Le conflit, l’union et la danse

Pour qu’une fiction ou un jeu de rôle soit une véritable fresque, mariez le conflit, l’union et la danse.

(temps de lecture : 2 min)

Bobby Giggz, cc-by-nc-nd

Vous savez que depuis un moment, je m’intéresse aux formes de narration originales.

Il existe beaucoup d’alternatives à l’hégémonique Monomythe. Ainsi, pour ne citer qu’elles :

– la fiction-panier (en opposé à la fiction-épée) ou les histoires du sac (en opposé aux histoires de la lance).

– le kishotenketsu

– la contemplation

– le low-key

– le labyrinthe de l’héroïne

– la carewave

Je voudrais aller de mon propre contre-modèle, ou plutôt proposer des types de scènes ou d’histoires qui soient complémentaires au conflit, et c’est pour quoi j’ai bricolé ce triptyque : le conflit, l’union et la danse.

Le conflit, vous connaissez déjà. Ceci regroupe toutes situations d’affrontement, de combat, de lutte, d’opposition, d’antagonisme, qu’elles confrontent deux êtres sentients ou groupes d’êtres sentients, ou qu’il s’agisse de la lutte d’un être ou groupe sentient contre un phénomène, un obstacle ou un danger naturel ou surnaturel. Le conflit est potentiellement une situation destructrice mais peut connaître une fin heureuse avec un statu-quo, une victoire qui ne détruit ni n’humilie l’adversaire, ou une réconciliation.

L’union c’est assez logiquement l’inverse du conflit. Où le conflit est affrontement, l’union est rassemblement. Toute situation de rencontre, d’amitié, de romance, de liens fraternels ou familiaux, d’entraide, de solidarité, de partage, d’échange et de mentorat entrent dans la logique de l’union. L’union peut également concerner un être ou groupe sentient d’une part et un bloc non sentient d’autre part : l’union à la nature, à un paysage, à une ville, à un destin… L’union est potentiellement un mouvement positif, mais connaître un dénouement ou des développements négatifs : l’union peut être toxique, dysfonctionnelle, manipulatrice, ou tout simplement une association de malfaiteurs.

La danse, c’est tout ce qu’il y a entre le conflit et l’union. La danse est un mouvement profondément ambigu. La danse est un mélange de jeu, de séduction, de combat, de compétition, de défi, d’athlétisme, d’esthétisme. La danse est apprentissage, chassé-croisé, harmonie ou jeu de dupes. La danse est dévoilement de l’autre mais recèle encore des mystères. La danse est labyrinthe et la danse est poésie. La danse rebat les cartes et échange les partenaires. La danse n’est ni une situation positive ni une situation négative mais recèle les deux en potentiel.

Si le conflit, l’union et la danse sont des modèles de fiction, ils peuvent aussi être extrapolés au méta-jeu ou à la métanarration. Ainsi, le conflit désigne la compétition entre jouaires, ou entre jouaires et MJ, mais aussi la lutte pour le contrôle de la narration ou les narrations contradictoires. L’union désigne la coopération entre jouaires, ou entre jouaires et MJ, mais aussi la narration partagée. La danse désigne une relation plus ambiguë entre jouaires et entre jouaires et MJ, et un partage de la narration extrêmement fluide et espiègle, ou encore les narrations orientées, biaisées ou non-fiables.

Ce modèle n’a pas vocation à être exhaustif.

C’était juste une pensée du jour.