[Les Murmures de Shub-Niggurath]

[Extraits] Les Murmures de Shub-Niggurath, version 1

Pour raconter la genèse, la transformation et la chute d’un horla, un jeu narratif par Arjuna Khan et Claude Féry.

« Ce jeu est un jeu esthétique.
Ce jeu propose de réaliser une rencontre.
Ce jeu propose un cheminement. « 

« En chaque horla réside une fraction de la pensée primordiale.
Une peur, une angoisse, une envie, une hésitation remâchée qui est plus forte que les autres et lui prête vie.
Cette émotion le domine, le structure. Elle qui lui confère une substance, une raison.
Cette racine émotionnelle est ce qui rend ces créatures si terrifiantes : elles participent de l’Humanité. « 

« Ce jeu est destiné à deux à trois joueuses où chacune adopte successivement trois rôles.
Nous jouons l’émergence d’un horla.
Nous observerons trois étapes successives : la rencontre, la tentation, la libération. »

« Shub-Niggurath est une divinité aux milles visages. Elle a accompli toutes ses ambitions.
Elle souffre toutefois d’un mal étrange qui pourrait la submerger si elle renonçait à s’en prémunir : l’ennui.
Le horla est pour Elle est un breuvage où tremper ses lèvres innombrables.
Ce réceptacle des pensées les plus étranges et les plus incongrues, ces singularités aiguisent son appétit, et ravissent son palais. Toutefois, sans le flux incessant qui baigne la forêt, sans la souffrance ou sans contrainte, cette âme s’étiole.
Ainsi, afin de préserver cette source à laquelle puiser indéfiniment, Elle y appose son empreinte.
Elle imprime cet ancrage afin de se saisir de ce résidus d’humanité, ce fétu d’âme, source précieuse de distraction. « 

« Avant même d’aborder la phase de la rencontre :
Chacune choisit un verbe lié à une émotion (aimer, haïr, craindre, espérer, envier, redouter, etc.).
Chacune choisit une personne, un objet, une entité, (demeurez dans le domaine la suggestion, utilisez un terme générique comme frère, charpentier, maison, récipient, drogues…).  Formez ainsi une phrase.
Cette phrase, ce groupe nominal sera l’inflorescence.
Chacune précise ensuite l’origine supposée de cette peur, de cette hantise : que redoute-t-on ?
Cette raison constituera les racines. »

« La joueuse murmurera à son auditoire sa vision. Elle est la chuchoteuse.
Pendant son tour de parole, les autres joueuses demeurent silencieuses et attentives.
Elles communiquent leurs émotions au moyen des pierres. Une pierre blanche déposée dans la main de la joueuse indiquera combien l’image est évocatrice, délicate, émouvante pour son auditoire.
En déposant une pierre blanche, tu dis : « Mon amie, continue sur cette voie ».
Une pierre noire déposée devant celle-ci, indiquera la dissonance, une zone que l’auditoire souhaite laisser dans l’ombre, un point dont on souhaite pudiquement détourner le regard.
En déposant une pierre noire, tu dis : «Mon amie, éloigne toi de cette voie ». »

« Enfin vous aborderez l’étape de La libération.
L’ensemble des joueuses délibère sur la destinée des horlas.
Deux optiques s’offrent à vous pour définir le horla que vous avez découvert ensemble : envisager une possibilité de rédemption pour cet être égaré, où une lente et inéluctable transformation. Les deux peuvent coexister autour de la table, et enrichirons votre cheminement. »

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