La lumière des feux de paille

Trois mois.

C’est une période courte pour un changement radical. Trois mois, troisième livre publié. Les choses s’accélèrent à mesure qu’un pari fou commence à prendre corps. Publier un livre par mois. Garder cette fréquence pendant un an. Pour commencer.

J’ai failli écrire un article sur le poids de tout cela. Sur la difficulté d’être auteur en tant que double-actif. D’écrire dans les interstices du temps. De ce travail clandestin en marge du travail salarié. Je pourrais parler de la fatigue et du doute. De l’attente après chaque publication, d’un retour, d’une vente, d’une critique. Du risque aussi, fondamental, d’oublier la vie au profit de la création. De voler à mes proches le temps qu’il me faut pour la folie de ce pari. Cette fameuse « vraie vie » dont on parle entre rôlistes, une vie inscrite dans la matérialité des choses qui existent vraiment, le monde, les gens, le travail. Au contraire du monde virtuel où nous passons beaucoup de temps. Ce monde qui existe aussi, non pas hors du monde mais à l’intérieur du monde, qui n’existe que par le verbe mais existe pourtant. Qui n’est qu’une traduction du vraie monde.

Je ne pense pas être un battant de naissance. J’ai appris à me mettre moi-même au défi. Surtout j’ai appris à demander de l’aide et à en recevoir. De telles expériences finissent par vous dépasser et vous poussent à l’optimisme. Parce que ce n’est que de l’optimisme.

J’ai surtout envie de vous parler de la formidable expérience humaine que cela représente. Je ne m’y attendais pas. Depuis Outsider, je redécouvre les gens autour de moi. En convention, les gens viennent me faire part de ce qu’ils sont en train de créer. Mes proches m’apportent leur soutien et me confient leurs propres rêves. Sur internet, des inconnus s’intéressent à ce que je fais et parlent de moi.

Je pensais me réfugier dans mon traitement de texte, ma feuille de papier ou mon logiciel d’infographie. Moi qui suis tellement rationnel, j’ai ce besoin de passer du temps dans un folklore imaginaire pour fuir le monde. Mais le monde me rattrappe. Chaque heure passée en solitaire sur cet ordinateur amène une autre heure à partager avec un être humain. Ce n’est pas pour ça que je m’y suis mis. Mais c’est pour ça que je ne pourrai pas arrêter.

On m’avait dit, avec bienveillance : « Il sera toujours temps d’écrire quand tu seras à la retraite. ». Heureusement que je n’ai pas écouté. La vie n’attend pas. Et j’espère bien ne jamais être à la retraite.

Glossôs est une nouvelle oeuvre de folklore. Il est disponible en version numérique gratuite (seulement la moitié rurale du recueil), en pdf illustré et en livre.

Glossos couverture mini

La couverture est de ma soeur Claire, un très grand merci à elle. Depuis le temps qu’on évoquait de travailler ensemble, c’est maintenant chose faite. Encore un vieux rêve qui prend forme grâce à Outsider.

Glossôs est un recueil de nouvelles qui n’a de fil rouge que cette exploration, obsessionnelle, transversale, d’un folklore décliné sous tous les angles. Si les pièces les plus anciennes datent de 1999, la nouvelle d’ouverture, Le Chevalier de Paille, a été écrite ce mois-ci et marque mon retour à la fiction linéaire après six ans consacrés à l’écriture non linéaire pour le jeu de rôle. J’en suis assez fier. C’est un morceau d’art brut, une vraie nouvelle outsider et le fondement du recueil, la science-fiction folklorique. C’est mon hommage à Guy de Maupassant et Emile Verhaeren (pour ses Campagnes Hallucinées et ses Cités Tentaculaires).

De la science-fiction rurale et des légendes urbaines, des petites filles armées jusqu’aux dents et des formes de vie tentaculaires, des champs de blé et des trains qui n’arrivent jamais à destination, c’est tout un folklore obsessionnel que déroule Glossôs.

Violence extrême et romance à l’eau de rose, fantasy de poche et poésie de quatre sous, je tisse avec Glossôs un canevas de miniatures comme autant de causes perdues à la littérature de gare. Un canevas de feux de paille qui fera peut-être briller vos nuits.

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