Objectif zéro

L’objectif zéro, c’est l’objectif d’une liste de choses à faire entièrement vide. Comment l’atteindre ? Est-ce souhaitable ?

Créativité et épanouissement. C’est passionnant d’étudier le lien entre les deux. N’esquivons-nous pas cette question centrale ?

Ce qu’on crée nous rend heureux ou plutôt le fait de créer nous rend heureux. C’est un moment d’expression et de sincérité. Difficile de s’épanouir quand on se tait, quand on ment sur qui on est.

Mais ce qu’on ne crée pas nous rend-il malheureux ? La créativité peut-elle devenir une obsession ? Tout temps sans créativité nous paraît alors du temps gâché, et toute œuvre non terminée nous désole. Gardons à cœur de maintenir un équilibre, de faire des temps non créatifs des temps de rapports humains, de jeu, de pleine conscience, aussi gratifiants que les temps créatifs. Sans quoi la créativité deviendra pour nous une drogue toxique.

Notre système d’organisation peut jouer un rôle dans cet équilibre. Peut-on élaborer un système « garanti sans culpabilité » ?

Notre mental est toujours en action, les idées émergent plus vite que nous pouvons les mettre à exécution. Alors, nous faisons des listes de choses à faire. Qu’elles soient dans notre mémoire, sur des post-it, un téléphone ou un ordinateur, nous faisons tous des listes. Certaines sont simples, d’autres sont sophistiquées.

Et quelque soit le temps que nous consacrons à la créativité, notre énergie et notre efficacité, nous ne venons jamais à bout de ces listes.

Si la finalité de ces listes, c’était de vider la liste ?
D’arriver à « liste de choses à faire aujourd’hui : zéro » ?

Comment y parvenir ?
+ Repassons nos listes et faisons de suite ce qui prend moins de cinq minutes.
+ Refusons des partenariats pour préserver notre liberté créative.
+ Annulons des choses à faire : notre mental nous donne des ordres en permanence, à nous de faire le tri.

+ Faisons le tri à la source : lâchons prise de noter tout ce qui nous vient à l’esprit, sachons ignorer les injonctions de notre mental qui sont irréalisables.
+ Ne soyons pas l’esclave des projets qu’a fait la personne que nous étions dans le passé.
+ Changeons de boussole : ne faisons plus ce que nous avons prévu, faisons ce que nous aimons. Pas besoin de listes pour ça.
+ Ne cherchons pas à savoir où nous allons. Vivons sans projets, vivons dans le présent.

Et si l’objectif zéro était un triste objectif ? Si on visait plutôt l’objectif un ? N’avoir qu’une chose à faire à la fois ? Être plongé dans l’action sans être dans la projection ?

Et si le meilleur objectif était pile entre le zéro et le un ? Dans le moment de contemplation qui sépare une action d’une autre ? Dans ce moment unique où l’on s’arrête de faire, pour enfin être. Faire un point sur qui on est, en déduire ce que l’on veut faire, juste après.

Cet objectif zéro paraît séduisant. Il paraît le seul havre de paix possible. Pourtant, la paix ne se trouve pas dans l’objectif zéro, et tant mieux parce que l’objectif zéro ne sera atteint que le jour de notre mort. La paix se trouve dans l’acceptation. Et l’acceptation est la clé de la créativité.

Une œuvre n’est jamais terminée. L’œuvre de notre vie ne sera jamais terminée. Apprenons à vivre avec ça, sans jamais en esquiver l’idée.

Ne nous désolons pas de voir que nos listes ne sont jamais terminées. Appliquons des pratiques de simplicité pour réduire nos listes, trouvons nos priorités, mais oublions l’objectif zéro. Vivons hors de la perspective d’atteindre l’objectif zéro.

Vivons dans le faire, l’acte de création, et dans l’être, l’acte de contemplation qui précède l’action et récompense notre existence en nous plaçant face à elle.

8 commentaires sur “Objectif zéro

  1. reflexion très pertinente, qui m’a permis d’aller découvrir ta methode GTD, un outil qui me manquait et auquel je vais m’essayer pour hierarchiser toutes mes pensées.
    A la lecture de tes articles, je me rends compte de mon état de créativité permanente (surtout le matin, ça foisonne), on relègue les idées, les rêves, et on passe à autre chose, sans jamais y revenir (objectif -1?)
    bref , ton message invite à l’introspection, et apporte des clés methodologiques, merci encore

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    1. Je te remercie pour ce retour, d’autant plus que ça me prouve qu’il est utile que je mette des liens entre les différents articles !

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  2. Salut,

    Je trouve (comme d’habitude) ton article très pertinent. Je n’ai jamais été perturbé par l’objectif zéro, et je ne tiens pas de véritables listes à jour. Je sais que j’ai plusieurs projets, dont certains sont prioritaires sur d’autres. Et je me fixe des objectifs à tenir dans le mois. Par exemple, sur un de mes projets que je réalise en collaboration avec une association, mon objectif est de fournir 12 heures de travail mensuel. Personne (ni même moi-même) ne peut me reprocher la qualité des tâches réalisées (qui ne sont pas des objectifs) tant que j’ai essayé avec toute la bonne volonté du monde.

    En revanche, je comprends la créativité qui peut devenir une obsession. En éternel insatisfait, je ne suis jamais satisfait de mon avancée. Quelle que soit la valeur ajoutée de mon travail, et le temps de travail réalisé, je me dis : « tu aurais pu faire mieux ». D’un côté, cela me pousse à aller de l’avant. De l’autre, pointe l’obsession dont tu parlais.

    La créativité est une drogue particulière qui agit sur l’émulation, sur l’enthousiasme, qui active le cerveau comme aucune autre tâche ne peut le faire. Quand j’écris, quand je crée, je Vis quelque chose qui donne un sens à ma vie. De retour au quotidien de mon travail professionnel, mes 8 heures hebdomadaires de labeur me semblent insipides. Les discussions avec mes collègues me semblent sans saveur : parler du temps qu’il fait, les écouter parler de leurs gosses… si encore ils parlaient de méthodes éducatives, ou d’éveil, ou de psychologie de l’enfant ! Mais non, la discussion tourne autour de la dernière maladie du petit ou de la quantité de fois qu’ils se réveillent la nuit…

    Ayant touché du doigt l’illumination intellectuelle, j’en redemande et j’en veux plus. Je ressens avec plus d’acuité le carcan social, les contraintes du quotidien de la vie que je me suis construite. Ma Vie joue la montre et mon envie de me construire des lendemains plus rieurs s’accentue chaque jour qui passe.

    Je ne sais pas si la Créativité est une drogue. En tout cas, elle se dévoile à nous pour nous purifier de tous les mensonges du quotidien, de tous ces filtres que nous mettons devant nos yeux pour ne plus remettre en question les contraintes de vie que nous nous sommes imposées. Metro, boulot, dodo, c’est confortable… mais le confort est l’ennemi du bien-être.

    Pour moi plutôt qu’une drogue la créativité est un révélateur de tous nos problèmes latents. Elle est le messager, pas la cause. Le besoin de créer me semble aussi vital que le besoin de se nourrir ou de se reproduire. Sans notre créativité, nous ne sommes pas vraiment humains.

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    1. Merci Brisecous pour ton témoignage ! En quelque sorte, tu reparles de la créativité comme moyen d’expression, n’est-ce pas ? Qu’elle te révèle des choses sur toi, sur ce que tu veux et sur ce qui t’intéresse, par le fait qu’elle te permet de t’exprimer, c’est ça ? Et que du coup, cette expression tu en voudrais plus ?

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