Qu’est-ce que la créativité ?

Voici ma définition de la créativité. Vous pouvez avoir une autre définition, mais si vous êtes d’accord pour cultiver l’activité que j’appelle la créativité, la suite de cette série d’articles vous sera utile.

La créativité se joue en quatre étapes. Percevoir, ressentir, transformer, exprimer.

Nous tous, nous percevons. J’aurais pu dire « nous voyons » (ne dit-on pas que les créatifs sont visionnaires ?), mais ce serait restrictif. Nous percevons avec nos cinq sens, et aussi avec la pensée. Et on peut percevoir même si l’un de nos sens est limité, si l’on est aveugle, ou sourd.

Nous percevons tout ce qui nous entoure, mais aussi les sensations de notre corps, et enfin nos propres pensées, nos propres souvenirs, nos propres rêves.

Ce que nous percevons n’est pas la réalité, mais notre image de la réalité. Ainsi, l’œil humain perçoit les images en basse définition, un nombre limité d’images par seconde, et dans une infime partie du spectre de la lumière (nous ne voyons ni les infra-rouges, ni les ultra-violets). Et puis il y a les illusions d’optique, les hallucinations auditives, les sensations de déjà-vu. En tant qu’êtres humains, nous sommes incapables de percevoir la réalité telle qu’elle est vraiment. Il nous faut vivre avec ça. C’est d’ailleurs utile à la créativité.

Ensuite, nous ressentons. C’est-à-dire que notre cerveau traite instantanément ce que nous voyons. Par exemple, le cerveau utilise l’image basse résolution que perçoit l’œil pour extrapoler l’image haute résolution. Oui, le cerveau invente une partie de notre réalité.

Si nous pouvons nous effarer sur les capacités de notre cerveau à traiter les données, nous pouvons aussi être sceptique au sujet de ce que nous appelons la réalité.

Ce premier traitement s’assortit d’un traitement par l’émotion. Nous ressentons quelque chose à propos de ce que nous percevons. Nous éprouvons des sentiments, et parfois nous opérons un jugement. Ce que nous percevons nous transforme.

Le couple perception-ressenti peut se résumer par le concept d’expérience. Nous expérimentons ce qu’il y a autour de nous, que ce soit naturel ou artificiel, réel ou fictionnel, nous expérimentons les sensations de notre corps, nous expérimentons nos propres pensées : sentiments, souvenirs, raisonnements.

Puis nous transformons nos expériences. Elles sont d’abord stockées dans nos pensées. Les pensées, j’appelle ça la vis sans fin. C’est un processus qui ne s’arrête jamais. On peut y prêter moins d’attention si l’on est plongé dans une situation qui requiert toute notre concentration, ou si l’on fait un effort conscient pour se désintéresser de nos pensées.

Nos expériences subissent une série de transformations qu’on pourrait comparer à de la cuisine. Dans la vis sans fin, elles sont conservées, laissées à macérer, triturées, concassées, réduites en poudre, mélangées, assaisonnées, chauffées, refroidies… Quand on ressasse une idée, quand on oublie un souvenir, quand on enjolive une expérience, quand on associe deux faits, on pratique cette cuisine des expériences.

Enfin, nous nous exprimons. C’est-à-dire que nous retranscrivons ces expériences transformées d’une façon ou d’une autre, nous la sortons de nous-même en transformant notre milieu extérieur à l’image de ces expériences : soit nous transformons l’air (en parlant, en émettant des sons), soit nous transformons des objets, des êtres vivants, notre propre corps ou notre propre esprit.

La créativité n’implique pas forcément de créer. On peut aussi détruire, comme le sculpteur détruit le marbre pour faire apparaître une statue, comme on brise un mur pour exprimer une idée. On peut aussi ne pas agir, comme on change son corps en supprimant certaines habitudes alimentaires, ou l’on change son esprit en méditant.

Par la suite, j’emploierai le verbe « créer » par commodité, mais il s’agit plutôt d’un acte qui implique d’altérer, de détruire ou de cesser d’agir sur son milieu : l’acte de créativité n’est pas de créer, mais de transformer.

Comme notre milieu nous transforme alors que nous le percevons, nous le transformons en retour pour laisser une trace de ce que notre milieu nous a inspiré.

La création d’une œuvre peut être composée d’un seul cycle percevoir/ressentir/transformer/exprimer, ou d’une répétition plus ou moins longue ou fréquente de ces cycles. Les cycles peuvent aussi s’imbriquer, puisque nous percevons ce que nous créons, et cette perception sera un matériau pour une création future.

Si un cycle s’arrête avant la dernière étape, ce n’est plus ce que j’appelle la créativité. À moins que le résultat du cycle interrompu soit stocké pour servir de matériau supplémentaire à un nouveau cycle.

La créativité, c’est donc l’opération de cycles complets percevoir/ressentir/transformer/exprimer, d’une façon brute ou complexe.

Tout l’objet de cette série d’articles, c’est de comprendre comment trouver l’énergie d’opérer ces cycles.

6 commentaires sur “Qu’est-ce que la créativité ?

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