Vous connaissez sans doute cette expérience sociologique ? Deux groupes d’enfants, à chacun on confie la tâche de faire des dessins. Sauf que l’un des groupes est payé pour le faire.
A la longue, seuls les enfants qui font des dessins gratuitement s’épanouissent dans cette tâche.
Je m’épanouis dans l’écriture parce que je le fais en amateur. J’y passe autant de temps que je veux, mais c’est presque du bénévolat.
Je me demande si l’écriture me rendrait encore heureux si je gagnais un SMIC avec.
Je pense qu’il y a trois critères pour s’épanouir dans son métier :
– Le sentiment d’être utile à la société
– Le fait que cette utilité soit socialement reconnue
– Le fait de pouvoir exercer son métier dans de bonnes conditions
Selon moi, ce n’est pas tant le fait d’être payé ou non pour une activité qui nuit à l’épanouissement, c’est plutôt la perte de sens et les mauvaises conditions de travail.
Pour aller dans ton sens : le bénévolat, ce serait l’absence de contraintes. Et l’absence de contraintes peut être perçue comme plus épanouissante. Ou alors, c’est le fait que nous ne sachions plus gérer la contrainte, que nous ne sachions plus l’accepter qui empêche notre épanouissement. Ainsi, l’absence d’épanouissement dans un métier ne serait pas un problème intrinsèque du travail rémunéré, ce serait une problématique plus profonde du rapport à la contrainte dans une société individualiste.
La contrainte est une nécessité dans une société : nous sommes obligés d’interagir les uns avec les autres, de faire des concessions pour vivre ensemble, pour partager les ressources et le territoire. Sinon, c’est le conflit, et un conflit fait toujours des victimes. La meilleure des contraintes est la contrainte librement consentie. C’est elle qui permet la paix sociale, quand chacun a trouvé la place qui lui convient, quand chacun se sait utile et quand chacun a l’espace de liberté qui lui revient de droit au sein de cet ensemble de contraintes douces qui forme une société équilibrée.
Pour moi, la solution n’est pas le bénévolat. Pour moi la solution c’est que chacun soit payé pour son activité dès lors qu’il est utile à la société. Notion d’utilité que je suis bien incapable de définir à l’heure actuelle.
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Je suis bien d’accord avec ta conclusion. Ma position personnelle c’est que tout le monde est utile à la société, et lui serait sans doute plus utile une fois la contrainte levée qui est de chercher un travail rémunéré sans forcément tenir compte de sa vocation. Le salaire à vie, inconditionnel, me semble la réponse à cette problématique. Dans l’attente qu’il soit mis en place (ce qui pourrait bien n’arriver jamais), j’apprécie mon bénévolat car il me libère de certaines contraintes (la pression de devoir livrer des contenus à une date promise, le sentiment d’être redevable à un public en matière de contenu…) mais je suis bien conscient qu’il me faut de la nourriture dans l’assiette et un toit sur ma tête. Le tipee qui m’assure un petit salaire inconditionnel et la pauvreté volontaire sont des réponses. Je serais bien sûr ouvert à ce que le volume des dons augmente un peu, mais je m’interroge du moment où mes revenus dépasseront mes besoins, sur comment ça influera ma créativité.
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