[Extraits] Sève, par Gabriel et Claude Féry
Un jeu de rôle Millevaux pour pencher entre sa survie, sa mémoire et son humanité.
« SÈVE
Capter et moissonner les beautés des forêts
Un jeu dans l’enfer forestier de Millevaux
Le monde est englué dans l’oubli, les bois vous attirent dans leurs rets.
Vous avancez là où vos intuitions vous portent.
Lorsque la souffrance vous submerge, la mémoire vous revient.
Vous vous sentez à nouveau vous-même et cela vous enivre :
Vous souhaitez recouvrer vos souvenirs, mais en ces bois,
Tout est incertain, tout est hostile, tout se corrode.
Ce jeu vous propose d’interpréter un groupe de gamins qui tentent de recouvrer la
mémoire, la liberté, et l’authenticité de leurs sentiments que la forêt leur a dérobés.
Ces mômes sont les rejetons des bois. »
« L’astuce, le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la débrouillardise, la tension vigilante, le sens de l’opportunité, (la Mètis), sauront plus sûrement surmonter les difficultés. Elles s’appliquent à des réalités fugaces, mouvantes déconcertantes et ambiguës qui ne se prêtent ni à la mesure précise, ni au calcul exact, ni au raisonnement rigoureux.
Ainsi, à tout moment la joueuse pourra affronter l’adversité nantie de ces qualités, ce que le ciel lui aura accordé, (score initial de 9 soit une pénalité de 1), en tentant d’obtenir un résultat final après ajustements de 15 avec un d20 .
Elle mise ses attaches et celles que d’autres, par bienveillance, lui auront confiées.
Chaque point d’écart sera une souffrance, une perte de sève et d’une attache.
Chaque souffrance sera une béance sur un souvenir, une vérité enfouie, du lieu ou des personnages. »
« À ma table, les émotions et l’atmosphère priment sur les péripéties.
Je privilégie l’intensité du jeu.
Aussi, une seule mise construit la session.
L’intervention du hasard ajoute d’évidence une tension dramatique.
Elle ne s’y limite pas toutefois. Par sa rareté, elle permet, sans rompre la fiction de confirmer aux joueuses qu’elles détiennent une autorité sur le récit. «
« Le jeu observe trois phases qui se succèdent et se répètent à l’envie des participantes :
† une phase d’exposition ou d’introspection.
Cette phase permet d’explorer soit les craintes, les désirs des personnages et de les confronter à l’univers de Millevaux.
L’Atlas et l’Almanach seront des outils précieux pour étoffer cette phase.
En mode carte blanche, La Confidente plante le décor et tisse les liens avec les figurants.
En mode carte rouge, les joueuses s’attachent, elles aussi, à ancrer leurs personnages dans le décor qu’elles ont choisi.
† une phase de confrontation.
La Confidente choisira une menace à laquelle confronter les personnages, ou proposera une rencontre.
Elle s’appuiera sur les éléments livrés par les joueuses dans la phase précédente.
† une phase de réminiscence.
Chaque souvenir doit être mis en jeu, interprété.
La participation des autres joueuses à l’élaboration d’une réminiscence est souhaitable.
Elle permettra d’ancrer celle-ci et de produire du jeu par la suite.
Rien n’interdit à une joueuse d’interpréter un souvenir avant même que la souffrance ne soit infligée à son personnage.
De même en mode carte blanche, La Confidente est libre de placer les personnages d’emblée dans une réminiscence dont elle aura soin de remonter ensuite le fil de souffrances. »
« Un exemple :
Le Boiteux est un jardinier des hortillonnages de Forêt Noyée.
Devant lui se tient, dans la pénombre de presque-aube un amas de feuilles qui bruisse sa haine d’Homme. Cela siffle, les feuilles alentours s’envolent follement dans une danse mené par un vent de rancœurs.
Le Boiteux étreint son herminette. La sueur rancie de peur qu’exsude sa dextre calleuse en a patiné le manche. Celui qu’il a taillé dans une basse branche d’un vigoureux coudrier.
Copeau après copeau, il lui a conféré sa forme, son usage, sa vie.
Un objet serait vivant ? Tout son attirail remisé dans sa besace est sa vie même. Telles les graines remisées dans la tabatière de nacre trouvée dans la zone, arrachée à sa gangue de boue et de tourbe au nez et à la barbe des Hantus . Elles sont la promesse d’une vie future pour les autres rejetons du bois, à la prochaine saison, et le témoignage de son courage. »
« Sève
Un dernier voyage dans l’enfer forestier de Millevaux
Une chute émouvante,
avant de sombrer
Sève
Sous ta coupe, je m’ébranle sourdement,
Et quand le Bois m’envahit, tu me séduis
Mais dernière danse oblige, je fuis
Mort je serais, mais la folle transe me saisit soudainement.
Couard ou monstre je suis
A jamais je te veux, ô toi, vie !
Je te sens palpiter sur mon front
était-ce donc là mon ultime effort ? »
crédits : Maggie Houtz, cc-by-nc, sur flickr.com