Je voulais me livrer à un petit exercice de micro-methodologie : livrer le planning de ma semaine type.
Cela peut être autant utile pour moi, histoire de faire un point au mois d’aout, souvent une période charnière dans les changements de méthode, et aussi pour vous, si vous vous intéressez à l’approche micro.
Ma semaine type est organisée pour m’allouer le plus de temps possible à mes trois missions : l’écriture, ma vie de famille, la contemplation du monde. C’est un emploi du temps de guerre parce qu’il s’insère dans mon travail salarié. J’exerce un travail de bureau qui me paye les factures. Je l’occupe encore pour certaines raisons, mais je ne veux plus qu’il soit une raison pour ne pas accomplir ce qui est vraiment important. Donc, tant que j’aurais ce job, voilà comment je vis.
Le planning qui va suivre peut vous paraître rigide. Sachez que j’ai été bien plus rigide que ça. Il y a un an, je planifiais chacune de mes journées tâches par tâches et demi-heure par heure, et je chronométrais chacune de mes tâches suivant la méthode Pomodoro. Il y a deux ans, je n’avais aucun planning. Vous l’aurez compris, l’une comme l’autre formule étaient désastreuses. J’ai maintenant un planning au fil de l’eau. Il implique que je ne prévois pas un enchaînement de tâches précis et que je peux être interrompu. Il implique que je veux me détendre et être ouvert aux autres. Ce n’est en aucun cas un planning définitif. Je l’amende au fur et à mesure des nouvelles habitudes que je forme et de celles que j’abandonne. Enfin, ce planning pose des jalons, pas une ligne de conduite absolue dont je ne m’écarte jamais. J’ai appris à former des habitudes, et j’arrive à présent à les tenir même quand je me permets quelques écarts ponctuels. Sans plus de cérémonie, voici donc le planning :
Lundi-Vendredi :
7:15-8:00 Petit déjeuner (deux galettes de riz-confiture + un fruit) ; douche. J’ai arrêté le café, ce qui permet le matin, non pas de gagner du temps, mais de prendre plus le temps. J’ai bu du café sans modération pendant quinze ans. Après deux semaines d’essai sans, je suis mûr pour arrêter. Je vais être plus détendu, moins somnolent et je vais gagner une demi-heure par jour parce que je n’ai pas remplacé le café par une autre habitude.
Après la douche, ni parfum ni déodorant. Depuis ma perte de poids, je ne transpire plus même par 30°, j’ai donc réalisé que c’était inutile.
8:00-8:30
Route. J’écoute mes CD favoris et je chasse les pensées parasites. Je m’entraîne à sourire pour la simple raison d’être en vie.
8:30-12:30 / 13:30-17:30
Je travaille 6 H + 4 demi-heures de traitement de texte sur mes projets Outsider. Oui, vous avez bien lu. Je suis assez organisé pour remplir mes objectifs de chiffres d’affaires en 6H par jour. Ces 4 demi-heures, ce sont ma respiration. C’est même un essentiel si je veux créer quelque chose durant ma semaine !
Les 4 demi-heures sont volantes dans la journée. En fait, dès que j’ai besoin de respirer, j’en prends une. Il y a également un quart d’heure de pause avec les collègues à l’intérieur de ces 4 demi-heures. Maintenant que je ne bois plus de café, je consacre cette pause à détendre mes muscles et écouter les autres êtres humains.
A l’intérieur de mes 6 H de travail, je fais souvent une pause de 5 minutes toutes les 25 minutes environ. Un reliquat de la méthode Pomodoro. Mais je suis loin de chronométrer aussi rigoureusement qu’avant. Pendant ces pauses, je fais des étirements ou je retourne à mon traitement de texte. J’avais l’habitude d’aller sur internet pendant ces pauses de 5 minutes, mais j’ai arrêté car ça ruinait ma concentration. Et ce vagabondage sur internet, ma dernière boulimie, pouvait facilement déborder sur les 5 demi-heures ou sur les 6 heures. Une journée sans vagabondage sur internet est une journée heureuse. Enfin, je consacre toujours une pause de 5 minutes à de la gymnastique : étirements + 15 abdominaux + 30 secondes de gainages + 5 pompes. Je me suis aux pompes parce que j’ai des douleurs aux épaules. Ce serait ironique que mon travail salarié et ma mission d’écrivain, qui me font passer beaucoup de temps assis devant un ordinateur, finissent par ruiner mon squelette et m’empêcher d’accomplir à la fois mon travail salarié et ma mission d’écrivain. Je vais rajouter une pompe de plus par semaine pour arriver à 15 pompes, dans un premier temps.
J’occupais mes 6 heures de travail en écoutant de la musique et des podcasts, mais j’ai aussi arrêté car c’était du multitâches camouflé. Le multitâches nuit à la productivité et à la pleine conscience. Cela me permet de rouvrir à nouveau la porte de mon bureau et d’être ainsi plus ouvert au monde extérieur.
12:30-13:00
Pause repas avec les collègues. Depuis l’arrêt du café, je peux vraiment prendre le temps d’écouter et de manger consciemment.
13:00-13:30
Sieste / Méditation. Je m’allonge par terre, et si je n’arrive pas à dormir, je médite, les deux sont valables. Je peux aussi remplacer par une demi-heure de promenade si il fait beau. J’avais abandonné la sieste pour la remplacer une demi-heure supplémentaire de traitement de texte, mais à la réflexion j’ai plus besoin de me recharger que de produire. Cette demi-heure aura de solides répercussions sur mon bien-être.
17:30-18:00 :
Retour en voiture. Je ne fais jamais d’heures supplémentaires. Si jamais je dois faire un écart, je tiens un compte-épargne temps personnel et je récupère toujours. Je n’ai pas de remarque de ma hiérarchie du moment que je fais mon chiffre.
18:00-20:00 :
Une fois à la maison, je fais rentrer dans cette période une demi-heure de ménage et trois demi-heures de travail sur mes projets Outsider / ou revue hebdomadaire. J’avais l’habitude de faire une demi-heure de vélo d’appartement, je l’ai remplacé par une demi-heure de ménage. C’est un exercice comme un autre, mais il est nettement plus gratifiant. Je n’ai pas repris de poids, j’en conclus que mon calcul est bon. Quand je faisais du vélo, je ne trouvais jamais le temps de faire le ménage. Maintenant, j’ai au moins cette demi-heure quotidienne, et ça ne me dérange pas de déborder.
Sur les trois demi-heures de travail, je prends 5 minutes à une demi-heure pour mettre une nouvelle quotidienne sur les réseaux sociaux, mon fameux Outsider Daily. J’ai décidé d’arrêter de faire des liens vers des articles tiers car ça m’incite à vagabonder sur internet et faire plus de biblio que je n’en ai besoin, c’est contraire à ma diète d’information, et ça me prend du temps qui pourrait être consacré à plus important. Je vais donc maintenant limiter Outsider à mes news personnelles (sorties d’articles…), et Outsider Daily ne sera plus systématiquement quotidien.
J’ai longtemps essayé de sacraliser mes trois demi-heures de travail, j’essaye de changer ça. Je veux être plus ouvert aux sorties avec mon épouse ou avec des amis. C’est pour eux que la vie vaut la peine d’être vécue, et les 4 demi-heures de la journée me permettent déjà d’abattre du boulot.
20:00 – 22:30 :
Dîner – vaisselle – télé – coucher
Je mentirais si je disais aimer la télé. Je n’en aurais pas si j’étais célibataire. Mais mon épouse aime qu’on regarde des feuilletons le soir, et si je veux partager du temps avec elle, je dois respecter ça. J’essaye d’en faire une activité consciente. Je commente beaucoup ce qui se passe à l’écran. Je respire, mange un délicieux repas, je détends mes muscles, je passe du temps avec mon épouse et mes chats.
Lundi-Mercredi :
Mon temps de traitement de texte est consacré à mon projet prioritaire. En ce moment, la rédaction d’Inflorenza.
Jeudi-Vendredi :
Mon temps de traitement de texte est consacré d’autres tâches, certes importantes, mais sur des projets non prioritaires. Cela regroupe des comptes-rendus de partie, des articles invités, et divers textes pour des projets non prioritaires.
Mercredi :
Revue hebdomadaire. J’en fais une pour mon travail salarié (sur mes 6 H de travail) et une pour ma vie privée et mon activité d’écrivain, le mercredi soir et les soirs suivants si c’est nécessaire.
Lors de la revue hebdomadaire, je mets à jour mon tableau de bord des tâches (selon la méthode GTD) et je consulte mes mails. Oui, je ne consulte mes mails qu’une fois par semaine. C’est essentiel pour rester concentré. Au travail, j’ai paramétré ma boîte mail pour qu’elle trie à part les mails de quelques collègues importants, que je consulte une fois par jour, mais pour le reste, je ne consulte qu’une fois par semaine. Devinez quoi ? Aucune catastrophe n’est survenue depuis que je fais ça. Et je suis un champion du zero mail non traité. Bien de mes collègues consultent leur boîte dix fois par jour et sont complètement submergés.
Ma revue hebdomadaire privée est un peu différente. Elle est plus complexe et je la fais deux fois par semaine, une fois le mercredi, une fois le dimanche. J’en profite aussi pour faire ma revue internet. Je vérifie Facebook (je dois encore visualiser les statuts d’une dizaine d’amis), et trois forums : Terres Etranges (uniquement ce qui concerne Millevaux), Festnoz (le forum des joueurs de mon département), Les Ateliers Imaginaires (forum de création de jeux de rôles indépendants). J’ai zero contacts sur Twitter et Google plus. Enfin, je suis abonné par mail à cinq blogs : Zen Habits (art de vivre), The Minimalists (minimalisme), Limbic Systems (théorie rôliste), Du Bruit derrière le Paravent (théorie rôliste), Le Fix (actualité rôliste). Je suis assez content de ce programme internet minimaliste. Je commence vraiment à me libérer de mon addiction à internet et cela me dégage une quantité de temps phénoménale.
Enfin, je rajoute une revue mensuelle professionnelle et privée, avec quelques tâches spécifiques, comme un backup de mes données informatiques.
Week-end :
Les deux années précédentes, je remplissais d’abord le week-end et les vacances par mon travail d’écrivain (écriture, maquettage, playtests de jeu de rôle et présence en convention) puis je remplissais les blancs par du temps passé avec mon épouse ou entre amis. J’essaye d’inverser le raisonnement, je crois que c’est beaucoup mieux. Je passe toujours beaucoup de temps à écrire dans le week-end (4 à 6h), mais je suis bien plus ouvert à d’autres activités. Plus serein.
Voilà toute l’histoire.
Nous sommes faits d’habitudes. Je ne fais pas exception. J’essaye de trouver un juste équilibre, j’essaye surtout de ne rien sacraliser, contrairement à ce que j’ai pu faire dans le passé. Si vous aussi vous planifiez une semaine, c’est sans doute le seul conseil que je donnerais : Pour être heureux, soyez flexibles. Partagez votre temps entre des activités de haute valeur et vous ne serez pas frustrés d’avoir à en substituer l’une par une autre.
Merci Thomas pour cet intéressant partage de ton organisation quotidienne.
C’est vraiment curieux mais quand je te lis, je découvre très exactement ce que je rêverais être capable de faire tout en sachant (pour l’avoir tenté bien des fois) que je n’y arrive pas. Soit j’en suis vraiment incapable au jour le jour, soit cela ne me correspond pas et transforme ma vie en une succession de corvées (même si j’accomplis des tâches qui m’intéressent).
En vérité je ne parviens pas à être réellement productif dans la rigueur.
Dès que je mets en place une organisation bien claire et explicite, je finis irrémédiablement par utiliser mon système pour procrastiner d’une manière ou d’une autre. Je ne suis efficace qu’en travaillant vite et beaucoup, mais sur un très grand nombre de projets dont je sais pertinemment que certains ne donneront rien. Si je veux définir des priorités, cela me paralyse car je cherche LE projet infaillible qui justifiera l’investissement d’une masse de travail et de temps, ce qui se découvre plutôt en cours de route qu’avant de se lancer.
Je choisis désormais plutôt de jeter donc de nombreuses lignes, ce qui a pour avantage de me faire avancer dans plein de directions que je n’aurais pas prévues (c’est plus rigolo), mais m’expose à un gaspillage d’énergie et à de nombreux « départs de feu ». C’est loin d’être idéal, bien malheureusement, mais semble pourtant moins mal fonctionner en ce qui me concerne. Et je ne désespère pas de parvenir à quelque chose de plus fonctionnel un jour.
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Merci beaucoup Hervé pour ce partage !
Si ça peut te rassurer, mon projet prioritaire permute environ tous les mois ou tous les 15 jours. En général, il s’agit d’une tâche de longue haleine (en ce moment, éditer le premier jet de mon jeu de rôle Inflorenza). Quand cette tâche est terminée, j’arrive souvent à un point où je dois attendre quelque chose pour passer à l’étape suivante, alors j’enchaîne sur une macro-tâche d’un autre projet que je peux commencer tout de suite. (Ainsi, quand j’aurai fini d’éditer mon premier jet, je vais recruter des relecteurs, et Inflorenza se retrouvera en stand-by). Je peux aussi avoir deux projets prioritaire, un pour mes quatres demi-heures au bureau, un pour la maison. (en ce moment, à la maison, mon projet prioritaire c’est le déménagement). Je crois aussi que consacrer une partie de la semaine à des projets non prioritaires fournit une bonne soupape. Après, définir une priorité, ça relève de la personnalité de chacun. ça peut être l’impact à long terme, le fun, l’envie, une dead line, la demande d’un tiers…
Pour maintenir sa motivation sur toute la durée d’une longue tâche, je vais tâcher de faire un article.
Quand aux « départs de feu », je peux dire d’expérience que le stress ou le sentiment d’impuissance que ça dégage s’atténue du moment qu’on arrête de travailler avec des date limites, où qu’on travaille sans objectif. Pour vivre sans objectif, cet article :
http://zenhabits.net/100-days/
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je trouve ca fou comme tu as changé. Je pense que quelque part, tu n’es plus la même personne.
C’est marrant y aurai quelques années, j’aurai voulu en parler avec toi en papotant genre par facebook. Quand j’ai lu l’article j’y ai pensé. Et puis je me suis dit que j’allais être un grain de sable dans ta mécanique bien huilée.
La maniére de vivre que tu décris, pour ma part, me fait peur.J’ai li’mpression qu’au final tu aseptise ta vie. j’ai l’impression que tout les moments de plaisirs, ou les choses qui sont sencées faire plaisir, tu les fait comme si tu y etais forcé.
Je ne sais pas si c’est vraiment le cas, mais les mots que tu utilise sont forts quand meme.
je m’astreint, je me donne une heure pour me détentre, j’écoute les autres êtres humaines…
je me demande si il te reste encore de la « vraie vie » de l’imprevu, de la folie, des choses qui pour moi sont absolument indispensables.
Je me souviens de nos avancées rolistiques impromptues sur la place stan ou entre deux bouchées le midi….
cela avait une saveur de la vraie vie, de celle qu’on ne peux pas toujours controler.
Comme un fleuve est plus vivant pour moi qu’un canal, meme si le deuxieme est « plus rentable ».
J’ai meme au final l’impression de te « déranger » en répondant a cet article, comme si la réponse allait te donner du travail.
J’ai un peu l’impression que si je veux reparler avec toi, il faudrai que je prenne rendez vous. C’est assez bizarre.
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Bonjour Pauline,
Déjà excuse-moi du long délai de réponse, je n’avais pas un très bon accès internet pendant ce mois consacré à mon déménagement, et notamment sur la plateforme wordpress de ce blog. J’arrivais encore à poster des articles, mais pas à répondre aux commentaires.
D’abord, oui, j’ai changé. Les cellules de mon corps ont même changé deux fois depuis ce temps dont tu parles. Je crois que j’étais nettement plus malheureux à cette époque (en classe prépa scientifique) qu’aujourd’hui. Je conciliais beaucoup moins bien ma carrière, ma vie affective et ma passion.
J’aimerais pouvoir te convaincre que cette étape de rationalisation n’est qu’un levier pour lâcher prise. Je ne crois pas que tout le monde puisse lâcher prise sans effort, sans y penser. En ce qui me concerne, j’ai dû comprendre que je ne lâchais pas prise. Et aussi étrange que ça puisse paraître, oui, je me suis astreint à lâcher prise. C’est à force de réflexion sur mon mode de vie que j’ai enfin pu me détendre. Cela fait ainsi plusieurs mois que je n’ai plus les épaules contractées en permanence. Je crois que toute cette méthode m’a aidée. Tu me pièges un peu avec l’histoire des rendez-vous. Aujourd’hui, j’habite dans un village à une demi heure de route de mes plus proches amis. Bien sûr que je suis obligé de prendre rendez-vous. Même si je peux te garantir que je ne suis pas accro à la ponctualité ! Je serais encore dans un lycée ou un campus avec tout le monde à portée, je suis certain que les choses seraient différentes.
Après, je prends ce que tu dis très au sérieux. Crois bien que je le rumine depuis quelques temps. Je crois bien sûr être ouvert à l’imprévu, mais peut-il encore m’arriver quelque chose d’imprévu ? Si oui, serai-je si accueillant que je l’espère ?
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