Aujourd’hui, un simple billet de bonne humeur, de retour de la convention rennaise Terminus Ludi.
Les conventions de jeux sont toujours pour moi l’occasion d’une intense expérience humaine. Cette édition de Terminus Ludi n’a pas fait exception.
A peine fais-je mon entrée que je tombe sur le stand de la Chaos Spider Team. Olaf et Seshiru (Cécile S.Mori), illustrateurs freelance, avec qui j’ai eu le plaisir de collaborer sur des illustrations Millevaux (Mercenaires !, scénario à prévoir courant 2014) sont présents comme à chaque année. Mais cette année, grosse nouveauté, Seshiru a autoédité un recueil de nouvelles SF-fantastiques-absurdes, Cousins de Sang, et prépare d’autres publications. Elle m’explique que cela avait longuement maturé avant que l’envie d’autoéditer s’impose. Etrange coïncidence, n’est-ce pas ?
Je prends ensuite le temps d’échanger avec Etienne Bar, organisateur du festival et aussi auteur d’un univers médiéval-fantastique optimiste, les Folandes, qui se décline en jeu de rôle amateur… et en romans, avec récemment un beau livre de 500 pages, Face aux Démons (illustration tirée d’une carte du Grümph, un auteur-éditeur-illustrateur qui a tout mon intérêt mais avec qui je n’ai pas pris le temps de converser. Les maîtres m’intimident). Etienne accepte de me livrer un peu son parcours d’autoéditeur, forcément semé d’embûches.
J’ai ensuite le plaisir de faire une démo de mon jeu de rôle Inflorenza pour 5 joueurs très dynamiques et bienveillants. Une partie mémorable dont je publierai très vite le compte-rendu. J’ai notamment à ma table Finrod, un rôliste dont la première partie remonte à… 1986… et qui me présente Arkenstone, un fanzine rôliste apériodique qu’il livre à l’humanité depuis 20 ans ! Si ce n’est pas ça l’esprit Outsider, je ne sais pas ce que c’est. C’était très appréciable de voir à quel point Finrod, qui avait pas mal roulé sa bosse, continuait à s’intéresser aux innovations actuelles en JDR. Je constate ainsi, à nouveau, que les vétérans du hobby ont une part très active dans l’écriture du jeu de rôle de demain. Ils participent au bouillonnement créatif actuel autour de ce média qui me passionne.
Au passage, je salue les p’tits gars de l’association Les Chiens de l’Enfer, acteurs du jeu de société indépendant et anarchiste, qui m’ont fait l’honneur de penser à moi pour participer à une table ronde sur la microédition ludique, programmée le 6 mars à 19h à la Maison des Jeux de Nantes.
Une dernière surprise avant de partir pour la soirée enquête sur le thème d’Harry Potter écrite par Adeline et Jean-François (félicitations à eux ! J’apprécie quand des gens font l’effort et la prise de risque d’écrire de nouvelles soirées enquêtes plutôt que de nous resservir les classiques des années 90), je croise Thomas Poussou et Romaric Briand, tauliers du Blog de la Cellule. Je repense aux errements de Thomas sur le développement de son jeu Maho Shojo, adaptation rôliste des mangas et anime de magical girls. Avec de la narration partagée, bien sûr. Tant qu’à écrire, autant être frondeur. Et Romaric, mine de rien, vient de nous sortir le troisième volet de son hexalogie philosophico-rôliste Sens. Avec Sens Néant, Romaric et son équipe (car Romaric écrit ses jeux en collaboration avec ses joueurs. L’illustrateur visionnaire Valery Nettavongs étant aussi pour moi le deuxième auteur de Sens, donnant à cette univers de SF philosophique une identité visuelle sans pareille) répond à l’attente de sa communauté de lecteurs tout en se mettant en danger, avec des changements de paradigme à tous les étages.
Où voulais-je en venir ? L’effervescence créatrice des auteurs indépendants existe depuis longtemps, depuis toujours. Mais depuis que je me suis vraiment jeté dans ce bain avec les débuts d’Outsider, j’ai l’impression d’y être plus sensible. Les succès, les échecs, les innovations, les joies et les peines des auteurs, indépendants ou non, me touchent davantage. Elles me font plaisir et m’inspirent bien plus qu’avant. Je n’ai pas d’arrière-pensée ou de jugement à l’égard de leur production, je suis juste heureux de les voir sortir leurs tripes et montrer ce qu’ils ont à montrer. J’ai à coeur de penser que je fais partie d’une communauté de gens qui ont envie de donner de la voix et de partager.
Je ne prétends pas avoir ignoré ces personnes avant Outsider. Après tout, je collabore avec Terres Etranges depuis 2007 et j’ai la chance de fréquenter la sphère des auteurs rôlistes depuis plus longtemps encore. Mais sans doute qu’avant j’éprouvais plus d’envie que de fraternité.
C’est une bénédiction que mon état d’esprit ait évolué. Je vais de découverte en découverte. Je me découvre un rapport aux autres différent. Que ce soit dans la vraie vie ou sur internet, avec de nouvelles rencontres comme la communauté du forum Silentdrift, un think tank qui contribue à rendre passionnante l’aventure du jeu de rôle contemporain, et bien sûr des individualités marquantes ça et là sur divers sites et réseaux sociaux, oupar l’intérmédiaire des articles invités sur Outsider. Si mon temps d’internet est soigneusement minuté, j’apprécie chaque moment d’échange, je pense notamment au dernier avec Cerambyx Cerando.
Etre auteur peut être une expérience égoïste, elle l’a longtemps été pour moi et le demeure la plupart du temps. Mais c’est quand elle s’élargit à une communauté qu’elle trouve vraiment tout son sens.