PERPETUAL
Quand le non-sens fait des boucles, la chute n’est que le meilleur moyen de se relever.
(temps de lecture : 3 min)
Le jeu : Dragonfly Motel, un jeu-mirage pour voyages imprudents
Joué le 24/11/17 à la Tournée Paris est Millevaux 6

Adi Korndörfer, cc-by-nc-nd, sur flickr
Le contexte :
Cette partie fut jouée avec la version Plumes (tous les papiers sont rédigés en avance avant d’être distribués). La fiction est restituée tant bien que mal à partir de mes notes que j’ai du mal à saisir avec le temps passé (je ne me rappelle même plus quel personnage j’incarnais ni ce que j’ai pu faire : exceptionnellement ce compte-rendu évoque surtout les actions des autres). Mais je suppose que la partie n’avait guère plus de sens, tant les curseurs de la poésie libre ont été poussés loin.
L’histoire :
Un petit homme saute du lavabo. Il rentre dans un costume taille adulte. A l’intérieur, il s’installe aux ficelles. Il descend jusqu’à la réception pour régler sa note.
Le parking. Une voiture vide. Les coins du parking se soulèvent : on voit une personne dans le noir.
Une fenêtre donne sur les étoiles. L’ange gardien cherche à enregistrer ces étoiles.
Un employé Sikh veut vérifier les ampoules.
La femme-spirale fixe l’ampoule au plafond.
Un drap en papier de verre, des murs en noyaux de cerise, des murs lépreux.
ça va pas
Je voulais purger mon système de cette saloperie. Je tombe dans le matelas.
L’enfant entend un bruit. Il attend son papa.
« C’était moi à quel âge ? »
« C’était toi papa ? »
« J’étais le meilleur en dictée. Et pourtant j’avais le droit au placard. »
Par la fenêtre on voit la lune. Les étoiles sont attirées par un siphon. Le ciel se vide.
La porte est vissée. La clim et les outils fonctionnent en même temps.
« Il est où ton papa ? », demande un pompier avec une hache.
« C’était le pompier qui a tué mon père ». Une hache pète la tête de quelqu’un.
Le costume n’est plus là.
Ils remontent les chambres à rebours : 622, 621…
Il remonte la montre : 6h22 6h21
La salle de bains. Des cheveux blonds. ça sent le moisi.
Le petit homme arrache les ampoules avec un lasso. Il ouvre son carnet de poche à la 603è page, il y écrit « ampoule », il raye les premières lignes.
Le petit homme attrape un rat avec un aspirateur et met de nouvelles ampoules.
Un homme avec un chapeau melon et un visage en bois.
L’enfant va dans la gueule du rat.
Des ambulanciers cow-boys débarquent.
Il pleut, les chats envahissent le motel.
Le pantin et l’ange gardien font les étages à la recherche d’ampoules.
L’enfant lance un incendie.
Une vieille dame.
Une femme blonde christique.
« Je vais voler. »
Un ambulancier lui tend un sac.
« Pleure. »
La chute.
L’ange gardien, dans une voiture en panne dans le désert.
La femme-spirale engueule l’enfant.
« Arrête d’appuyer sur le bouton. »
« Oui mais en nourrissant le rat, je vais le faire exploser et retrouver mon papa. »
Papiers :
La femme-spirale
Destin : un dessin de spirale
Destin (déchiré) : tu le sens dans tes os. Tu vivras éternellement
Beauté (déchiré) : Mon regard ensorcelle tout ce que je vois et les attire… ou bien est-ce moi qui suis attirée ?
Motivation (déchiré) : aller au fond, le plus au fond possible #ravin
Motivation (déchiré) : l’irrésistible envie de voler
Beauté : la fascination pour la mer
Mes papiers :
(non distribué) Beauté : la ville de Persépolis
(non distribué) Blessure : le formica-punk
(non distribué) Blessure : tenir un journal de tatouage
Beauté : […] ation de la […]
Beauté : une vérité qui fait pleurer de bonheur
Motivation : Démêler le songe du mensonge
Attache : une mappemonde du 18è siècle (vénitienne)
Blessure : jamais grandir
Beauté : un mouchoir en soie rouge
L’ange gardien :
Question : quel est le sens de la vis ?
Blessure : une immense douleur qui vrille l’estomac
Destin : tu es ange gardien. Annule la mort des vertueux. Sinon… (symbole de la mort)
Le petit homme dans le costume
cachés :
Attache : la famille
Blessure : je suis apatride
Attache : le fil de tes songes
posés :
Question : aurai-je le temps de tout faire en 24 heures ?
Attache : un vieux rat qui te suit partout
L’enfant :
Question : […] lascif […] devoir de le […]
Question : A quoi sert la dernière vis ?
Question : Qu’y a-t-il dans la chambre voisine ?
Motivation (déchiré) : ton dieu a soif. toujours. c’est ton devoir de le nourrir
J’en suis étonné, mais je n’ai à ce jour pas trouvé de jeu de rôle qui donne autant dans le non-sens que Dragonfly Motel. Si jamais vous avez des titres à me suggérer, je suis curieux 🙂
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De mon point de vue, c’est plus surréaliste que non-sensique.
Avec cette définition du non-sens : le non-sens débouche sur l’absurde parce qu’il détruit le sens qu’il produit. C’est un procédé souvent ancré dans une philosophie du langage. C’est un domaine assez précis : Alphonse Allais, Eric Idle, Lewis Carroll.
Alors que là, il y a une tension, un « désir » jamais assouvi qui crée la dynamique et une couleur émotionnelle disons onirique, à saveur d’inconscient, etc. Et quant aux moyens utilisés, c’est une esthétique à base d’images comme vue sur la scène de l’esprit. C’est difficile à exprimer précisément : disons Lynch, Magritte.
Désolé, aucun titre à suggérer pour rerouver cette couleur. Je trouve ça juste incroyablement beau.
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Oui en effet c’est plus surréalise que non-sense. En tout cas ravi que ça te parle !
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