Je vais cesser de diffuser des articles sur la créativité.
Les notes que j’avais pour de futurs articles sont obsolètes, répétitives ou manquent de tests dans la réalité.
En cessant d’écrire des articles sur la créativité, je gagne un peu de temps et je libère un créneau pour diffuser des news sur mes autres activités, essentiellement le jeu de rôle et l’univers forestier de Millevaux.
Ce qui suit est un article-testament pour conclure 5 ans et demi de réflexions sur la créativité.
C’est possible que je revienne écrire dans quelques mois ou quelques années, mais aujourd’hui, je préfère penser comme si cette phase était définitivement terminée.
Je vais poursuivre sous d’autre formes. Ainsi, le 24 Juin, de 14h à 16h, j’organise une conférence-débat sur le thème « Pauvreté et créativité » au Shakirail, à Paris, qui promet d’être passionnante. Et tous les mois, dans mon bilan, je ferai part de mes changements de méthode si cela me semble utile.
Je pense avoir transmis mon message et à moins d’opérer un changement révolutionnaire, je n’ai rien de neuf à ajouter. Et je voudrais éviter de me répéter plus que je ne l’ai déjà fait.
Le message est simple : créons. C’est ce que je m’attache à faire. Créer plutôt que de parler de créer. Faire plutôt que dire.
Si je devais résumer ce que j’avais à dire sur la créativité, cela tiendrait en quelques principes :
+ Aller à l’essentiel.
+ Oublier la qualité.
+ Faire plutôt que terminer.
+ S’exprimer en toute sincérité.
+ Garder un esprit sain dans un corps sain.
Si ces quatre axes peuvent se résumer en : lâcher prise ; j’ai aussi axé sur ma réflexion sur la méthodologie, et, lâchons un gros mot, sur la productivité. Encore aujourd’hui, la seule méthode qui me paraisse vraiment puissante, c’est la méthode GTD. Je vous invite à redécouvrir comment je la pratique et comment je l’ai augmentée en centralisant tous mes projets dans un tableau de bord unique, sur cet article.
Je voudrais clore cet article par deux pistes de travail en court : l’art d’arrêter et le stoïcisme.
Ce sont deux approches assez récentes pour moi, il m’est difficile de vous promette qu’elles fonctionnent ni même que je m’y tienne avec discipline, mais puisque je vais cesser les articles sur la créativité, autant vous en faire part avant de baisser le rideau.
Dans l’art d’arrêter, une créativité heureuse passe par l’ouverture de centres d’intérêt et par la fermeture d’autres. Une fois qu’on a ouvert ses vannes de sa créativité, la tentation est grande de s’intéresser à beaucoup de choses, de commencer beaucoup de projets, de multiplier les passions et les activités. Il y a un réel plaisir à commencer dans un nouveau domaine. Mais on peut trouver un tout aussi grand accomplissement en clôturant certains centres d’intérêt.
Faire un bilan et se dire : « Tel domaine, je l’ai assez exploré. J’en ai fait le tour. Et je suis très heureux de passer à un autre chose. Cela fait partie de mon patrimoine, cela m’a enrichi et maintenant je tourne la page. »
L’art de s’arrêter est pour moi une source de satisfaction, mais c’est aussi une respiration essentielle dans une vie où les projets s’accumulent et créent un sentiment d’urgence et d’incomplétude.
Les articles sur la créativité, j’en ai fait le tour. Mais je vais arrêter d’autres choses. Après trois mois de jeu de rôle textuel passionnants, je vais arrêter aussi. Mon jeu de rôle textuel Les Forêts Mentales, je lui souhaite de connaître une postérité, mais en étant joué sans moi. C’est après tout pour cela qu’il a été conçu.
J’ai passé des années à rédiger un compte-rendu pour chaque partie de jeu de rôle que je jouais. Aujourd’hui, je comble mon retard de comptes-rendus inachevés, je rédige encore les comptes-rendus de partie que je vais jouer IRL jusqu’au mois d’août, mais j’ai déjà arrêté de rédiger les comptes-rendus des parties que je joue en ligne (ce qui m’a d’ailleurs libéré l’esprit pour rejouer en ligne !). Vous allez encore voir beaucoup de comptes-rendus de ma plume après septembre car j’ai toute une réserve à diffuser, mais je n’en écrirai plus de nouveau. Je pense les comptes-rendus de partie utiles, instructifs et passionnants, mais en ce qui me concerne, j’ai apporté ma contribution à l’exercice, et ce sera terminé.
Il y a des tonnes de petites et grandes choses que j’ai envie d’arrêter, et cela apporte une respiration dans ma vie. Parmi les petites choses, j’ai cessé de prendre un petit-déjeuner. Je jeûne jusqu’à midi et depuis, mes matinées me paraissent plus longues et pleines d’énergie.
Je vais terminer l’écriture de jeu de rôle. Plus exactement, je vais encore finir le développement de mes jeux en cours (Little Hô-Chi-Minh-Ville, Écorce, Wonderland) et rédiger et publier tous les jeux déjà développés, mais je m’interdis de développer de nouveaux jeux de rôles, petits ou grands. Tout ceci va encore me prendre quelques années, ceci dit.
Mais je vais ainsi me dégager du temps pour poursuivre l’exploration de l’univers de Millevaux sous d’autres supports : jeu de société, jeu de rôle grandeur nature, littérature… et pourquoi pas, au gré des rencontres, d’autres médias encore : jeu vidéo, cinéma…
La vie est longue et j’ai encore beaucoup de choses à arrêter et cette pensée m’apaise.
La deuxième piste, c’est la philosophie stoïcienne.
C’est une façon de penser qui date de l’Antiquité, à laquelle je me suis intéressé de plus en plus. Je commence à la pratiquer, car elle peut m’apporter le bonheur et la sensation d’accomplissement qui me font défaut.
Cela m’est difficile d’en parler, car je suis encore débutant dans la discipline, donc je suis loin d’en maîtriser ou d’en appliquer les notions tout à fait.
Si je devais la résumer aujourd’hui, à grand traits, je dirais que le stoïcisme réside en quelques principes :
+ Vivre chaque jour comme le dernier.
+ N’apprécier ou ne s’alarmer que des choses qui arrivent juste dans la minute.
+ être détaché des êtres et des choses.
+ être conscient de sa propre vanité et de la vanité du monde.
+ Ne pas s’attrister des pertes ou des échecs, ne pas se réjouïr des gains ou des accomplissements.
+ Faire ce qui est en son pouvoir, et ne pas s’émouvoir de ce qui est hors de son contrôle.
+ Rechercher la liberté et la santé, mais être heureux même esclave ou mourant.
C’est quelque part un mode de pensée assez effrayant, car il consiste en une extinction des émotions. C’est assez difficile de se revendiquer stoïcien sans passer pour prétentieux ou inhumain. Je vous en parle aujourd’hui car c’est mon article-testament, mais en général, je le réserve à mon jardin secret. Plus je progresse dans cette discipline mentale, plus je me sens apaisé.
C’est en cessant de poursuivre un but qu’on peut être enfin heureux d’aller nulle part.
Comme toujours avec tes articles importants et marquants : chapeau bas, l’artiste !
Tu as infiniment raison : savoir arrêter est une habitude que l’on perd trop souvent de vue. Pour ma part, je n’ai réalisé son importance que récemment.
Je partage ton avis: l’application des principes du stoïcisme permet un réel mieux vivre et un apaisement que je ne pensais pas pouvoir obtenir.
Merci pour tes articles sur la créativité. Même si je ne les ai pas tous lu, je les ai toujours trouvé passionnants et ouvrant sur de nombreuses réflexions.
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L’art d’arrêter, ça me parle beaucoup… Pas toujours facile de faire le deuil de certains projets, mais c’est pour laisser davantage de place à d’autres, et aussi une façon métaphorique d’accepter le changement qui est le principe de toute vie. 🙂
Quand j’avais 17, 18 ans, j’étais pas mal dans le stoïcisme. Aujourd’hui, je cherche plutôt l’équilibre… Or, étant de nature une personne hyper cérébrale et détachée, pour moi l’équilibre consiste plutôt à me reconnecter à mon corps et à mes émotions, à vivre plutôt qu’à penser. J’ai aussi toujours trouvée bizarre cette idée de vivre chaque jour comme si c’était le dernier. À ce compte-là, j’irais m’allonger dans un parc et me laisserais mourir; car c’est ainsi que j’aimerais passer mon dernier jour, dans la pure contemplation et la réjouissance. Non, c’est la perspective du futur qui nous force à l’action, la nécessité de faire face aux conséquences, d’assumer les retombées.
Sur ce, bon vent pour la suite!
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Merci beaucoup pour ce retour !
Evidemment, se projeter dans le futur a bien des intérêts. Mettre en place des projets, mener une vie plus saine, construire quelque chose…
Pour autant, songer à notre mortalité et à celle de nos proches a aussi son intérêt. Si aller t’allonger dans un parc est la chose que tu ferais pour ton dernier jour, qu’est-ce qui t’empêche de le faire aujourd’hui ? Vivre dans la conscience de sa mortalité et de celle des autres apporte aussi des relations humaines plus apaisées. On se figure trop souvent qu’on aura plus tard l’occasion de s’excuser, de s’expliquer, de réparer… Si on se dit que demain l’un d’entre nous ne sera plus, nos disputes deviennent vaines. C’est aujourd’hui qu’il faut être en paix avec l’autre. C’est aussi cette démarche qui m’a poussé à ouvrir mon travail, à publier quelque chose tous les jours, à diffuser mes brouillons, à mettre mon travail dans le domaine public vivant. Si je devais mourir demain, un maximum de mon oeuvre serait déjà accessible et réutilisable directement. Se dire qu’on a qu’une vie, c’est aussi justement limiter le nombre de ses projets à ce qui est humainement réalisable… C’est enfin mettre son travail en pause parce que son enfant demande à jouer… C’est s’affranchir de notre dépendance à l’argent qui nous pousse à mener des vies contraires… C’est penser à dire aux gens qu’on les aime…
C’est toute cette déconstruction qui amène à se dire : « Si je devais mourir demain, je ne vivrais pas ma journée autrement. »
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