Les interparties : comment mettre du gras dans sa campagne ou le jeu de rôle pervasif

On inaugure la série sur la narration partagée avec ce qui semble un hors-sujet : le jeu entre les séances. Pourtant nous allons voir combien il s’agit d’un espace expérimental privilégié !

(temps de visionnage : 24 min) / (temps de lecture : 4 min)

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[Notions]

meta-intrigue, pervasivité, burst, interpartie, campagne, jeu de rôle textuel, roleplay, jeu épistolaire, contrat de table, narration partagée, 1v1, système, freeform, love letter, jeu solo, asymétrie, jouer pour voir ce qui va se passer, infodump, memorabilia, ARG, MMO, immersion

[Vidéos]

Le bon MJ, Le Jeu de Rôle en 1v1 : Immersion et Narration à Deux

[Multimédia : série sur la narration partagée]

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Thomas Munier, Comment créer un jeu de rôle ou un scénario en équipe, sur Outsider

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[Articles]

Thomas Munier, La dérive, sur Outsider
Thomas Munier, Approbation et implication sont dans un bateau, sur Outsider
S’approprier un jeu, par Raphaël Bombayl, in Jouer des parties de jeu de rôle, ed. Lapin Marteau
Kokow, Crownstein #0, sur Kokow Gaming Blog
Tim C Koppang, Why Two-Player?, sur tck.roleplaying

[Jeux]

Légendes de la Garde, L’Ordre et le Sauvage, Paladin, Bois-Saule, Apocalypse World, Sur la route de Chrysopée, De Profundis

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Millevaux

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Le petit bonhomme en plâtre est une photo de Thomas Hawk, cc-by-nc

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Alors aujourd’hui on débute une série de cinq vidéos sur la narration partagée ! Ne pars pas de tout de suite, j’ai pas forcément dit jeu sans MJ ! En l’occurence, le premier sujet est plutôt centré sur le jeu avec MJ.

L’un des intérêts de jouer en campagne est de voir se développer une méta-intrigue ambitieuse et de voir ses personnages s’étoffer peu à peu.

Mais le soufflé peut retomber quand les séances sont trop espacées : on a oublié (des fois même le MJ) des gros bouts de l’intrigue et l’implication n’y est plus (cf article sur l’approbation et l’implication).

Y’a des solutions intraparties comme prendre des notes (vidéo à venir) et aussi résumer la partie précédente au début de la partie (ce qui est récompensé dans Légendes de la Garde quand des souris font un rapport). On peut aussi jouer plus souvent, ou moins longtemps (concept de burst, campagnes à durée modulaire comme l’Ordre et le Sauvage).

Mais on va surtout s’intéresser aussi à la notion d’interpartie comme une façon de rendre la campagne plus vivante dans la durée, et aussi de faire exister des aspects qu’on n’a pas le temps d’aborder par ailleurs. Par définition une interpartie ne réunit pas tout le cast (sinon… ce n’est plus une interpartie ! ), mais on peut faire interagir le cast entier au format textuel, en asynchrone ou des fois en synchrone.

Tu peux avoir un discord pour la campagne et il est possible que parfois des mini-parties (sûrement plutôt en roleplay pur) s’y improvisent.

De même tu peux inciter les jouaires à entretenir une correspondance sous forme de jeu épistolaire. Ces jeux sont souvent freeform mais pourquoi pas envisager d’en développer un jeu épistolaire.

Le risque est que les joueuses n’osent rien faire qui brise le statut et que ça s’arrête donc à de l’interaction sociale, ou au contraire qu’elles prennent des décisions, même dans la peau du personnage, qui bousculent le décor (« au fait on brûlé le QG du méchant »). Donc prévoir un petit contrat de table sur la dimension de narration partagée.

Le format le plus courant d’interpartie reste le 1v1 : l’avantage est qu’on peut grandement développer l’intrigue perso de chaque jouaire. Souvent ces interparties utilisent le système mais peuvent aussi se faire en freeform et ça permet aussi de goûter au charme particulier du 1v1 (je te renvoie à la vidéo du bon MJ sur ce sujet et à un article qui s’appelle Why two players). On peut aussi envisager de partager la narration et/ou utiliser un jeu dédié (par exemple, utiliser le jeu de rôle Paladin pour jouer la quête solo du paladin de ton groupe de D&D)

On peut faire plus minimaliste avec une simple love letter par jouaire, mais pourquoi pas inverser en proposant aux jouaires d’envoyer des love letters à des PNJ.

Enfin, on peut autonomiser les jouaires en leur proposant de jouer leur solo… en solitaire. Que ce soit en freeform ou avec un système solo adapté à l’univers (comme par exemple Bois-Saule pour l’univers de Millevaux).

Les interparties jouées posent un problème majeur quand on va au-delà de simple love letters, c’est l’asymétrie d’engagement qui va forcément arriver et créer des écarts entre les personnages. Il faut voir si c’est OK, et notamment si on accepte que certains persos accumulant les solos aient plus de pouvoir ou d’information, voire résolvent des pans entiers de la méta-intrigue durant l’interpartie. On peut assumer que c’est OK mais si ça pose problème, on peut dégonfler la notion d’enjeu et jouer à la dérive, pour voir ce qui va se passer, mais c’est moins évident dans les jeux à niveaux. On peut aussi faire des interparties des moments plus intimes, où le personnage ne progresse pas en pouvoir ni en renseignement, et n’avancera pas sur l’intrigue du groupe mais sur ses intrigues persos.

Il se pose aussi la question de que se passe-t-il si on a besoin du perso d’un autre durant le solo. Quelqu’un peut-il l’interpréter ou est-ce chasse gardée, et on arrête ? À négocier en contrat de table encore.

On peut enfin, pour éviter les écueils mentionnés, réserver l’investissement interpartie à autre chose que du jeu.
Pour MJ, ce peut être préparer son prochain scénar, mais aussi envoyer des playlists, des énigmes ou des infodumps ciblées, ou encore des comptes-rendus de parties (il y aura une vidéo dédiée sur le sujet).
Pour PJ, ce peut être la rédaction de poèmes ou la création de memorabilia qui peuvent d’ailleurs nécessiter un jeu dédié.

Tout ceci fait partie du jeu de rôle en tatn qu’expérience pervasive, i.e. le jeu persiste dans la réalité et dans le temps, comme dans une ARG ou un MMO, ce qui ajoute une dimension d’immersion supplémentaire.

6 commentaires sur “Les interparties : comment mettre du gras dans sa campagne ou le jeu de rôle pervasif

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