 5 supplices qui décentre l’intrigue de l’occident.
Cthulhu confidential fait mieux, en proposant d’incarner un protagoniste afrodescendant (ou une femme)
On peut envisager de jouer à l’Appel de Cthulhu sur le modèle de la série Lovecraft’s Country. Un article de The Atlantic critique cependant la série en disant qu’elle se concentre trop sur l’horreur raciale mais échoue à développer l’intériorité de ses protagonistes afrodescendants, qui sont réduits à de simples personnages-fonctions (combattre des monstres et des racistes). Nous pourrions prendre leçon de cet article et travailler davantage sur l’intériorité des personnages, conseil qui me semble valable pour toute partie ou campagne de l’Appel de Cthulhu. On peut trouver vain de développer l’intériorité d’un personnage qui risque de connaître une mort violente, mais justement cela permet de potentialiser l’horreur. cf AP de Globtopus sur les Backrooms où il passe beaucoup de temps là-dessus, et cela m’a inspiré pour mon scénario Backrooms qui commence par une longue exposition de la vie ordinaire des personnages avant le basculement dans l’horreur.
L’Appel de Cthulhu est-il fidèle à Lovecraft ? Oui et non.
Voir les conférences :
Joue-t-on vraiment l’horreur lovecraftienne ? par Christophe Dang Ngoc Chan,
50 ans de jeux de rôle – 16 – Évolution du game design des jeux de rôles d’horreur lovecraftienne, par Acritarche
L’Appel de Cthulhu, quand il sort en 1981, renforce la démarche gritty entamée avec RuneQuest (au départ, Sandy Petersen voulait publier un supplément RuneQuest sur les Contrées du Rêve, et c’est comme ça qu’il a repris le système de RuneQuest) et subvertit les codes de D&D en proposant un bestiaire de monstres intuables. Cependant, dans la même démarche, le jeu classifie, illustre, inventorie et dévoile, effaçant le mystère et l’incohérence originale du « soi-disant » Mythe de Cthulhu (qui est une invention Derlethienne, Lovecraft n’ayant pas cherché à unifier son corpus), et remodelant irrémédiablement notre imaginaire lovecraftien.
Il convient cependant de faire un point sur l’horreur indicible, qui est considérée comme le ciment du style lovecraftien. Michael Moorcock disait ironiquement que Lovecraft était très fort pour surdécrire des choses censées être indescriptibles. Alan Moore tempère en disant que les surdescriptions ne font que rajouter à la confusion et à l’incompréhension, car même les descriptions les plus cliniques et scientifiques ne font que souligner le caractère chimérique, instable et incohérent des créatures. Le corpus lovecraftien est composé de plusieurs époques et de plusieurs styles, on peut y voir de l’horreur indicible mais ce n’est pas toujours le cas, il y a aussi de la monstration.
A noter la tentative de retour à l’horreur indicible avec la 6ème édition de L’Appel de Cthulhu et ses illustrations abstraites.
Les règles : De prime abord elles sont simples mais pas assez, la créa est trop longue et on peut minimaxer. La Souche Putride résout ces deux problèmes par des systèmes de boîtes de compétences.
Le jeu permet à la fois horreur et pulp, mais les deux coexistaient déjà dans Lovecraft selon les nouvelles.
La Santé Mentale est du grand n’importe quoi, limite psychophobe. On la voit reprise de façon humoristique dans la campagne Cthulhu & Dominos.
La meilleure réussite est la magie, très inspirée de la sorcellerie avec des recettes très compliquées aux effets secondaires atroces.
L’Appel de Cthulhu aujourd’hui nous a offert le pire comme le meilleur, il en reste une ambiance décliniste, nostalgique et glacée que l’ultra-modernité des dernières éditions efface. Vivement que se multiplient les rétroclones des vieilles versions comme Le jeu 100 nom, de Philippe Tromeur.
Pour finir, quels sont les meilleurs alternatives à l’Appel de Cthulhu ? Lovecraft est dans le domaine public depuis presque 20 ans et les alternatives ont pullulé. J’ai beaucoup aimé Cthulhu Dark pour sa simplicité et le fait que les combats contre les créatures du Mythe se soldent forcément par la mort. Mais les meilleurs jeux d’horreur cosmique à mes yeux sont ceux qui s’affranchissent totalement du corpus lovecraftien, ce qui permet l’effet de surprise et donc plus de convergence avec son personnage (les parties de L’Appel de Cthulhu ressemblant parfois à un quizz pour expertts du Mythe) : je citerai parmi mes préférés Innommable et Horrifique. Et je ne saurais trop te conseiller de jouer de l’horreur indicible avec Le Témoignage qui est un jeu très simple vraiment conçu pour ça et que tu pourrais apprécier du moment où tu acceptes une part de play to lose et de fateplay.
Je dois préciser, pour compléter d’où je parle, que j’ai essentiellement joué des scénarios maisons. J’ai lu et fait jouer quelques scénarios officiels, et jamais de campagne. Pour ce qui est des campagnes, je n’ai comme approche que mon écoute de l’actual play de la campagne Les Montagnes Hallucinées, par Club JDR
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Il cherche les ennuis le Thomas !
Les trouvera-t-il ?
Suite au prochain numéro.
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