Le salaire mirobolant de certains sportifs de haut niveau est souvent source de scandale. On pourrait aussi s’offusquer de la répartition inégalitaire des droits d’auteurs reversés par la SACEM, indexés sur les ventes de disques, qui profitent avant tout à une minorité d’artistes.
Ces créatifs sont riches grâce à plusieurs facteurs : on peut supposer qu’ils ont beaucoup travaillé, que ce travail a été reconnu, qu’ils ont du talent, que ce talent a été reconnu (ou rencontre les goûts du moments puisque le talent est une valeur relative), et aussi que ces personnes ont été au bon endroit au bon moment et ont profité d’un système qui les avantage (notamment un système de répartition pyramidale des gains).
Nous pouvons trouver cela injuste, inégalitaire, accuser le système.
Nous pouvons aussi nous demander si les grands footballeurs seraient aussi bien payés si nous regardions moins leurs matchs. Si les disques d’Universal accapareraient une telle part du profit si nous écoutions moins leurs disques.
La répartition égalitaire des profits créatifs peut se faire par un changement de système. Mais elle peut aussi se faire par un changement dans la façon dont nous répartissons notre attention. Si nous fuyions un peu les valeurs sûres et accordions plus d’attention aux créatifs ignorés, nous ferions preuve d’une plus grande solidarité. Et nous ferions sans doute de belles découvertes et de belles rencontres.