Comment l’exercice de la pleine conscience est-il compatible avec la créativité ? En quoi leur association est-elle vertueuse ?
La pleine conscience, c’est l’acte de se concentrer sur le moment présent. Laisser couler nos pensées au sujet du passé ou de nos projets futurs, se concentrer sur les sensations de notre corps, et sur le monde qui nous entoure.
Pour y parvenir, il faut penser au processus. Penser à ne pas penser ? Plutôt, penser au fait que nos pensées sont utiles, mais il est une chose encore plus importante sur lesquelles nous concentrer : l’instant présent. Sinon plus important, en tout cas plus fragile, comme le dit Christophe André dans Méditer jour après jour.
Se concentrer sur l’instant présent, c’est cultiver la sérendipité. Lorsque nous sommes attentifs à l’instant présent, nous remarquons des choses qui nous échappent d’habitude. Notre expérience du monde s’agrandit. Et cette expérience, c’est le matériel de la créativité. Se concentrer sur l’expérience qu’on vit permet davantage d’associations d’idées inattendues qu’un brainstorming ou une cogitation permanente. La meilleure façon d’avoir des idées serait donc… de veiller à autre chose.
Pourquoi être attentif à cet instant précis ? Car cet instant est unique. « Regarde attentivement car ce que tu vas voir n’est plus ce que tu viens de voir. », disait Léonard de Vinci. L’expérience que l’instant nous offre n’aura plus jamais lieu. Alors qu’on peut reporter à plus tard nos cogitations au sujet du passé ou du futur, ou y consacrer moins de temps, surtout lorsqu’elles représentent un fardeau.
La pleine conscience est aussi un moyen de réduire certaines habitudes qui nous grèvent notre énergie. Lorsqu’une de ces envies nous vient en tête, plutôt que d’y céder aussitôt, on peut observer notre envie et la regarder se dissiper. Arrêter de voir la faim comme un état qu’on doit combler. J’ai faim. J’ai toujours faim. La faim m’est passé.
Ainsi de l’envie de vagabonder sur internet ou de toute autre chose qui nous distrairait de notre ouvrage en cours. Les distractions peuvent être bienvenues, à condition d’observer quelque temps l’envie de se distraire avant l’acceptation.
Vue sous cette angle, la paresse n’existe pas. Si nous nous observons, nous connaissons nos niveaux d’énergie et l’effort que nous sommes capables de fournir à un instant précis. Et quand nous cédons à une distraction, nous le faisons en connaissance de cause, et nous en profitons, sans culpabilité, comme d’un temps de re-création, dont nous allons pouvoir savourer chaque moment.
Quand nous sommes en pleine conscience, nous prenons un nouveau départ à chaque instant. Qu’importe si par le passé nous avons consacré moins d’énergie que nous le voulions à la créativité, à nos proches ou à tout ce qui nous est important. C’est du passé. La question, c’est : dans l’instant présent, quelle énergie voulons-nous consacrer à ce qui est important ?
Vu sous cet angle, l’échec n’existe pas, car il appartient au passé. C’est cela la vraie méthode de création sans culpabilité.
On ne conditionne pas son bonheur à une situation passée, présente ou future. On expérimente et on agit. En conformité avec nos valeurs. C’est cela qui nous rend heureux. Accepter l’instant présent et se mouvoir dans son cadre.
La pleine conscience réside dans la méditation, le non-agir, tout autant qu’elle réside dans l’action. Créer en ce concentrant sur sa tâche du moment, sur sa respiration et sur le monde qui nous entoure, en prêtant moins d’attention à nos pensées, c’est aussi de la pleine conscience. C’est la pleine conscience dans l’action.
Ces deux formes, méditation et pleine conscience dans l’action, sont d’un impact égal, elles résonnent toutes les deux dans le temps, sur notre bien-être, notre connexion à la réalité, notre empathie.
La pleine conscience nous fait accéder à l’impermanence, le sentiment que tout est soumis au changement. Et le sentiment d’impermanence nous permet d’adhérer à une philosophie d’amélioration constante.
Si nous sommes conscients que tout change, nos échecs et nos renoncements appartiennent au passé. Nous pouvons les ignorer pour mobiliser nos énergies et prendre de nouvelles résolutions. Aucun échec ou renoncement du passé ne dit que nous sommes condamnés à échouer ou renoncer toujours.
Pour s’épanouir dans la créativité, respirons, touchons, ouvrons grands nos yeux et nos oreilles.
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