Cette édition du GN Les Sentes a lieu dans deux mois maintenant.
Pour fêter ça et vous faire patienter, 8 places en tarif solidaires viennent d’être ajoutées à la billetterie et voici également un entretien avec Evie, du Cabaret des Sirènes.
(temps de lecture : 4 min)

Crédits : madelinemgmt, cc-by-sa, Duncan Rawlinson, yrrab, jhsizemore_reporter, cc-by-nc
Thomas :
Bonjour Evie,
Tu représentes l’association Le Cabaret des Sirènes qui sera présente sur le GN Invitation à la cour féerique. Vous y jouerez à la fois des personnages aussi complets que les autres, et en même temps vous interpréterez des numéros artistiques semi-improvisés : danse, chant, tout en y intégrant les autres jouaires autant que possible.
Est-ce que tu serais d’accord avec l’affirmation suivant : « Le jeu mêlé à l’art est plus grand que la somme des parties » ? Et si oui, comment tu l’exprimerais avec tes propres mots.
Evie :
Pour moi le jeu, tel qu’on le pratique en GN est une forme d’art à part entière. D’art dramatique, d’interprétation, d’improvisation. Du coup quand on y incorpore des personnages qui vont surtout communiquer via la danse où le chant, on complète la forme d’art qui est entrain de se réaliser. Je pense qu’on est plus habitué aux espaces où on s’exprime en paroles échangées que par la danse ou le chant, mais les trois sont complémentaires et un univers féerique se prête particulièrement bien à se mélange.

Qu’elles soient de feu ou de papier
à la cérémonie des mains liées
toutes les amours sont conviées
entre cœurs lointains et familiers
la romance scellera la paix
entre nos peuples divisés
pour un jour ou pour l’éternité
Thomas :
Pourrais tu donner une anecdote d’un moment où vous avez interagi avec d’autres personnages par le biais de la danse et du chant d’une façon qui épousait particulièrement vos relations roleplay ?
Evie :
Lors d’un GN nous avons tenu un cabaret et nous y jouions des vampires qui avaient pour vocation de faire acquérir l’immortalité aux femmes les plus talentueuses afin qu’elles se consacrent à l’apprentissage des arts. En jeu nous avons rencontré le personnage de Rose, une aventurière créative et courageuse, engagée comme marine sur un navire et dont l’équipage cherchait à la marier de force à l’artilleur. Alors qu’elle assistait à l’un de nos spectacles nous lui avons chanté à trois un chant spécial, un chant d’amour et de promesse, le chant qui propose de nous rejoindre. Ce faisant nous dansions en nous rapprochant d’elle. À la fin de la chanson nous nous sommes dispersées et il n’y avait rien de plus à dire, elle s’est avancée et a rejoint notre sororité la nuit même. C’était très émouvant.

Thomas :
En GN, il y a non pas une scène mais des scènes multiples. Est-ce ça peut vous arriver de faire un numéro en arrière plan tandis que les autres personnages vivent leur vie ? En gros quel rapport avez vous avec le premier plan et l’arrière plan ?
Evie :
C’est vrai qu’il y a certains numéros qui demandent une attention soutenue du public- et donc la mise en scène d’un rapport prestation /public- pour être compris et appréciés pleinement. Dans le cadre d’un GN ça peut être notamment des numéros qui présentent des éléments du lore qui seront utiles pour l’histoire. Nous nous portons parfois garantes de cette attention quand la personne qui performe en ressent le besoin.
Mais il y a également beaucoup de performances qui existent très bien en tant que toile de fond des scènes qui sont entrain d’être jouées. C’est arrivé plusieurs fois que je vive des choses très belles en dansant ou en voyant danser les sirènes comme si nous étions le décors vivants des enjeux des PJ qui se nouent. Augmentant avec une musique triste l’intensité dramatique d’une scène, ajoutant une tension entre un couple avec une performance très romantique ou servant simplement d’éléments pour meubler une conversation. Parfois d’ailleurs des PJs s’emparent de ce contraste et viennent nous demander de venir faire un style de numéro en particulier ‘derrière’ leur scène, en parallèle de ce qu’iels vont vivre, justement pour y rajouter un élément d’ambiance. Parfois ce sont de pures coïncidences, qu’on ne remarque même pas, qu’on nous raconte après le jeu, et ça c’est vraiment magique.

Ferme les yeux
vois les monts et les vaux
infinis
écoute le renard et le corbeau
te guider
les vagues du tambour
roulent et tanguent
à l’unisson
laisse la transe
t’apporter
l’illumination
Thomas :
La pratique artistique (notamment la danse et le chant) reste un enjeu délicat pour les GNistes qui ont peu d’expérience ou d’assurance dans ces exercices en dehors du jeu. D’un côté nous espérons que les jouaires qui incarnent des PJ complets se sentent en légitimité pour oser une pratique artistique grâce au prétexte du personnage, de l’autre nous proposons des rôles de personnages silhouettes pour que des jouaires s’autorisent à profiter de l’expérience immersive sans avoir la contrainte de devoir fournir un roleplay ou une performance artistique. En tant que sirènes, quelle part vous attribuez vous dans la mise en confiance ou dans la mise en confort des autres jouaires ?
Evie :
C’est très important pour nous d’encourager les PJ à se lancer dans leurs envies de pratique artistique. Nous-même avons appris les unes des autres et avons trouvé l’assurance de nous lancer grâce au soutien et au cadre rassurant fourni par le groupe. Fournir à la fois l’espace pour expérimenter, l’effet de halo en RP et des encouragements HRP fait partie de nos objectifs quand nous venons en prestation.

Thomas :
Quand vous chantez une chanson associée au RP d’un personnage, vous prenez un temps pour la composer ou c’est de l’impro chant ? Quelles sont vos techniques ?
Evie :
Ça n’est jamais arrivé qu’on fasse de l’impro chant pour le moment.
Quand on est prévenu à l’avance qu’il y aura besoin d’une chanson ‘en l’honneur de’ ou ‘sur un thème particulier’ on la compose en amont, mais c’est déjà arrivé de devoir composer pendant le jeu pour le jeu. Dans ce cas de figure il est courant qu’on choisisse un air qu’on est nombreuses à connaître pour y ajouter des nouvelles paroles, afin que l’apprentissage soit plus facile.

J’ai respiré
une fleur interdite
J’ai dansé
dans la rousseur d’un clair de lune
J’ai offert
mon cœur à une ombre
J’ai rêvé
d’un château sans murailles
J’ai enfreint
les lois féeriques
et maintenant j’erre
dans la lisière
attendant la monstruosité ou le pardon
Thomas :
Après remise des documents de jeu (note d’intention, générateur de personnage), comment vous projetez-vous dans ce GN ?
Evie :
On vient de faire notre réunion de création de personnages ce soir. Nous sommes enthousiasmées par la flexibilité de l’univers et par l’ambiance mystérieuse et étrange ! On a hâte de se plonger dedans.