[Extraits] Dragonfly Motel, un jeu de rôle-mirage pour voyages imprudents
« + Pour la playlist commune, choisis des musiques planantes, bizarres et fragiles.
+ Installe-toi dans un endroit confortable, où tu pourrais t’endormir. »
« + Si tu veux moduler ce que les autres racontent, en terme d’intensité, de rythme, de thèmes-choc, fais des signes de la main.
+ Pouce qui monte : « Je veux davantage d’intensité ! »
+ Mains qui forment le signe « = »: « L’intensité est juste comme j’aime ! »
+ Pouce qui descend : « Je veux moins d’intensité ! »
+ Le pouce qui descend l’emporte sur les mains en «=», qui l’emporte sur le pouce qui monte.
+ Pouce en haut, stable : « J’aime ce que tu dis ! »
+ Mains en croix : « Arrêtez avec ce sujet, je suis mal à l’aise. »
+ Main qui dessine un O : « Je joue en décor ordinaire. »
+ Main qui dessine un E : « Je joue en décor étrange. » »
« + Quand tu dis quelque chose, c’est vrai. Même si c’est violent ou incohérent. Personne, pas même toi, ne peut revenir dessus. Si c’est trop violent, les autres personnes peuvent réguler la suite avec des pouces qui descendent.
+ Mais rien n’est irréversible. Une personne tuée peut réapparaître indemne la scène suivante. Tu peux dire que les apparences étaient trompeuses, ou te passer d’explication.
+ Tu as le droit de dire des choses illogiques. «
« + Jade pioche ces papiers :
Attache : Une attache à cheveux.
Blessure : Une vieille plaie par balle.
Destin : Pousser une personne en fauteuil roulant.
Beauté : Un tableau très ancien.
Question : Qu’y a-t-il de l’autre côté ?
Blessure : Des larmes difficiles à cacher. »
« C’était moi dans la chambre d’hôtel. J’ai vu Jade par la fenêtre, ses larmes, son sang. Je suis en train de peindre. Je peins les fleurs, alors que j’ignore qui les a mises là. J’étale de la peinture avec mes doigts, sur le mur. Je couvre le mur d’une fresque qui représente les fleurs. Je suis en train de vandaliser ma chambre d’hôtel et je n’en ai plus rien à faire. Je ris comme un enfant. «
« Moi, je veux lui cacher le désastre, à ma mère. J’essaye de te cacher, comme j’ai caché les plumes de l’oiseau. Mais un coup de vent se lève, et il y a plein de plumes qui s’échappent de partout, des milliers de plumes qui envahissent la maison et s’envolent par la fenêtre, et ma mère demande : Vers où s’envolent ces plumes ? Et moi, je te tiens par les épaules, Jade, j’essaye de te cacher derrière le canapé alors que tu laisses une traînée de sang sur le tapis, et je pleure, et je dis à ma mère : Pardon, pardon, pardon… «
« Clotilde / André : « Je mets une pièce dans le juke-box. Ça joue I Put A Spell On You. Je chantais ça à ma petite fille. Je pose mes bagages sur le carrelage. Je suis un petit homme. Une barbe, un chapeau, des lunettes, un veston. Je demande une chambre, on me tend une clé avec une plaque en ivoire. »
+ Tarek tripe sur l’ivoire. Il écrit Éléphant sur son papier Parole : Attache puis l’avance, face cachée sur la case Demande la parole avec son papier Tarek. Clotilde a besoin d’étoffer son personnage, elle récupère le papier de Tarek. Elle barre Parole et écrit André à la place : le nom de son personnage. Pour Clotilde, l’attache d’André, c’est sa fille. Mais on a droit à des doubles, on peut donc avoir plusieurs attaches. Elle imagine qu’André conserve dans ses valises une peluche d’éléphant, la préférée de sa fille. «
» Je m’appelle Jamal. Je suis pompiste sur l’Autoroute des Larmes. Il fait nuit. Pas âme qui vive. Je balaye la station. Je mets la saleté de côté. Pour que ça soit propre. Pour mettre de côté le passé.
J’actionne la machine à café. Je fais couler deux gobelets. Le café. Noir. Son odeur corsée. Le goût des choses fortes. De la forêt et du pardon. »
