L’Auberge des méandres

L’AUBERGE DES MÉANDRES

Un lieu étrange, traversée par des temporalités multiples et des phénomènes surnaturels.. Un RP textuel à trois personnes.

(temps de lecture : 10 min)

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Arthur E Smith, domaine public

L’Ensourcellement, un voyage intronaute au cœur de votre personnage dans l’immensité verte de Millevaux

Joué en textuel du 17/12/2022 au 11/07/2023

Le contexte :

Ce RP textuel a été réalisé dans le forum dédié aux RP textuels Millevaux (encore un grand merci à Milloupe et Psum pour cette création). Il s’étale de décembre 2022 à juillet 2023, ce qui doit vous illustrer le fait qu’on a eu énormément de difficultés à se mettre en route. [Je me répète, je j’ai déjà relevé dans le compte-rendu de notre autre RP sur ce forum]. Le forum est actuellement inactif. Ceci dit, l’outil demeure et n’attend plus que vous pour renaître 🙂

Le forum principal, dont a fait l’objet le précédent RP, disposait de ses propres règles. Dans le fil unique qui fait l’objet du présent RP, j’ai proposé une structure à la fois plus relâchée (pas de contrainte au niveau du nombre de mots), mais aussi se basant sur un système, en l’occurrence L’Ensourcellement. Ma proposition était la suivante : « L’idée bien sûr est de tenir compte des messages précédents, c’est donc une partie de jeu de rôle à plusieurs, mais en table ouverte : aucun engagement de rythme ou ee durée précis. On arrêtera quand on en aura marre ou quand on aura l’impression d’avoir trouvé une fin. »

Et merci beaucoup aux personnes qui jouaient Vertèbre et Culoup pour m’avoir donné la réplique. Pour ma part, je jouais Rootboy.

L’histoire :

Rootboy

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Eric Parker, cc-by-nc & Thomas Munier, cc-0

J’ai ce souvenir qui me hante en permanence, causant migraine et psychose. Cette chose qui m’est arrivée, dont je me sens à la fois coupable et victime.

Seule la drogue, l’amanite tue-mouche me permet d’apaiser un peu cette hantise, au prix de visions étranges et parfois cauchemardesques.

J’aimerais tellement trouver un.e ami.e. Il me semble qu’à deux nos peines seraient plus légères à porter.

Je vois alors au loin la lanterne caractéristique d’une auberge. J’ai peur des humains en groupe, mais ça me tente d’aller voir, je pourrais peut-être y trouver l’ami.e que je cherche.

Après m’être frayé un dur chemin au travers des ronces et des orties, j’arrive au pied de ce qui semble être un bâtiment de bric et de broc. Le seul indice que c’est bien une auberge est une enseigne cabossée en forme de chope, sans titre d’établissement.

Je prends une grande goulée de l’air froid du dehors où pointent déjà des odeurs de frites et je rentre.

Vertèbre

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pietplaat & georgie sharp

Elle s’appelait Hurepoix, et elle allait partout où j’allais, juchée sur mon épaule, sa fourrure empestant l’humidité mais sa petite tête blotti dans mon cou me réchauffant malgré tout.

Hier, elle m’a parlé dans un rêve, me révélant qu’elle devait partir au plus profond du cœur de la forêt pour rétablir l’équilibre dans la guerre des horlas. Je me suis dit, même dans mon rêve, que c’était une mission bien difficile pour une petite furet, mais ce matin elle n’était plus là.

Alors demain, je pars à sa recherche, parce qu’elle aura sûrement besoin d’aide, et parce que maintenant j’ai froid sous la pluie.

Rootboy

J’entre et je m’installe à une table en faisant mine de pas vouloir me faire remarquer. Il y a curieusement beaucoup de monde dans cette taverne, les hommes et les femmes (et les autres) sont entassé.e.s comme au rendez-vous des damnés. ça braille et ça bouge, mais surtout y’a des odeurs.

Outre celle des frites, celle de la bière, des pieds, de la sueur, des haleines chargées, des parfums outranciers…

et y’a mon odeur. Je me renifle le bras pour vérifier. L’auberge est imprégnée de mon odeur !

Et je réalise avec étonnement (faut-il ?) que je suis déjà venu ici.

Je n’en ai aucun souvenir mais je dois reconnaître que cet endroit est imprégné de ma trace mémorielle jusqu’à la moelle.

Une tempête de sentiments contradictoires déforme mon visage.

Qu’ai-je jadis fait et vécu dans cette auberge ? Y ai-je laissé un bon ou au mauvais souvenir ? Ou, hélas et plus probablement, aucun ? Je n’ose pas demander aux convives de me parler de moi. Ils n’ont pas l’air de me remarquer tant que je garde ma capuche.

C’est alors… qu’un furet culotté vient grignoter dans ma gamelle.

J’ai adopté le petit furet. J’ai payé mon écot à la taverne d’un modeste souvenir, puis je suis monté me coucher dans une chambre qui sentait la frite et toute la cohorte des suintements humains du voyage.

D’habitude, je dors très mal, mais est-ce grâce à la chaleur du furet ou par l’effet étrange des lieux, je me suis assoupi comme une masse.

J’ai ouvert les yeux et j’ai su que j’étais dans un rêve. Il avait ces contours à la fois flous et profondément familiers qu’ont les rêves du passé.

Je me réveillais dans mes rêves et j’étais au même endroit, dans la même chambre. Mais une personne dormait à mes côtés. Elle avait un visage à la fois beau et grave, et si je n’avais aucune idée de ce qui nous liait, son nom m’est revenu :

Vertèbre.

Vertèbre

J’ai marché sous l’orage, sombre et étouffant, dans une direction au hasard. J’avais froid et peur, et mon sac à dos a commencé à se découdre, encore. J’ai fini le trajet en le portant au dessus de ma tête, pour essayer de m’abriter de la pluie.

J’ai atteint une taverne, ça sentait la soupe de betterave et l’humidité. Personne n’y avait vu Hurepoix, la plupart ne savait même pas à quoi ressemblait un furet. Mais un vieux mystique, accoudé au bar, avant que je pose la moindre question, m’a dit que j’allais dans la bonne direction. Je pense qu’il m’a volé un souvenir, en échange.

Je repartirai demain, quand l’orage aura cessé d’écraser le ciel. J’ai payé pour ma chambre et un fil de couture, et je suis allé me coucher. J’ai veillé tard pour réparer mon sac, et je me suis assoupie dessus. J’ai passé une nuit éprouvante, je n’arrêtais pas de rêver que je me réveillais, et quelqu’un me regardait.

Rootboy

Ce n’était pas un rêve comme les autres c’était un rêve où je pouvais être actif mais je sentais que ma marge de manœuvre était limitée aussi j’ai choisi de me séparer d’une de mes deux épingle à cheveux mes cheveux sont tombés des épaules et cette épingle en écorce était très reconnaissable et semblable à ce que j’avais encore sur moi et donc ce que j’ai fait c’est que j’ai mis ma deuxième épingle dans les cheveux de la personne auprès duquel je dormais et après je me suis réveillé

Culoup

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keightdee

J’ai vu de la chaleur dans cette vieille auberge au nom seulement pictural. Du coup j’irais bien toquer. Avec de la chance, j’y retrouverai ce vieux cul-rouge d’Errance. Mais d’abord ma Belle je vais t’en donner un de nom. Je tire de ma ceinture ce coutelas que j’aime tant et je taille à même le bois de la porte : « Au péril de ma vie ! ». Je repasse un coup de charbon sur ces entailles, époussette d’un geste tendre le surplus et murmure à la porte : « Et voilà ma belle, c’est pas très bon mais tu va voir qu’à partir de maintenant ça ira mieux. » Finalement je ne toque pas ; je caresse doucement la lame de mon coutelas et le glisse à ma ceinture ; je m’assure aussi que la forme de mon sac plastique ensanglanté ne trahit pas la tête coupée qu’il contient ; je lui demande une énième fois « T’es qui bon sang ? Pourquoi t’es toujours collé à mes basques ? Tu crois quand même pas que je suis responsable de toi ? » ; enfin j’ouvre, et j’entre.

TÊTE –

Toiture en ruine, murs de pierre moussue, reliefs de meubles. Sous un coin de toit épargné : un nids, au bas la fiente. Vaisselier rongé – il recèle peut-être encore un trésor de porcelaine presque intact. Parquets vermoulu, des racines l’éventrent par endroits. Bris divers au sol. Table-plastique renversée, aux pieds un plateau en formicas et de jolies chopines en bois cerclées de rouille ; quelques pas plus loin, les os d’un petit animal élancé, peut-être un rongeur. Et cette porte d’une solidité terrible, toujours accrochée à ses gonds, ouverte vers l’intérieur…

Je me souviens pourtant de leurs figures gaillardes, de ces bonnes frites grasses, de la soupe chaude et de ses invectives chantantes.

CULOUP –

« Hey ! Sers-ripaille ! Envoie la boustifaille ! Toi ! Ventre-à-glands ! Partage un peu ton écuelle ! J’ai les crocs ! Et toi la gueule-de-mots ! Claque ta langue et gratte la ficelle ! T’es là pour muser ou égailler ?! Vous tous ! Riez ! Échappez-vous d’une belle esclaffade grasse comme vos doigts ! Chez moi on nique la poisse et on s’enjaille jusqu’à plus soif ! »

TÊTE –

Ce n’était pas vraiment sa demeure mais ça oui : c’était chez elle ! Et elle dispensait littéralement sa joie à ces gens de passage. Par quels mots fatigués alpaguait-elle encore au matin d’une voix qui avait trop veillé cette personne empressée ?

Vertèbre

Je me suis réveillée – pour de bon cette fois – au feu d’artifice sonore de cris et de rires éclatant dans la salle principale. J’ai tellement (mal) dormi qu’il est déjà tard, c’est le déjeuner qui répand ses odeurs de graisse quand je sors de la chambre avec mes quelques affaires. Quelque chose a changé, j’en ai la certitude, mais je ne sais pas quoi. Je me gratte la tête, perplexe, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

Il y a plus de personnes dans cette pièce que d’habitant·es dans mon village. Le brouhaha frappe mes tympans à grands coups d’éclats de rire et d’engueulades soudaines. Mais il faut bien que j’aie une piste. Une grande inspiration, et je m’approche d’un groupe au hasard.

« Vous avez vu Hurepoix ? »
« Qui ça ? » Une trogne improbable, rouge comme le vin qu’elle boit.
« Mon furet, il est parti. »
« Pourquoi, t’as essayé d’le bouffer ? » Il part d’un rire gras qui répand une traînée de miettes de frites à moitié mâchées.

« Vous avez vu mon furet ? »
« Ton quoi ? » Des lunettes comme des culs de bouteille soulignent un regard perplexe.

« Vous avez vu un furet ? »
« Pourquoi, il t’a piqué ton mec ? » Un sourire sarcastique fend le visage bouffé de rides de la vieille.
« Non, je… » Mais déjà elle ne prête plus attention à moi.

Rootboy

Je me réveille en nage.

Il y a un problème avec le temps dans cette auberge.

Le furet est toujours dans la chambre, mais il gratte furieusement à la porte, comme s’il avait perçu une présence amie derrière.

Je sors mon antique chronodétecteur.

Il crachote à grand-peine quand je l’actionne, et l’écran met du temps à produire autre chose que de la neige, mais une fois les oscillations apparues, le verdict semble sans appel :

Cette auberge cumule plusieurs temporalités.

Vertèbre

Au centre de toute l’agitation de l’auberge, je vois une personne qui semble ordonner aux autres de s’enjailler, comme si sa vie en dépendait. Ses élans verbaux impromptus me tirent un instant de la tristesse d’avoir perdu Hurepoix, et j’éclate de rire d’un coup, à m’en faire mal à la gorge.

J’essaie de m’approcher de la personne qui gueule, je vois qu’elle a un sac en plastique bizarre accroché à la ceinture, mais à chaque pas la pièce se recule d’autant que je me suis avancée, comme si je glissais le long d’une pente. Ma vision se brouille. J’entends, par delà les éclats de rire et les engueulades, le grattement d’un rongeur contre du bois. Hurepoix ?

Je fais encore un pas et, sans prévenir, je me retrouve nez à nez avec la porte de l’auberge. Il se passe des trucs bizarres ici. Est-ce que je devrais pas plutôt sortir ? Mais le bruit de grattement continue à venir de quelque part, de quelque temps.

Rootboy

Le furet gratte frénétiquement le plancher de la chambre. J’ai l’impression qu’il décèle un passage qui échappe à mes sens. Je descends au rez-de-chaussée. Personne. Il y a des toiles d’araignée partout, et une drôle d’odeur qui émane de l’arrière-cuisine

À l’extérieur de l’auberge, tout à l’air mort dans la forêt.

Je crois bien que je suis bloqué dans une temporalité qui n’est pas la mienne !

Si seulement je pouvais trouver ce passage que guette le furet…

Je passe dans l’arrière-cuisine. Il y a plein de squelettes entassés. La pourriture qui gonfle leurs dernières chairs est responsable de l’odeur que j’avais sentie. ça ressemble bien à un massacre !

Sur le mur de l’arrière-cuisine, il y a une fresque gravée dans le bois, comme à coups de griffes.

On dirait bien un message. Il doit dater du moment du massacre, mais l’écriture a l’air si… ancien… plus ancien que l’homme même.

Pas de doute, l’inscription est en langue putride.

Comment la déchiffrer ?

Vertèbre

Je me retourne lentement vers la salle, en gardant une main sur la porte de l’auberge juste derrière moi. Les conversations et les rires m’arrivent comme étouffés à travers une vitre, lointains, irréels. Même les odeurs de gras et d’alcool semblent s’éloigner, s’estomper derrière la lourdeur d’un nuage de moisissure et de poussière.

D’abord du coin de l’œil, puis en plein milieu de la salle, je vois des lianes apparaître, pousser à toute vitesse, ramper vers les silhouette encore entassées sur les bancs, mangeant et buvant sans prendre conscience de ce qu’il se passe. Puis je tourne la tête -ou alors c’est juste que j’ai cligné des yeux- et je n’ai plus devant moi qu’une salle en ruine, sillonnée par les lianes et les ronces.

Je sens mes jambes qui se mettent à trembler et un frisson me parcourir toute la colonne, ma respiration s’accélère alors que je vois une liane continuer de pousser, d’avancer, de ramper -droit vers moi.
Je sursaute et cours par la porte derrière moi, je fuis cette auberge. Quand je me retourne, c’est à peine si je discerne l’auberge sous l’amas de lianes qui l’enserre.

Rootboy

Je vois par les fenêtres du rez-de-chaussée des silhouettes qui s’approchent de l’auberge. Le furet grogne comme s’il trouvait cette arrivée malfaisante.

A voir leurs cagoules, je devine qui ils sont.

Ils étaient venus pour moi, c’est eux qui ont tué tout le monde, et ils reviennent pour moi.

Il faut à tout prix que je puisse phaser dans un autre espace-temps pour leur échapper.

Mais pour cela je suis obligé de replonger… dans le SOUVENIR

Je suis dans une clairière couverte de rouges aiguilles de résineux.

Un feu ardent brûle au centre. Nous sommes une dizaine d’encapuchonnés à l’entourer, nous tenant les bras.

Je suis l’un d’eux. Et notre victime est au centre du feu. Inconsciente.

Vertèbre.

Nous entonnons des chœurs en langue putride. Je souffre énormément. du MANQUE. Je suis un TOXICO des souvenirs, sûrement comme tous ces dégénérés autour de moi.

A mesure que notre chorale putride s’intensifie. Un filet de vapeur sort de la bouche de Vertèbre. Son souffle mémoriel.

Mon chant s’intensifie, je pratique la respiration ventrale pour le maintenir en force et en majesté. Les abominables syllabes de la langue de Shub-Niggurath qui nous accorde son pouvoir.

C’est ainsi que j’aspire la mémoire de Vertèbre.

C’est terrible de revivre le souvenir, mais cette apnée a rempli son rôle : je me rappelle désormais de la langue putride, et je peux donc lire la fresque gravée dans la cuisine.

ça a marché. Je suis toujours dans la même auberge, mais je sens qu’elle est différente. J’ai phasé !

Des lianes commencent à l’envahir à toute vitesse. J’entends le cri de frayeur du furet, empêtré dans des vrilles. J’ai tout juste le temps de l’en arracher et de courir hors de cette demeure qu’elle finit déjà totalement ensevelie sous la végétation !

Je suis temporairement en sécurité dans la forêt, mais j’ai beaucoup trop de questions à répondre.

Il y a des destins.

Des destins croisés.

Ils se nouent et se dénouent dans cette forêt des possibles.

Les demeures ne sont que des buissons d’âmes gorgés d’égrégore qui alimentent toute cette étrangeté, ces aberrations mystiques, spatio-temporelles, mémorielles.

Dans quel dimension ?

Dans quel repli ?

Dans quel terrier du réel ai-je échoué ?

Je l’ignore.

A qui appartenait ce furet qui est désormais mon compagnon ?

Je ne le saurai probablement jamais.

Une âme que j’ai juste croisé, un destin qui m’était lié, mais dont le secret ne me sera pas révélé.

Nous n’avons pas le loisir de chercher à comprendre.

Il nous faut d’abord vivre.

Adieu.

Un commentaire sur “L’Auberge des méandres

  1. Vous vous rappelez peut-être que j’avais annoncé la fin de mes comptes-rendus de partie. https://outsiderart.blog/2024/09/02/la-fin-et-le-bilan-des-comptes-rendus-de-partie-par-ma-plume/

    Suite à cela, j’avais en fait retrouvé des comptes-rendus inédits dans mes archives, et donc j’ai « trahi » mon annonce en publiant encore quelque chose comme une dizaine de comptes-rendus de partie.

    Bon, sauf découverte archéologique improbable, j’ai maintenant vraiment épuisé mon stock. Il est possible que je fasse des comptes-rendus de GN car en général il y a beaucoup de contenu à valoriser, mais je suis pour l’instant à jour, le dernier étant le CR d’Invitation à la cour féerique https://outsiderart.blog/2025/01/15/compte-rendu-de-gn-invitation-a-la-cour-feerique/

    Mon dernier GN était un petit huis-clos (L’Entrevue) et je n’ai pas jugé utile (et n’ai de toute façon pas le temps) de consacrer deux ou trois heures à en faire un compte-rendu https://outsiderart.blog/2025/01/30/publication-lentrevue/

    Je n’ai pas de GN de prévu dans les prochains temps. C’est assez chronophage à organiser, et le temps est la principale ressource qui me manque.

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