Vivre de sa passion

Pourquoi vivre de sa passion semble toujours être le mauvais choix ? Tour d’horizon des meilleures raisons et méthodes pour changer de carrière.

La vie est dure. Voilà ce que nous nous disons. Notre mode de vie est basé sur la nécessité des règles, des contraintes, de la hiérarchie, du travail, de l’abandon de notre vocation, de l’école à la retraite.

Mais ce n’est qu’une façon de penser. Celle que nous dicte notre besoin de sécurité. Et elle nous empoisonne l’existence. Nous pouvons penser autrement. Vivre à fond notre passion pourrait bien être la meilleure chose qui puisse nous arriver. Et pour que cela arrive, ça dépend surtout de nous.

Nous pouvons déjà nous préparer, tenter une transition en douceur. Il nous suffit de consacrer notre temps libre à notre passion. Cela permettra de confirmer notre enthousiasme (après tout, s’il nous est pénible d’exercer une activité une heure par semaine, est-ce vraiment notre passion ? Comment serions-nous prêts à l’exercer entre trente et soixante heures par semaine ?). Demandons du temps à nos proches. Expliquons-leur en quoi cette activité est vitale à notre équilibre. Ils comprendront certainement. En retour, accordons vraiment du temps de qualité à nos proches. Quand nous sommes avec eux, oublions notre passion, soyons pleinement avec eux.

Nous avons peur de l’échec. C’est une raison logique pour rester dans une carrière qui est contraire à nos envies mais où nous nous sentons compétents et qui nous assure le train de vie que nous voulons.

Mais l’échec est permis. On peut changer de carrière pour une nouvelle, et changer encore une fois que nous sommes venus au bout de notre passion. Que va-t-il se passer ? A moins que nous soyons un travailleur sans-papiers ou que nous vivions dans un pays en guerre, notre sécurité, notre droit au logement et à la nourriture existera toujours. A moins que nos proches soient d’impitoyables critiques, nous pouvons échouer dans une passion sans pour autant en mourir de déshonneur.

Et nous pouvons échouer mille fois et toujours recommencer. Le résultat n’a aucune importance. C’est l’activité qui est importante.

Soyons notre plus grand fan. Pour accomplir ce que nous voulons, il suffit d’avoir confiance en nous. C’est la seule chose vraiment nécessaire, à moins que nos projets nécessitent des levées de fonds faramineuses ou défient les lois de la physique.

Souvent, nos relations sociales nous apparaissent comme un frein. Certains de nos proches vont nous dissuader d’exercer notre passion à temps plein. Ils ont peur que nous échouions. Mais l’échec est désirable, et surtout il est relatif. Soyons clairs : nous ne finirons jamais à la rue. Les personnes qui finissent à la rue s’y retrouvent pour d’autres raisons.

Nous avons peur du jugement des autres. Mais il faut vivre et laisser vivre.

Nous avons peur de la solitude, parce que nous allons quitter le cercle social de notre carrière actuelle. Mais nous le quittons juste pour un nouveau. Nous opérons juste une réorganisation sociale. Qui parfois consiste d’ailleurs à cotoyer les mêmes personnes, mais dans un contexte différent.

Nous pensons manquer de courage. Mais le courage ne sert à rien. Il ne sert que dans une optique de temps psychologique, quand nous nous projetons dans le futur. Mais le futur n’existe pas. Pour exercer notre passion dans la minute présente, aucun courage n’est requis.

Nous avons peur de faire des sacrifices. « Que de choses il faut ignorer pour agir. », disait Paul Valéry. Mais en réalité, nous allons juste renoncer à des choses qui nous pesaient.

Comment allons-nous faire pour vivre de notre création à plein temps ? C’est absurde d’anticiper des solutions. Elles se présenteront au fur et à mesure des problèmes. Une chose est sûre : nous ne finirons jamais à la rue.

Nous craignons l’inconfort de la vie de créatif à plein temps. Mais il est bien léger, désirable, en comparaison à l’inconfort d’une carrière qui va à l’encontre de notre passion et de nos valeurs.

Nous craignons de vivre sans argent. On peut vivre sans argent.

Nous sommes tous d’une grande intelligence. Au minimum, nous sommes intelligents dans notre passion, parce que la passion rend intelligent. Alors, à quoi bon être intelligent si on ne s’en sert pas pour faire ce qu’on aime ?

Pensons global. Si faire le choix de nous émanciper nous paraît égoïste, alors réfléchissons à la société que nous voulons pour les autres. Voulons-nous d’une société où chacun doit renoncer à lui-même ? Si nous voulons d’une société émancipatrice, alors commençons par nous émanciper.

Si nous pouvions vivre de notre vocation, que ferions-nous ? Posons-nous la question et tout s’éclairera. Nous vivrions une vie avec du sens.

Les personnes qui vivent leur passion ne sont pas des héros ! Il faut beaucoup plus de force pour endurer une carrière contraire à sa passion.

Tenons-nous devant notre vérité, affrontons-là. Est-ce qu’elle nous fait peur ?

Oui. Mais c’est le vertige qui offre le bonheur de voler.

10 commentaires sur “Vivre de sa passion

    1. Merci beaucoup. En fait le secret c’est que j’agrège des notes un peu vieilles, et je laisse ces premiers jets un peu brut.

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  1. Passion:
     » État affectif intense et irraisonné qui domine quelqu’un. » La définition du Larousse ressemble plutôt à une mise en garde. Hormis la Passion du Christ, notre civilisation s’est beaucoup méfiée de ces états affectifs. La passion, synonyme de désordre affectif est un trouble de l’âme. Une prise de pouvoir par les forces obscures et maléfiques… Je me faisais juste l’avocat du diable qui rôde toujours autour de ces turbulences. C’est bien écrit en tout cas.

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    1. En fait tu poses la question de l’équilibre. Si notre passion nous amène à nuire à notre propre santé, à notre relation avec nos proches ou à la santé du monde, mieux vaut s’interroger sur la part de temps et d’énergie que nous lui accordons.

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    1. Merci Bigyo’ ! C’est un sujet délicat, j’apprécie qu’il attire de l’attention et de l’indulgence.

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  2. Encore une fois cet article tombe à point nommé. Je me pose cette question depuis plusieurs années. Je ne me sent jamais assez bon ni assez productif pour pouvoir sauter le pas. et je sens que mes échecs dans le domaine professionnel sont dus au fait que je passe plus de temps à mes créations qu’à développer mes activités rémunératrices. il y a eu toutefois un changement récemment : je considère mes activités créatrices comme étant également potentiellement rémunératrice. Ce qui change c’est que je culpabilise beaucoup moins d’y travailler. mais il reste encore un problème : gérer l’activité la plus rémunératrice et les activités créatives fais que je ne peux pas m’investir à fond sur l’un où l’autre et j’ai donc l’impression de tout faire qu’à moitié. je crois qu’un moment je devrais faire un saut de la foi. mais à attendre le bon moment je me demande si je ne me trouve pas des excuses. sans être à fond sur les activités qui me plaisent vraiment celle qui me passionne je ne saurai jamais si c’est la vie que je mène aurais serai viable, que ce soit pour mon épanouissement ou pour mon confort de vie.

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    1. Des fois cela peut nous être utiles de nous projeter dans des scénarios (quels revenus pourrions-nous tirer de notre passion ? a quel confort pourrions-nous renoncer ?), mais trop de réflexion peut aussi nous paralyser : c’est impossible de savoir exactement comment les choses se passeront une fois que nous aurons sauté le pas. Avoir une information partielle sur le futur est le meilleur compromis. Je pense qu’on peut aussi miser sur la dynamique suivante : si nous nous consacrons pleinement à notre passion, nous serons plus émancipés, plus heureux, et ceci malgré les difficultés. Celui qui se contente est riche.

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  3. Merci Thomas. Ton article résume bien toute ma démarche actuelle, dans mes objectifs comme dans mes doutes, dans mes victoires comme dans mes peurs.

    Je pense néanmoins que cette démarche nécessite des sacrifices : cela nécessite de sacrifier une certaine image que nous avons de nous, une certaine vision que nous avons du monde. Cela nécessite de nous repositionner face à une réalité que nous fantasmons souvent. Cela nécessite de nous adapter à des évènements que nous ne pouvons pas modifier, mais que nous pouvons faire nôtres. C’est une forme de sacrifice dans le sens où c’est un don de soi.

    Merci aussi à Gaël qui a partagé l’article, j’étais passé à côté de sa sortie…

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    1. Merci pour ta réaction ! Bien sûr on parle de sacrifices. Mais des sacrifices nécessaires pour se réaligner avec qui on est vraiment, allons-nous les considérer longtemps comme des sacrifices ?

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