Viser la pratique plutôt que la réalisation

Ce qui nous empêche de créer, c’est souvent que nous craignons de ne pas être capable de réaliser l’œuvre dont nous rêvons. Ou même si nous nous en pensons capables, nous nous décourageons face à la masse de travail que cela va nécessiter.

Alors, nous ne commençons pas, ou nous arrêtons en cours, nous rangeons notre œuvre dans un tiroir et elle ne verra jamais la lumière du jour.
Le problème, c’est qu’une œuvre n’est jamais finie.

Un écrivain verra toujours des choses à corriger. Flaubert a écrit de nombreuses versions de son roman L’Éducation Sentimentale. Un enseignant aura toujours des choses à apprendre à ses élèves, de ses élèves. Un urbaniste n’aura jamais fini de construire une ville. Par conséquence, l’ambition de terminer une œuvre est une forme de motivation à créer qui est à double tranchant. Nous ne terminons jamais une œuvre. Nous pouvons juste décider qu’à un moment elle est assez grande pour vivre sa propre vie.

Puisque le but de la créativité est de s’exprimer, l’erreur fréquente est de croire que nous ne pourrons nous exprimer que quand notre œuvre sera finie. C’est une erreur parce que nous pouvons communiquer sur notre œuvre avant que nous la déclarions terminée, mais aussi après.
Mais surtout, il nous faut comprendre que nous nous exprimons à chaque minute où nous créons.

La créativité nous rend service à chaque minute de la création, dans le sens où nous nous exprimons à chaque minute, que nous ayons un public ou non.

Vu sous cet angle, terminer ou non n’a plus autant d’importance.

Ce qui compte, ce n’est plus de terminer, c’est de commencer.

8 commentaires sur “Viser la pratique plutôt que la réalisation

  1. Merci, c’est exactement ce dont j’avais besoin de lire maintenant !
    Je me rends compte que la plupart des choses que j’ai créé dont je suis fier aujourd’hui sont des choses que j’estime ne pas être vraiment terminées. Ça prend beaucoup de sens à présent.

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    1. Merci pour ce retour, ça me réconforte de voir que cet avis trouve un écho, alors que moi-même il m’arrive de me morfondre parce que je mets un projet en sommeil pour en entamer un nouveau.

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  2. Si cela me parle c’est que j’en suis encore au stade où je ne sais pas finir ce que je commence et que je ne parviens pas à dépasser ce stade, je fini par me bloquer en essayant de me forcer à finir ce que j’ai commencé en m’empêchant de commencer de nouveaux projets et au final en finissant coincé

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    1. Est-ce qu’une façon de résoudre ce problème résiderait dans la façon dont on considère qu’une chose est terminée ? Il est des croquis qui ont tout de l’achèvement.

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      1. C’est possible, oui, il est possible que ce que je considère comme fini ou non soit une notion relative qui m’handicape et effectivement je me rends compte parfois que je pourrais terminer des choses plus facilement si j’avais moins de préjugés sur leurs formes finies.

        Mais en même temps je sais que j’ai une « névrose » vis à vis de terminer les choses, j’ai par exemple beaucoup de mal à terminer une lecture, quelle que soit la longueur du texte, un roman, une nouvelle, un poème, un article lorsque j’arrive à la fin je dois me faire violence pour la terminer.

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      2. Non je ne connaissais pas mais j’apprécie que ça vienne d’un auteur 🙂

        Pourtant je ne suis pas sûr que je me sente le devoir de finir, lorsqu’un ouvrage ne me plait pas, film, livre, jeu de rôle ou vidéo je ne me force pas à le finir, non ce n’est pas un devoir mais plus une angoisse de la fin

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